vendredi 28 février 2014

QUARANTE-QUATRE, ET J'EN OUBLIE PROBABLEMENT.



Ça s'appelle des paraskis. Les trucs en arrière-plan, je veux dire.

Je pensais que j'en avais possédé plus que ça, des vélos. Pendant plusieurs années, j'en achetais à peu près deux par année. Rassurez-vous, j'en revendais aussi à peu près deux par année. Au plus fort de cette période, j'ai dû en avoir sept de front. Je pourrais vous dire que je suis maintenant guéri, mais ce n'est vraiment pas une maladie, et d'ailleurs ça m'a aidé à entretenir une santé au-dessus de la moyenne. En fait, c'était très pragmatique.

Ça s'est emballé quand je me suis rendu compte que si je faisais attention au prix que je payais, et que je n'attendais pas que le vélo soit en décrépitude ou désuet, je pouvais avoir un roulement important dans mon écurie et le coût d'utilisation amorti était très abordable. Vous pouvez me croire, j'ai même déjà fait des calculs complets par écrit, pour satisfaire ma curiosité. Dans quelques cas, je commençais à offrir le vélo dans mon entourage dès que j'en prenais possession, avant même la date que je choisissais pour m'en départir. Je suis un homme de taille moyenne et c'est facile de trouver des cyclistes qui ont les mêmes  besoins que moi.

Évidemment, en conséquence de cet échantillonage de vélos, j'ai pu développer une capacité d'appréciation impossible à obtenir seulement par des lectures ou par des conversations. Une gastronomie du vélo, en quelque sorte...

Un seul a fini au recyclage. Les autres ont tous été revendus, sauf trois qui ont été volés. Trois en 47 ans. Heureusement, il s'agissait de mono-vitesses de peu de valeur.

J'en possède encore trois, si j'exclus le tandem Bike Friday qui est maintenant à vendre.



Faisons le décompte et on verra bien.

Les vélos de tourisme: cinq. Deux Wander, un Welker, un Atala et un Gitane. Ceux qui connaissent ces marques auront compris que ça fait longtemps que je ne me procure plus de tels vélos.

Les vélos mono-vitesse à frein rétropédalage: approx. 7, probablement plus. Des CCM, deux Raleigh, et un peu de divers.

Les vélos mono-vitesse faits par moi: quatre, bâtis sur des cadres Poliquin, Mikado,  Wander ou Garlatti.

Un vélo à pignon fixe. CCM Reynolds 531 de piste (authentique), circa 1951.

Les vélos de montagne: cinq. Un KHS, deux Asama, un Poliquin, et un Colnago.

Les vélos de cyclosport (route/course): approx. quatorze.
Quatre Colnago, quatre Falardeau. Un de chaque: Trek, Desmarais, Norco, Giant TCR, Peugeot, Poliquin.

Les tandems: Cinq. Deux KHS, Look/Falardeau, Bike Friday, Radical.

Les hybrides: Trois Falardeau.

J'en oublie sûrement. Plus j'y pense, plus j'ai des souvenirs qui me reviennent et me forcent à corriger cette liste.

Ça aurait été dommage de ne pas vivre cette belle aventure, d'autant plus que le coût total de tout ça aura été bien raisonnable, tout compte fait. D'autant plus que ça m'a évité de me déplacer en autobus ou en auto, ce qui m'aurait évidemment coûté plus cher.

Et ça continue, sauf que maintenant mon écurie est très stable. Et pour cause: elle est très satisfaisante, car elle est l'incarnation de ce que je considère être le plus désirable. Mais ne cherchez pas de Shimano XTR ou de Campagnolo Record là-dedans. Ces choses ne m'allument pas, même si je peux reconnaître qu'ici et là, ce genre de pièce a des caractéristiques désirables. L'ambiance d'un vélo et son efficacité passent bien plus par son cadre, son train roulant et sa position que par des freins ou des engrenages. Tout au plus dans le cas de la transmission, j'apprécie un choix de braquets bien adaptés au terrain et à mon rapport poids/puissance, ainsi qu'un calibre décent. Tant que le pédalier n'est pas trop lourd. Les freins? Un minimum d'efficacité et de la légèreté, un entretien facile, c'est tout ce que je leur demande.


Il y a un de ces vélos que j'ai acheté deux fois. Un Raleigh Transit 1980 que j'ai acheté neuf, 100$ plus taxes. C'était un monovitesse à frein rétropédalage très agréable, bien adapté à l'usage de ville été comme hiver. Je l'ai revendu après quatre hivers, et ça paraissait: l'apparence en avait pâti.

L'acheteur était un ex-motocycliste (motard?), un de ces harleydavidsonistes pour qui le coup d'oeil a son importance. Après deux semaines, il me montre le résultat de ses efforts. Visiblement il connaissait les trucs du métier: le vélo était complètement rafraîchi et les traces des hivers étaient pratiquement disparues. Les motocyclistes ne sont pas les seuls à avoir des connaissances en matière de restauration. Dans la vidéo suivante, regardez le test effectué à 1:04. Ça en dit long...





Plusieurs mois plus tard, j'étais au comptoir du magasin de disques où je travaillais, mon motard se pointe, un peu pressé, et me lance: ''J'ai besoin d'argent, veux-tu me le racheter?'' Et avant que j'aie le temps de dire quoi que ce soit, il enchaîne: ''Vingt-cinq dollars!''. Autant dire, un prix de vélo volé. L'avantage, c'est que non, il n'était pas volé. Je n'ai pas hésité un instant et suis retourné à la maison avec.

Faudra que je vous dise quels ont été mes préférés parmi tous ces vélos.


Dans mon pays de neige, de petites voitures à chenille passent sur les trottoirs de la ville pour enlever cette neige. Mais si vous stationnez votre vélo sur ce trottoir jour après jour, il existe une possibilité qu'une de vos deux roues changent de forme, comme ça, spontanément. Sans que le pilote laisse sa carte d'affaire pour vous rembourser vos dommages.

*

La conférence que j'ai donnée, la semaine dernière, a été un succès. C'était très agréable, même si le public n'était pas très nombreux en ce soir de quasi-tempête. De toute façon, je le voyais comme un premier essai sur un terrain qui ne m'est pas familier et je n'avais pas l'espace pour accueillir un gros groupe.

Et comme par hasard, j'ai eu une conversation le lundi suivant avec une personne qui est très intéressée à ce que je donne cette conférence à un public qui serait plus nombreux puisque cette personne a un poids médiatique beaucoup plus considérable que le mien.

À peu près trois heures avec comme sujet l'histoire du vélo au Québec durant les 50 dernières années. Avec ma grande gueule et ma mémoire des dates (et des vélos, bien sûr), ça ne me pose aucun problème.

Je vous tiendrai au courant si ça se concrétise.

*


Le trio E.S.T., en spectacle.



vendredi 21 février 2014

NON MERCI!








Le fleuve Saint-Laurent, vu de l'extrémité de la rue Saint-Denis, à Québec.
Il est en bas de la falaise dominée par la Terrasse Dufferin.



Vous rappelez-vous du vélo de Thi? Je vous en ai parlé le 18 octobre 2013:
http://bicyclesfalardeau.blogspot.ca/2013/10/le-velo-de-thi.html

Je n'ai pas beaucoup échangé avec lui depuis, mais j'ai appris qu'il a eu un contact avec une compagnie qui distribue des vélos au Vietnam, où il réside. Je ne sais pas s'il a initié ce contact, mais je sais que la compagnie lui a fait une offre.Je ne sais d'ailleurs pas si Thi a vraiment envie de s'ouvrir un magasin de vélos, il faudra que je me renseigne là-dessus quand je verrai sa soeur qui est là-bas, au Vietnam, jusqu'à la fin du mois. 

Il s'agit de la compagnie qui distribue les vélos Jett et Cannondale, ainsi que les pneus Schwalbe et les pièces Kore. Le fait de distribuer Cannondale lui donne une position forte dans le marché, étant donné la notoriété de la marque qui s'est fait connaître dans les années '80 pour ses cadres en aluminium. Après un essai infructueux du côté des motocyclettes, la compagnie du Massachusetts était en difficulté financière et a finalement été rachetée par la compagnie montréalaise Dorel. Les cadres ne sont maintenant plus faits au Massachusetts, mais plutôt en Asie.

Je vais essayer d'en savoir plus au sujet de l'offre qui lui a été faite, mais ce que j'ai entendu jusqu'ici ne m'a pas vraiment surpris, venant d'une compagnie comme celle-là. Mais rappelez-vous que Thi n'a pas parlé avec Cannondale, mais bien plutôt par la compagnie qui distribue ses vélos au Vietnam. Il s'agit donc probablement d'une compagnie indépendante, mais qui doit respecter les consignes données par le manufacturier. C'est sur la base de cette entente que Cannondale accepte un contrat de distribution exclusif pour tout le pays concerné.

Et gardez à l'esprit durant la lecture de ce texte que le marché du vélo récréatif en est encore à ses débuts en Asie en général, au Vietnam en particulier. Alors que le marché du vélo utilitaire, lui, s'est effondré au profit de la moto, surtout, et même de la voiture. 

Il semblerait qu'on a exigé qu'il achète (sans possibilité de retour) un exemplaire de chaque modèle offert dans le catalogue. De Jett et de Cannondale? Ou seulement une des deux marques, je ne sais pas encore. Mais ma réaction personnelle à ce genre de proposition est toujours la même: non merci.



L'hydro-électricité qui arrive de la Côte-Nord, à la hauteur de Saint-Ferréol-les-Neiges.



Avec cette offre, la compagnie atteint deux objectifs:

1) Elle se paie une belle étude de marché, sans débourser. Chaque créneau qu'il est possible d'exploiter dans la région concernée le sera. Tant pis si le marchand est obligé de vendre x% de l'inventaire sans profit, après six mois ou un an d'opérations. Parce que c'est certain qu'il y aura des invendus. La question n'est pas de savoir s'il y en aura, mais bien plutôt quel pourcentage. En fait, après une période de x mois, après avoir acheté un inventaire qui coûterait, par exemple, 10,000$ ou 15,000$, souvent plus, dépendant du contexte, le chiffre d'affaire réalisé avec cet inventaire pourrait très bien être égal ou même inférieur à la mise initiale déboursée par le détaillant. Après avoir fait fonctionner le nouveau magasin un an ou deux, ce détaillant saura plus à quoi s'en tenir au sujet de quel type de vélo est en demande, ou pas. Il saura aussi s'il peut garder ce commerce ouvert, tout simplement. Car c'est bien connu, dans n'importe quel commerce, la première année est critique.



Remarquez, un avantage de cette formule, pour le détaillant, c'est qu'il a peut-être sous-estimé la popularité de tel ou tel style de vélo. En les ayant tous en inventaire, il va peut-être découvrir qu'un ou deux modèles méritent plus d'attention de sa part.

En fait, si le détaillant a dégagé des profits, durant cette période, c'est parce qu'il a fait de nouvelles commandes pour remplacer les vélos vendus qui sont justement habituellement ceux qui sont les plus en demande dans son secteur. Et au Vietnam, je ne sais pas si les choses ont changé, mais quand j'y étais les détaillants étaient très spécialisés: si on vend des vélos on ne fait pas de réparations, et on ne vend pas de pièces et accessoires. Ce qui prive l'entreprise d'une source de revenus additionnels.


2) Elle s'assure d'avoir un partenaire (le détaillant) qui a les reins solides, c'est-à-dire, un accès à des fonds qui lui permettront de rester en affaires pendant une période d'un an ou deux, même parfois plus, sans faire de profits. Car l'investisseur qui ouvre un tel commerce peut aussi bien être un passionné talentueux mais limité financièrement, tout autant qu'un investisseur fortuné (et qui parfois ignore presque tout des vélos) qui flaire une bonne occasion dans un marché en plein développement (comme le Vietnam). Ce dernier peut se permettre d'attendre avant de voir un retour sur son investissement, alors que le premier doit se soucier d'une profitabilité à plus court terme. Si la relation d'affaire entre distributeur et détaillant ne dure pas, le distributeur n'a rien perdu, et peut passer à un autre partenaire dans la même région, tandis que le détaillant panse ses plaies. À moins que le distributeur ait consenti des termes de paiement différés au détaillant et que celui-ci ne respecte pas ces termes. J'ai déjà été témoin d'une conversation téléphonique où le représentant d'un distributeur insistait vainement pour se faire payer une commande de vélos en souffrance. Rien n'y faisait, la patronne refusait de collaborer et temporisait avec compétence. La tension était palpable, comme le dit l'expression consacrée.





On dit que le consommateur est loyal d'abord et avant tout envers lui-même, et que le fabriquant/distributeur est loyal avant tout envers ses actionnaires. Le détaillant doit vivre avec ça. Moi-même, j'ai eu des contacts dans le passé avec ces grosses compagnies américaines high profile, et leurs exigences. Impossible de prendre plaisir à de telles relations: la composante humaine est complètement escamotée et le bottom line a toujours le dernier mot. Leurs produits se conforment d'ailleurs à cette exigence, et le discours de vente n'est là que pour servir l'objectif final. La part de travail qu'ils exécutent, la conception et le marketing, je peux le faire moi-même, sans avoir à payer quelqu'un pour le faire. Même pour le cadre. L'argent que je sauve ainsi me permet de vendre moins de vélos tout en étant aussi profitable. Et mon inventaire est ainsi parfaitement ajusté aux besoins et aux attentes de ma clientèle, ce qui ne serait pas le cas si je confiais la conception des vélos à une compagnie basée dans une autre région ou un autre pays.

Il y a aussi l'alternative de faire affaire avec ce que les Américains appellent une compagnie de niveau second tier, c'est-à-dire une compagnie connue, mais ayant une notoriété moins grande. Peut-être tout simplement parce qu'elle n'a pas commandité d'équipe de coureurs internationale. Ces compagnies sont souvent moins arrogantes, trop heureuses qu'on leur fasse une place sur l'espace disponible à la vente. Leurs produits sont habituellement de qualité comparable, fabriqués plus ou moins aux mêmes endroits, et soutenus par un service après-vente qui, avec un peu de chance, sera acceptable. Pas besoin d'acheter américain, à ce moment-là, une grosse compagnie taiwanaise peut offrir la même chose, compte tenu de l'expertise internationale que ces entreprises ont développée depuis toutes ces années. On ne trouve pas en Chine d'équivalent à ces compagnies-là. Tout au plus, on y trouve des usines qui sont la propriété de Taiwanais qui ont été y chercher une masse salariale moins exigeante que sur leur île natale où ces coûts sont plus élevés que ce que beaucoup de consommateurs occidentaux réalisent. En fait, plusieurs de ces consommateurs occidentaux n'ont souvent aucune idée de ce que Taiwan est devenu, au point de vue industriel ou en général. Rien à voir avec le Taiwan rural des années '40.


Un levier de vitesses Sun Tour pour transmission à un plateau, circa début des années '80. Il est neuf, et non-indexé, bien sûr. Donc, compatible avec toutes marques.



J'ai une invitation pour vous. Et c'est gratuit. Vendredi soir le 21 février 2014, chez Bicycles Falardeau au 174 Richelieu à Québec à 18:30 heures (jusque vers 21 heures). Il s'agit d'une conférence sur l'histoire du vélo durant les cinquante dernières années.

Je pense à ceux qui, tout simplement, s'intéressent au vélo en général. Mais aussi à ceux qui en réparent, de toutes sortes, ou même en restaurent. C'est pourquoi il sera question des différents standards qui ont été utilisés, par exemple dans le cas des roulements de bille. Mais aussi les différentes sortes de vélos, les marques qui ont dominé, la place occupée par les différents pays producteurs au fil des décennies, les différentes technologies en vogue, etc .Bref, un condensé de culture cycliste.

Prenez note que j'y serai même si la température est moins clémente. Je n'ai aucune inquiétude pour mon retour à la maison, mon vélo est à l'aise dans la neige abondante comme celle qui tombe au moment d'écrire ces lignes vendredi midi.

*

Si vous voulez voir le studio que Stewart Copeland s'est installé chez lui, et surtout tous les instruments qu'on y trouve, je vous suggère de visionner ceci:
http://www.youtube.com/watch?v=WwYJxWQCxEE

Il y invite différents musiciens et chanteurs, et pas des moindres. Ici, vous pouvez voir Stanley Clarke qui l'accompagne ainsi que le chanteur Ben Harper.



vendredi 14 février 2014

HERNIE.




Ça a commencé par un petit coup perçu au niveau de la roue arrière. Qui était de moins en moins petit à mesure que le temps passait. Spécialement évident dans les descentes, lorsque la vitesse augmente. Après vérification, non, les rayons n'étaient pas mous, et la roue n'était pas fausse.

Finalement, je me suis arrêté sur le bord de la rue, et malgré l'obscurité j'ai rapidement vu ce que vous voyez sur la photo ci-dessus. C'est une rupture du flanc du pneu: la tringle du pneu reste en place, dans la jante, mais le flanc s'en détache progressivement à mesure que la déchirure augmente. Normalement la chambre à air ne tient pas le coup. Sous la pression, elle se brise et c'est la crevaison. Alors pourquoi n'a-t-elle pas éclaté cette fois-ci?

La réponse est simple: c'est une chambre à air de type ''thornproof'', c'est-à-dire à l'épreuve des épines. Elle est faite avec une surabondance de caoutchouc et elle est lourde. C'est pourquoi je ne les utilise que l'hiver. Mais elles sont d'une robustesse spectaculaire. Il m'est même arrivé, il y a plusieurs années, d'avoir un trou gros comme un pois dans la semelle du pneu, là où le contact se fait avec la route, et la chambre à air touchait le sol à chaque tour de roue. Il y avait de l'usure sur la chambre à air à cet endroit! Malgré cela, elle n'avait pas éclaté et je m'étais rendu à bon port sans encombre. Quand je vous dis qu'elles sont épaisses, croyez-moi, elles sont vraiment épaisses...

Cette fois, encore, elle a tenu bon et j'ai pu faire les derniers kilomètres sans marcher. Ça fait des années que j'en utilise, l'hiver, et je n'ai pas fini de les préférer. Car des crevaisons, lorsqu'il fait -10 ou -20 Celsius, vous pouvez deviner ce que j'en pense...

Le pneu que j'avais coutume de mettre sur la roue arrière (copie de Avocet Cross 700 x 28) est retiré du catalogue. Seule la version 32 mm est encore disponible. Je l'ai remplacé par un pneu moins basique, un pneu de cyclocross 700 x 30, le Schwalbe CX Pro Sport. C'est un pneu de milieu de gamme à tringle rigide, qui n'est pas spécifiquement destiné à l'hiver, mais qui me semble prometteur compte tenu du dessin. L'importateur me dit qu'il en vend beaucoup, et je n'ai pas de peine à le croire. Il est d'ailleurs en rupture de stock pour les deux prochaines semaines. Le voici:





Ce que j'attends d'un pneu en hiver, c'est d'abord et avant tout que la direction soit le plus fiable possible. Nous avons fréquemment à Québec des conditions de neige abondante, et les pneus à crampons métalliques m'attirent moins dans de telles conditions, car ils sont plutôt orientés vers un usage sur glace. Il n'y a pas de consensus là-dessus chez les cyclistes hivernaux québécois. Mon opinion est basée sur un essai que j'ai fait dans le passé, et aussi sur ce que j'ai observé chez mes amis qui utilisent les pneus à crampons métalliques qui, soit dit en passant, ne se valent pas tous. C'est une de ces situations où on remarque que sur neuf personnes, il y a dix opinions différentes...



La rivière Montmorency, à l'est de Québec, février 2014.

Petite parenthèse:

J'ai une invitation pour vous. Et c'est gratuit. Vendredi soir le 21 février 2014, chez Bicycles Falardeau au 174 Richelieu à Québec à 18:30 heures (jusque vers 21 heures). Il s'agit d'une conférence sur l'histoire du vélo durant les cinquante dernières années.

Je pense à ceux qui, tout simplement, s'intéressent au vélo en général. Mais aussi à ceux qui en réparent, de toutes sortes, ou même en restaurent. C'est pourquoi il sera question des différents standards qui ont été utilisés, par exemple dans le cas des roulements de bille. Mais aussi les différentes sortes de vélos, les marques qui ont dominé, la place occupée par les différents pays producteurs au fil des décennies, les différentes technologies en vogue, etc .Bref, un condensé de culture cycliste.

Fin de la parenthèse.



À Saint-Ferréol-les-Neiges, février 2014


J'ai finalement changé les deux pneus, et j'ai constaté que les deux côtés de la jante avant n'avaient pas le même degré d'usure. Lorsqu'on met les doigts sur chaque côté de la jante, on constate une différence d'épaisseur anormale. C'est très probablement dû à l'abrasion lors du freinage dans nos belles côtes de la Ville de Québec. Tant pis, j'ai mis une roue neuve.

Pas de grosse dépense là. J'ai mis une jante simple paroi avec un moyeu générique. Avec tout ce que subira cette roue, j'aime autant ne pas mettre trop d'argent dessus. Deux bonnes raisons de mettre une jante simple paroi:

-Le prix très bas, évidemment.

-La légèreté. Une belle jante MAVIC serait plus solide, mais la roue avant est moins sollicitée que la roue arrière, et elle aura bien d'autres raisons d'aller à la poubelle que le simple fait d'être trop fausse pour être réparée. 

Mon expérience avec des roues avant simple paroi en hiver est positive. Mon style de conduite n'est pas trop agressif, mon poids n'est pas trop exigeant. De plus, un des anciens patrons chez l'importateur Cycles Lambert me faisait remarquer que la chambre à air, en mettant sa pression sur les écrous de rayons, les stabilise et aide la jante à rester droite. Ce qui contredit la piètre réputation qu'elles ont chez beaucoup de consommateurs qui exigent, lorsqu'ils envisagent un achat de vélo, la présence de jantes double paroi. Normal, dans leur cas, car ils ne rouleront pas l'hiver et là, des facteurs comme l'usure de la jante ou les écrous figés par le calcium ne rentrent pas dans l'équation. La solidité d'une jante double paroi de bonne qualité devient automatiquement plus désirable. D'ailleurs, les vélos Falardeau que je fabrique sont tous systématiquement proposés avec des jantes double parois. En ce moment, ce sont principalement des Alex DM-18 ou des MAVIC A319, ou bien des Ambrosio Evolution ou des Ritchey Aero. Dans le cas des roues de 26'', ce sont souvent des Alex Ace19.




En roulant sur la rue Père-Marquette, cette semaine, je me disais qu'il doit sûrement y avoir, parfois, des automobilistes tellement frustrés de ne pas pouvoir tourner à gauche, qu'ils le font quand même en s'engageant en contre-sens malgré l'interdiction qu'on voit clairement sur la photo ci-dessous:



Justement, comme par hasard, j'ai vu une Chrysler Intrepid exécuter précisément cette manoeuvre, hier soir. Et à l'intersection suivante, l'arrêt obligatoire a été complètement escamoté par notre intrépide. 

Il faut savoir que ces aménagements sont récents. Ils sont destinés à réduire l'achalandage automobile sur une rue (Père-Marquette) qualifiée de ''vélo-boulevard'' par les autorités municipales.Si vous regardez attentivement, au centre de la photo, vous verrez mon vélo qui est stationné, le temps d'une photo, dans la direction où la plupart des cyclistes circulent. 

Tout en étant une minorité, ce genre d'attitude chez les automobilistes peut être observée de temps en temps. Certainement assez souvent pour obliger les cyclistes à ne rien prendre pour acquis.

Les conditions neigeuses que vous voyez sur cette photo m'ont permis de faire un premier véritable test de neige des pneus Schwalbe CX Pro dont je parle plus haut. La neige et le vent étaient sufisamment présents depuis hier soir pour décider les écoles de la région à fermer pour la journée. 

Les CX Pro se sont comportés exactement comme je l'espérais. La direction est fiable, et leur largeur modérée (30 mm) les rend à l'aise dans la neige abondante. La traction que donne le pneu arrière est impeccable, le dessin de la semelle le rend très mordant dans la neige. 

Après les avoir gonflé à 70 psi, je me suis dit que c'est trop. Ils cognent un peu dûrement sur les surfaces les plus inégales et une pression plus basse leur permettrait d'arrondir les angles un peu. Je dois mentionner que je ne les ai pas essayés avec des chambres à air régulières (voir plus haut), ce qui pourrait peut-être être un facteur dans ma perception des choses. Sinon, c'est le bonheur, et ne soyez pas surpris si je les adopte pour plusieurs années en tant qu'utilisateur et en tant que détaillant. 




John Surman, ici au saxophone baryton, accompagné par Jack DeJohnette au clavier. Enregistré en janvier 1981 et tiré de l'album ''The Amazing Adventures of Simon Simon''.



lundi 10 février 2014

MILLES INUTILES.




Sur la Côte de Beaupré, février 2014.




Je profite de l'hiver pour faire des choses que mon emploi du temps ne me permet pas de faire le reste de l'année. Comme, par exemple, faire un site Internet. Ça manquait à mon entreprise, et c'est à la suite d'une conversation avec un ami que la décision s'est prise.

Il m'a suggéré de procéder avec l'aide du site www.wix.com . Mon ami me l'avait décrit comme un site où mes compétences informatiques très limitées ne seraient pas un obstacle, et il ne s'est pas trompé. J'ai bloqué sur un ou deux détails, mais j'ai réussi avec un minimum d'aide extérieure, surtout celle offerte par wix.com.

Le résultat est perfectible, pas de doute. Je vais travailler là-dessus encore. Mais la haute saison approche à grands pas, et je ne voulais pas attendre, car même à l'intérieur du magasin, ce sera un outil commode pour expliquer aux clients ce que je peux leur offrir. Car le but était de faire un site-catalogue, ce que mon blogue n'a jamais été (ou si peu).

http://paulvelotek.wix.com/bicyclesfalardeau



Et permettez-moi de faire une petite mise au point. J'ai lu par hasard la semaine dernière les commentaires d'un cycliste/internaute au sujet de mon entreprise que, visiblement, il ne connait pas très bien.

Il me décrivait comme une personne qui achète des cadres génériques, un peu comme n'importe quel consommateur pourrait le faire, et qui les habille avec un degré de compétence inconnu. Avec comme sous-entendu, n'importe qui peut faire ça. Et au même prix, sinon même moins cher.

La réalité est différente. La grande majorité des cadres que je vends sont fabriqués pour moi, par des sous-traitants qui doivent respecter un cahier des charges que je n'ai plus besoin de leur répéter puisqu'ils gardent les dessins qui en ont résulté. Ces cadres sont habituellement faits en cuvées de 100 à la fois, et donc l'inventaire que je garde ici à Québec fluctue autour de 200 au fil des saisons, toutes catégories confondues.

Les pièces qui les habillent, Shimano ou autre, viennent de grossistes qui sont canadiens pour la plupart, mais pas seulement. Ce ne sont pas  des connexions commerciales que n'importe quel consommateur peut établir, les grossistes n'étant pas intéressés de recevoir des petites commandes à la pièce.

Cela n'a donc rien à voir avec un sympathique débrouillard qui subirait les choix faits ailleurs au niveau du cadre. Après avoir utilisé plusieurs dizaines de vélos personnels au fil des ans, dont dix ans passés sur des cadres italiens prestigieux, j'en suis venu à considérer que, oui, le cadre est particulièrement important dans un vélo. Bien plus que certaines pièces qui sont faciles à situer dans la hiérarchie du fabriquant. Au risque de me répéter, on peut faire un mauvais vélo avec un bon cadre, mais on ne peut pas faire un bon vélo avec un mauvais cadre.

Je complète la production qui est faite pour moi avec quelques exemplaires de cadres dans des catégories moins demandées, ce qui me permet d'avoir une offre bien adaptée à la clientèle qui me sollicite. Bien sûr, ces cadres doivent subir mon oeil de lynx avant que je ne les approuve.

La première fois que j'ai acheté un cadre, c'était pour mon usage personnel, en 1978. Je trouve ces objets fascinants, subtils. Et très sous-estimés quant à leur impact sur le résultat final.

J'ai systématisé le processus rapidement lorsque j'ai commencé à offrir cette production en 1997, car j'ai vite compris qu'il fallait faire en sorte d'éviter de rendre ce processus fastidieux, autant pour mes clients que pour moi. Et, bien sûr, il y a des façons plus simples de vendre des vélos sur cette terre. Je laisse à d'autres ce plaisir.



Prêts pour quelques milles inutiles...


Alex Stieda est un ex-coureur cycliste professionnel dont le plus haut fait d'armes consiste à avoir été le premier nord-américain à avoir porté le maillot jaune au Tour de France. Et il continue de rouler plusieurs années plus tard, pour le plaisir. On retrouve sa rubrique dans le magazine canadien Pedal.

Les entraîneurs, ces années-ci, mettent souvent l'accent sur les intervalles. Facile de comprendre pourquoi: elles sont très productives. Mais Stieda suggère une période hivernale plus modérée où la patience a sa place. ''There are no shortcuts, I don't care what anyone says about ''junk miles''.

Après tout, ces milles inutiles, ils n'ont pas nécessairement besoin d'être désagréables... Parfois les cyclistes professionnels, lorsqu'ils prennent leur retraite, mettent le vélo de côté, trop contents de passer à autre chose. Plutôt dommage, non? Des kilomètres où on se fait plaisir sans se poser de questions, ça ne me paraît pas être une perte de temps. Bien sûr, je comprends leur point de vue, eux qui ont fait du vélo dans toutes les conditions, souvent par obligation. La phrase d'Alan Peiper me revient parfois à l'esprit, celle qu'il a dite au moment où il a pris sa retraite: ''J'étais tanné d'être fatigué.''



On met ces plaquettes auto-adhésives sur le cadre pour le protéger de la friction des gaines. Elles sont vraiment en fibre de carbone, et très résistantes en plus. Je le sais: j'en ai ouvert une avec des ciseaux par curiosité. 5.60$cad la paire, deux tailles disponibles.

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Grâce à la magie de Skype, hier, j'ai pu observer en direct la rue Tran Hung Dao, à Hué (Vietnam), que je connais déjà. Mais là, la différence saute aux yeux: les vélos omniprésents des années '90 ont complètement cédé la place aux petites motos et à quelques voitures. Je le savais déjà, mais c'est quand même un choc de voir ça soi-même quand on a connu quelque chose de si différent...

D'ailleurs, signe des temps, le magasin de meubles du 19, Tran Hung Dao, est devenu un magasin où on vend des vélos électriques. Je les ai vus. On les vend 600usd et je les décrirais comme un croisement entre un vélo pliant et un jouet Hello Kitty... Battery included.

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Le mouvement militant pour le cyclisme 4-saisons continue les efforts commencés il y a quelques années. Cette année, l'organisme Vélocentrix nous invite encore à participer à une randonnée hivernale de 15 kms le dimanche 16 février à 10 heures. C'est gratuit et on peut s'inscrire au: http://action.velocentrix.org/

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Le père de Sheila Escovedo était percussionniste comme elle, et il a travaillé avec Carlos Santana, entre autres. Il n'a sûrement pas honte de sa fille. Ce soir-là, Obama traînait par là, ainsi que quelques autres visages que vous reconnaîtrez. La guitariste s'appelle Orianthi.









lundi 3 février 2014

COULEUR DE MIEL.



La première fois que j'ai vu un cadre en bambou, c'était à Nijmegen (Nimègue), aux Pays-Bas. Il s'agissait d'un vélo du début du 20ème siècle exposé dans un musée du vélo que j'avais découvert là-bas. C'est un des plus beaux vélos que j'aie jamais vu: sa couleur de miel était magnifique. J'imagine que les Néerlandais qui avaient colonisé l'Indonésie en avaient rapporté des tiges de bambou.

Je n'ai jamais roulé sur un tel cadre, neuf ou ancien, mais j'ai remarqué qu'il y a depuis quelques années une renaissance de la fabrication de cadres de bambou dont on vante les qualités de confort. Aux USA, surtout, mais aussi au Vietnam. À travers les nombreuses compagnies qui font des cadres d'entrée de gamme, en acier ou en aluminium, il y a cette petite compagnie installée à Saigon qui s'annonce en prenant la peine de spécifier que:

''My production is small and not cheap, so don't ask for high volumes of cheap  bikes, there are others doing that.''

On peut comprendre son point de vue. Le Vietnam est un lieu de production pour des volumes de production typiques des magasins à grande surface et les cadres qu'on y fabrique habituellement ne sont pas destinés à une clientèle exigeante.

Un de mes clients m'a récemment rendu visite et m'a montré sa création que vous pouvez voir sur la photo ci-dessus. Les sections de bambou sont faciles à voir, et elles sont connectées à des éléments récupérés sur un vieux vélo de tourisme en acier. Il s'agit d'un premier essai, et lorsqu'on s'approche, on s'aperçoit vite que le produit a une finition qui pourrait être améliorée, mais ça me rend curieux de voir la suite de ses expérimentations. Et non, je ne l'ai pas essayé.

Pour ma part, j'ai bien l'intention de retourner à Saigon (alias Ho Chi Minh City) un jour, et je suis assez curieux de voir ce que le cadreur de bambou fait là-bas pour lui rendre une petite visite. Je ne m'attends pas à y trouver des cadres ultra-légers, mais ça pourrait quand même peut-être avoir du charme, qui sait?


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En attendant, mon vélo, celui que je vous ai montré tout enneigé dans le message précédent, a rajeuni considérablement. J'ai changé quelques pièces, mais c'est surtout parce que je l'ai rentré à l'intérieur, ce qui lui a permis de se débarrasser de toute cette neige qui l'encombrait.

En plus de l'alléger, les pneus ne frottent plus sur la neige accumulée. Non seulement ça, mais j'ai aussi pu voir par la même occasion que le frein arrière était décentré, ce qui faisait que le patin droit touchait la jante en permanence. Vite réglé: il y a des vis de réglage pour ça.

Le résultat fut spectaculaire. J'aurais pris un produit dopant que l'effet n'aurait pas été meilleur. Je suppose. Et j'ai poussé plus loin en changeant ce qui avait besoin de l'être. Les froids extrêmes subis depuis cet hiver particulièrement rude au Québec ont mené la vie dure à certains petits éléments de plastique dont mon vélo est équipé. Rien de dispendieux, surtout lorsqu'on fait le travail soi-même, mais ça a fait du bien.

Et je constate une fois de plus, comme à chaque mois de février, que plusieurs cyclistes assidus ont un système de freinage en mauvais état. Même si le tout était ajusté au mois de novembre. On n'y échappe pas: les conditions d'utilisation de l'hiver québécois sont sans pitié, surtout dans une ville côteuse comme Québec où les freins ne sont pas un accessoire facultatif.


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Depuis sa création, le système de partage de vélos Bixi, à Montréal, a fait beaucoup parlé de lui. En bien, habituellement. Malheureusement, la société de gestion a déclaré faillite récemment. Et comme si ce n'était pas assez, certaines personnes se seraient permis des largesses, juste avant:

http://www.ledevoir.com/politique/montreal/398406/avant-de-faire-faillite-bixi-a-verse-des-bonis-a-tous-ses-employes

Le concept fait penser aux idéaux communautaires des années soixante. Et comme c'était souvent le cas à l'époque, la réalité a rattrapé le projet. Corrigez-moi si ce n'est pas exact, mais on m'a également raconté que plusieurs utilisateurs empruntaient un vélo pour descendre du Plateau Mont-Royal au centre-ville, en début de soirée, avant de laisser là la machine après quelques bières pour éviter d'avoir à monter la côte pour le retour. Résultat, on était obligé de transporter en camion tous ces vélos.

Ce n'est rien pour encourager notre maire Labeaume à créer un tel système à Québec. Déjà qu'il n'était pas très chaud. D'autant plus que certains bars de la basse-ville sont très sympathiques, et que la côte qui y mène n'est certainement pas moins raide qu'à Montréal...



Le fleuve Saint-Laurent, à Saint-Augustin-de-Desmaures, en novembre dernier.


J'ai déjà abordé le sujet ici, et ça en a intéressé plusieurs parmi vous: il s'agit du lieu de fabrication réel du cadre de vélo en fibre de carbone. Un site français a fouillé la question:

http://usrehoncyclo.wifeo.com/ou-est-fabrique-votre-velo.php

Vous remarquerez qu'il y a dans cette liste des compagnies, comme Shimano, qui ne fabriquent pas de cadres. Mais elles sous-traitent une partie de leur production à l'étranger. Deux possibilités: soit qu'elles sous-traitent effectivement à des compagnies qui sont indépendantes, soit qu'elles possèdent l'usine entièrement, mais à l'étranger et non pas dans leur pays d'origine. Comme le Japon, dans le cas de Shimano, qui d'ailleurs fait également affaire en Malaisie.




Brad Mehldau, en solo: ''Teardrop''