lundi 23 novembre 2015

À PROPOS DES SOUDURES.







Le fleuve Saint-Laurent à Québec, vu de Lévis, novembre 2015.


Si vous avez le souci de ce que vous respirez lors de vos déplacements urbains, vous trouverez intéressante cette expérience qui a été menée à Hong Kong, qui, comme beaucoup d'autres grandes villes asiatiques, n'est pas qu'un jardin de roses.

Simplement, on a fait trois équipes de deux personnes, chacune équipée d'un sac à dos muni d'un système de détection des particules polluantes en suspension dans l'air. Il s'agissait d'un parcours prédéterminé, point A à point B.

Une équipe partait en taxi, une autre utilisait un cocktail de transports en communs incluant le métro, et la dernière marchait. Quelle équipe a enregistré le plus de polluants?

On pourrait penser que les marcheurs ont subi davantage, mais ce n'est pas le cas. Au contraire, car ils ont pu emprunter les rues secondaires, qui sont celles où il y a le moins de voitures, donc de moteurs actifs. Et ce sont ceux qui se déplaçaient en taxi qui ont enregistré le plus de particules, étant donné leur parcours concentré sur les grands axes.

Une raison de plus pour établir le parcours cyclable est-ouest de la haute-ville de Québec ailleurs que sur le boulevard René-Lévesque, pour ceux que ça concerne. Quoique René-Lévesque a des progrès à faire avant de devenir aussi pollué que Hong Kong même si René Lévesque, le vrai, de son vivant, fumait comme une cheminée. Il voulait un Québec indépendant, mais lui-même était plutôt dépendant...


Si vous habitez dans la Ville de Québec, le www.velurbaniste.com nous transmet des nouvelles concernant le réseau cyclable. Vous pouvez consulter le:  http://velurbaniste.com/2015/10/21/bilan-des-12-chantiers-cyclables-de-2015/

Il soulève également une aberration du réseau cyclable, la fermeture des pistes et bandes le 31 octobre à chaque année. Je dis fermeture avec des guillemets, parce que ça concerne surtout des axes où le stationnement est permis à partir de cette date, jusqu'au printemps suivant.
http://ici.radio-canada.ca/regions/quebec/2015/10/30/003-pistes-cyclables-entretien-ville-quebec-usager-route.shtml

Dans l'article ci-dessus, on peut voir des photos qui permettent à ceux qui ne sont pas familiers avec Québec de constater qu'à part le froid, qui n'est pas un véritable obstacle en soi, rien n'empêche de circuler en vélo de façon sécuritaire et agréable. En novembre, ici, la température maximum se maintient généralement entre 0 et 10 degrés Celsius, sauf exceptions. Et les accumulations de neige au sol sont rares, et rarement durables.

En ce qui concerne le maire de Québec, Régis Labeaume, il a déclaré qu'il allait voir à combien s'élèveraient les coûts additionnels occasionnés par cette extension de la saison cycliste. Des fois que le stade municipal aurait avalé tout le budget disponible. Si vous ne le connaissez pas, le voici dans une conférence de presse au stade en question. Ceux qui ne sont pas familiers avec l'accent et l'humour du Québec vont peut-être s'y perdre mais tant pis, faut c'que faut! Et si vous ne connaissez pas le maire Labeaume, c'est celui qui fait la promotion du funiculaire au début.




Ceux qui ont lu mon message précédent auront appris que certains réfugiés souhaitant se rendre en Europe arrive par la Russie, et n'ont pas le droit de traverser à pied. Ils choisissent donc le vélo dans beaucoup de cas. Qu'adviendra-t-il de tous ces vélos russes qui aboutissent en Norvège?

http://www.theguardian.com/world/2015/nov/18/bicycles-syrian-refugees-enter-norway-russia-destroyed


Un commentaire a été laissé par un lecteur au sujet de mon dernier message qui parlait de la fabrication des cadres soudés:

Allons Paul, tu sais très bien qu'un vélo et même un cadre est plus que seulement une question de soudure!

Il a raison: je le sais très bien, même si mon texte pouvait donner l'impression du contraire. La géométrie, les dimensions, le jeu de tubes entre autres choses, ont un impact majeur sur ce qui se passera sur la route. La dynamique, les sensations, le comportement en courbe comptent pour beaucoup dans le résultat final.

En fait, ce n'est pas seulement la soudure elle-même qui est cruciale, mais aussi les conséquences de ce travail de soudure. Si on n'a pas de familiarité avec le métal en général, on peut imaginer facilement que cette chose est figée et sans vie. Mais non seulement les métaux sont malléables, à divers degrés, mais ils réagissent à la chaleur très élevée lors de la soudure. C'est là que je voyais un potentiel de détérioration du cadre, mais avec la réserve qui s'impose à quelqu'un qui, comme moi, ne soude pas personnellement les cadres que je conçois.

D'un travail bâclé peut résulter un mauvais alignement du cadre qui peut lui nuire vraiment. Possiblement aussi une accumulation de stress qui enlève de la vie au cadre.





Le lecteur qui a laissé ce commentaire s'appelle Guillaume Désy. Cycles Golem, c'est lui. Il fabrique des cadres en acier, sur demande, dans la tradition des cadreurs locaux. Petit volume et service personnalisé. 
Nous avons eu une conversation ensemble, lui et moi, la semaine dernière, et c'est frappant de voir à quel point nous sommes d'accord sur un tas de choses concernant les cadres et l'industrie du vélo en général. Je parlais dans l'article d'un artisan québécois qui avait fait dans le passé des cadres décevants mais je ne l'avais pas nommé. Guillaume a deviné de qui il s'agissait, et il n'est pas le seul.
Un résumé en vrac:
  1. Une bonne partie des connaissances dans ce domaine ont un caractère empirique et spéculatif. Il se fait peu de recherche scientifique sur le sujet, parce que ça coûterait cher. Les cadreurs doivent donc expérimenter, supposer et observer tout au long de leur carrière.
  2. L'attitude du cadreur est importante. Combien de cadres a-t-il essayé`et possédé? Est-il curieux, a-t-il l'esprit scientifique, ouvert? Ou, au contraire, borné, satisfait et peu enclin à progresser? Ça peut faire toute la différence
  3. La rigidité extrême n'est pas une qualité, à moins d'en avoir besoin. Et qui en a besoin? Trop, et le cadre est raide. Pas assez, et il pourrait aller jusqu'à vous inquiéter. Elle doit être adaptée à vos besoins et votre gabarit. 
  4. Les soudures n'ont pas tendance à briser. Lorsqu'un cadre cède, c'est ailleurs, le long d'un tube. Et, en général, ceux qui brisent des cadres sont de gros utilisateurs, ou ils ont des habitudes un peu violentes. Il y a des exceptions, mais elles ne sont pas nombreuses.
  5. On voit à Montréal des vélos qui sont passés entre des mains créatives. Les mécanos ou même les cyclistes se permettent toutes sortes d'audaces et de fantaisies dans le mariage des pièces et des cadres. Les vélos qu'on croise dans la Ville de Québec sont généralement plus conservateurs, plus conformes au diktats du marketing de leur époque respective. Ceci dit, nous préférons quand même vivre à Québec, moins grosse, moins étendue. Personnellement, j'aime pouvoir sortir de la ville aussi facilement. Et en plus, les parcours possibles sont vraiment nombreux. 
  6. À l'image des vélos qui y circulent, les boutiques et magasins de vélos de Québec manquent, à notre avis, d'originalité. Ils se contentent de vendre des vélos produits ailleurs, selon la formule classique, sans chercher plus loin. Ils ne réalisent pas l'intérêt qu'il y a à produire sa propre marque, les nombreuses raisons qu'il y a de le faire. Dans la plupart des cas, ceux qui ne vendent pas les vélos des trois géants (Giant, Trek et Specialized) aimeraient bien pouvoir le faire. Ou, comme plan B, les marques commanditaires des équipes professionnelles. Sinon, les marques de second plan sont leur plan C. Faut savoir qu'ici, au Canada, les fabricants ne sont pas intéressés à être représentés dans tous (ou presque) les magasins simultanément, par peur d'une guerre de prix qui serait un problème étant donné les faibles marges de profit sur les vélos neufs. On évite la proximité pour la même marque. La guerre des prix est alors transposée entre marques, on se bat pour des parts de marché, sans amener beaucoup de personnalité, d'individualité. "Nous vendons les meilleurs vélos, nous avons le meilleur service!" Quand tout le monde dit la même chose, qui a raison? Le consommateur doit se faire une opinion lui-même, ou demander à ceux qui en ont une, éclairée si possible...
  7. Les pneus de 28 mm de largeur (700 x 28) sont chouettes. Ne les sous-estimez pas, ils sont un bon compromis entre le confort et la performance et ajoutent de la polyvalence. Les vélos de route/course, équipés de pneus de 23 mm, sont fantastiques. Optimisés, performants, ce sont malheureusement des vélos très spécialisés, pas très polyvalents et plus ou moins à l'aise sur nos routes québécoises moins-que-parfaites. Population restreinte + grand territoire = budget de voirie insuffisant. Vive la gravelle. Ceux qui en parlent en mal, souvent, la connaissent mal.  Vous seriez surpris de voir le nombre d'anciens pros qui aiment la gravelle et les pneus de 28 mm. Andrew Hampsten, Greg LeMond, Bob Roll et Michael Barry, pour ne nommer qu'eux.
  8. Au début, Guillaume et moi étions italianophiles. Plus maintenant. Bien sûr, il se fait de bonnes choses en Italie. Mais si vous faites des affaires avec eux, attendez-vous à en voir de toutes les couleurs. Ce n'est pas propre au monde du vélo. Ce pays, malgré tout son charme, est un peu chaotique. Regardez son système politique, son système juridique, ses scandales d'huile d'olive, ses voitures. Some good ideas, badly put together, disait un commentateur, à propos de certaines de leurs voitures de haut-de-gamme, fières et orgueilleuses. Ceci dit, Guillaume a de bons souvenirs, comme ce cadre Tommasini, et certaines pièces. Dans mon cas, certains cadres, certains moyeux, des vêtements.

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Il me reste trois vélos déjà bâtis à vendre dans mon inventaire. Je les réduis de 100$ chacun. Détails sur demande.



Robert Glasper: