vendredi 27 juin 2014

COMMENT PERDRE DE L'ARGENT (EN UNE LEÇON FACILE).





Quelque part pas très loin du Lac Etchemin, juin 2014.



On sait que les Canadiens, à l'instar d'autres pays, sont très endettés. Alors on peut logiquement s'attendre à ce que les propriétaires de commerces de détail le soient aussi. Même si certains sont prospères, leur inventaire est parfois considérable. J'ai eu cette semaine une petite conversation avec un spécialiste du financement des entreprises. Je lui ai demandé, chez les détaillants, toutes catégories confondues, quel pourcentage devait emprunter pour financer leur entreprise. À quel chiffre vous attendez-vous?

J'ai avancé un chiffre prudent, en bas de ce à quoi je m'attendais: 90% d'entre eux s'endettent pour faire vivre leur commerce. Et même si mon interlocuteur n'avait pas le chiffre exact à portée de la main, il a confirmé mon impression. D'après lui, c'est probablement plus de 90%. Et là, on n'a pas parlé de ceux qui empruntent à l'intérieur du cercle familial, mais plutôt du côté des institutions prêteuses.




Ce qui implique une pression accrue sur ces détaillants pour liquider des marchandises qui tardent à se vendre. Dans un monde idéal, le détaillant prendrait son mal en patience et écoulerait le stock lentement en évitant de refaire les mêmes erreurs de commande. Car non seulement vendre sans profit nuit à l'entreprise, mais en plus ça enlève des ventes profitables aux autres commerçants du même domaine.

On a vu récemment, pour la ènième fois à Québec, une situation de ce genre. Un magasin ayant ouvert des succursales a dû fermer ses portes et la marchandise a été liquidée à vil prix après des péripéties dont je vous épargne les détails. Poliquin avait vécu quelque chose d'apparenté, il y a plusieurs années, tout comme Gagné Vélo-Ski. Un autre a acheté un de ses proches compétiteurs et y a perdu beaucoup d'argent.

Remarquez, c'est tentant pour un propriétaire de commerce, après deux ou trois bonnes années, de déménager ou d'ouvrir une succursale. Je sais de quoi je parle, je l'ai fait. C'est d'autant plus tentant que certains ont connu beaucoup de succès ce faisant. Mais ne comptez pas sur moi pour retenter l'expérience. Si on pouvait savoir quelle météo on aura le printemps prochain, on pourrait au moins choisir l'année où on le fait. Car c'est loin d'être un détail: dans le domaine du vélo, la météo décide si on ne vend qu'aux inconditionnels ou si le grand public suit.



Près de Saint-Gervais.


En fait, si vous voulez mon humble avis, si vous êtes un propriétaire de commerce, méfiez-vous de cette tentation. Je me retiens de vous dire carrément d'oublier ça. Votre commerce va bien? Tant mieux! Savourez-le! Et comme disent les Américains, si ce n'est pas brisé, ne le réparez pas! Grossir? Peut-être. Déménager? Si on n'a pas le choix. Ouvrir une autre succursale? Merci, mais, non merci.

Vous voulez investir? Pas de problème. Prenez par exemple Henri Falardeau, le fondateur de mon commerce. Il a connu de bonnes années et en a profité pour acheter de l'immobilier sur la rue Richelieu. Sage décision! Ça lui a permis de traverser les années '60 sans problème. Ces années-là, le vélo était impopulaire chez les adultes québécois, seuls les enfants l'appréciaient.

Dans l'entrepreneuriat, on entend souvent des gens qui disent qu'on apprend de nos erreurs et que ces erreurs sont importantes, il faut les faire. C'est peut-être vrai, mais ça peut coûter très cher. On s'en rappelle longtemps. Remarquez, aller à l'école aussi, ça coûte de l'argent. Celui qu'on paie, et celui qu'on perd à ne pas travailler à plein temps.

Et si vous n'êtes pas d'accord avec moi, que vous me trouvez trop prudent, alors allez-y! Bonne chance! Vous en aurez besoin, car on ne peut pas tout prévoir.





Shimano lance un nouveau produit: une caméra destinée aux vélos appelée Shimano CM-1000 (pdsf 339.99$cad). La compagnie m'a fait parvenir quelques suggestions de visionnement dont voici un exemple tourné au Tour de Suisse. Ça vous donne une meilleure idée de l'ambiance en course que de simplement regarder les images habituellement diffusées à la télévision.





Les pesées de la semaine.

Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait ça, proposer un vélo d'une marque autre que la mienne, mais là, j'ai craqué. À cause du prix, bien sûr, mais je ne l'aurais pas acheté si ça avait été une picouille.

C'est un Cinelli, une marque italienne de prestige, compagnie parente de Columbus (les tubes). Alors, forcément, les tubes sont de Columbus, la série Airplane en l'occurence. J'ai lu quelque part que ça donnait un cadre de 1400 grammes, ce qui est un poids très correct. Le modèle s'appelle Experience et les pièces sont de Shimano, du 105 dans le cas des leviers et du dérailleur arrière. Je l'offre à 1200$ + taxes sans pédales et si la taille (petit) ne vous convient pas, je vous l'offre avec un cadre Falardeau de poids égal avec le choix de taille et de couleur. Je n'en ai qu'un seul.

Son poids, sans pédales et sans accessoires, est de 9.29 kg, incluant la selle, le frein avant et la guidoline que vous ne voyez pas sur la photo. Le voici:





Un Cadex. CFR3 (Giant). C'est un des premiers cadres en fibre de carbone à grande diffusion. Certains de ces cadres ont d'ailleurs brisé rapidement et contribué à la réputation initialement mauvaise de la fibre. On n'en voit plus beaucoup en circulation. À acheter avec prudence si on vous en offre un. Celui-ci a plusieurs pièces Shimano 105 d'époque et pèse 10.19 kg sans accessoires.

Un Falardeau Alu9 un peu inhabituel: hybride au niveau du cadre, il est équipé de deux roues de route/course chaussées en 700 x 23. Ce qui donne un poids de 10.50 kg incluant approx. 500 grammes d'accessoires. Et un budget conséquent pourrait facilement faire baisser le poids encore plus, particulièrement au niveau des roues et du pédalier. Pour plus de polyvalence, on peut aussi mettre des pneus 700 x 28.



Croyez-le ou non, quelqu'un a payé pour le travail ci-dessus. Elle a demandé une vérification du vélo et, quand elle l'a récupéré, il était comme ça. Vous ne voyez pas le problème? Regardez bien la manivelle gauche, qui n'est pas tellement d'équerre avec la droite...



vendredi 20 juin 2014

LA ROUTE DES ÉCUREUILS.







C'est à classer dans les classiques, pour la région Chaudière-Appalaches. Je vous suggère ces routes, dans l'ordre. Connectez les points sur la carte. À partir de Saint-Gervais, le Rang du Bras, le Rang des Fiefs. Puis retour par le Rang no 1, la route Raby, la route des Écureuils, le Rang no 3, la route Saint-Pierre, la route Lainé, puis retour à Saint-Gervais par le Rang no 1. Si vous n'aimez pas monter les côtes, évitez la route des Écureuils en revenant pas le Rang no 2 au lieu du no 3. Toutes les photos de nature d'aujourd'hui ont été prises dans ce parcours, dimanche dernier.


Vous pouvez cliquer sur la photo ci-dessus pour mieux voir la route et le panneau jaune (à droite).



Je vous parlais récemment de ce nouvel odomètre EVO Rev 17W dont j'ai équipé mon Falardeau Alu9 personnel. Je continue de l'aimer malgré le fait qu'il y a tellement de fonctions différentes sur l'affichage secondaire que j'aimerais bien en enlever une ou deux.

Je commencerais pas le compteur de calories. Conversation avec un médecin, cette semaine. ''Cette fonction est inexacte, car elle ne peut tenir compte de tous les paramètres qui déterminent le chiffre final. Je me rappelle avoir fait un trajet montagneux de trois heures, avec un niveau d'effort élevé, et le nombre de calories affiché à l'arrivée n'était pas assez différent de ce que j'aurais obtenu avec le même nombre d'heures au travail''.

J'utilise parfois la fonction ''Scan'' du Rev 17W pour éviter d'avoir à peser sur le bouton Mode pour passer d'une fonction à l'autre. Et, évidemment, ces commentaires au sujet du compte des calories s'applique à tous les odomètres de vélo affichant cette information.

Ce matin, j'ai roulé sur un vélo équipé d'un odomètre Cat Eye Velo 7. Avantage pour le Velo 7: les chiffres sont plus facilement lisibles que sur le EVO.





C'est bien en anglais, et non pas en norvégien, que le présentateur de ce vidéo s'exprime. Je remarque deux choses en visionnant.

Premièrement, un des fabricants parle de polyvalence, ce qui rejoint mon discours. La polyvalence, c'est une qualité, et c'est possible. Par contre, je lisais récemment les commentaires d'un détaillant ontarien qui affirmait que son Colnago C50 (vélo de route fibre de carbone avec pneus 700 x 23) était un ''do-everything-very-well bike''. Je ne connais pas sa définition de ''everything'', mais je soupçonne qu'elle est un peu différente de la mienne. Dans son cas, c'est peut-être route-asphalte + compétition + aller au travail ou quelque chose du genre. Dans mon cas, c'est entraînement + aller au travail en ville + rangs de gravelle (pas nécessairement dans cet ordre). Je vais inviter ce Mark à rouler sur la Route des Écureuils, histoire de faire évoluer sa conception de ''everything''...




Deuxièmement, on ne parle pas du prix de ces cadres. Ils sont beaux, ils sont probablement bons, mais le prix? L'approche de fabrication de ces artisans, malheureusement, débouche habituellement sur des prix de cadres/vélos que la plupart des cyclistes et des consommateurs ne sont pas prêts à payer. Je ne vis pas dans un monde parfait et je dois rester réaliste: si j'offrais mes cadres au prix où, actuellement, j'offre mes vélos complets, l'achalandage de mon magasin s'effondrerait. Exit les tubes Columbus et la soudure artisanale. De toute façon, les artisans-cadreurs n'ont pas les moyens de se payer l'outillage que mes fournisseurs utilisent quotidiennement et, en conséquence, il n'y a pas lieu d'idéaliser la qualité de leur travail. Leurs points forts demeurent la souplesse et la personnalisation. Parfois aussi, l'attention portée à certains détails et/ou l'esthétique. De plus, si vous avez une taille ou des proportions inhabituelles, un cadre sur commande pourrait peut-être vous convenir davantage. Ce n'est pas le cas de la plupart des gens. J'ai déjà eu un tel cadre, fabriqué spécialement pour moi, et ça ne m'a rien donné de plus.





À l'opposé de ces artisans, on trouve des sous-contractants comme Kinesis. Cette compagnie taiwanaise fabrique annuellement 18,000 cadres sur l'île, en plus d'en produire un million dans leur usine chinoise. La marque est peu connue des consommateurs occidentaux, car leur production est écoulée principalement par des labels internationaux.

On y fabrique beaucoup de cadres en aluminium, mais on y a développé aussi le scandium. C'est un métal combiné avec l'aluminium et qui donne un cadre plus léger ou plus robuste, dépendant de la quantité utilisée. J'ai déjà fait fabriquer cent cadres par cette compagnie, dont il me reste plusieurs exemplaires, et ils sont très agréables. Il s'agit justement de scandium, et en voici un exemple récent.



Et KMC, vous connaissez? Si vous êtes un cycliste, il y a de bonnes chances que vous ayez déjà utilisé une de leurs chaînes. Elles sont non seulement vendues sous le nom KMC, mais la compagnie a fabriqué pour d'autres, incluant Shimano. Huit usines à Taiwan, six en Chine et une au Vietnam, pour une production annuelle de 150 millions de chaînes.

Pas seulement des chaînes de vélos, mais aussi des chaînes destinées à la machinerie lourde, aux automobiles et aux motos. Leur chaîne de vélo la plus légère est à 240 grammes et la compagnie est impliquée dans la commandite de plusieurs équipes du Pro Tour.




Les pesées de la semaine.

Une roue libre vissée à six vitesses, des moyeux français Maillard, on s'attendrait à un vieux vélo de route fin '70 ou début '80, mais il s'agit d'un cadre en aluminium. C'est un Trek 1000, parmi les premières générations de vélo de route à cadre alu produits par la compagnie du Wisconsin. Ce modèle était peut-être le plus modeste de la série. J'ai possédé autour de 1990 un 1400, qui était plus haut dans la gamme, étant équipé de pièces Shimano 105, et d'une cassette 7 vitesses. Ce Trek 1000 pèse 11.22 kgs avec un guidon aéro plutôt léger et des petits accessoires typiques.

Un Cervélo R5 2012, équipé Dura Ace. 6.815 kgs avec deux porte-bouteille. Ce vélo obéit à la loi qui veut que plus le vélo est léger, plus la facture est lourde. Ce n'est pas toujours aussi simple.




Le rendez-vous cycliste de dimanche le 22 juin s'adresse à des cyclistes capables de grimper plusieurs côtes, mais je ne roulerai pas particulièrement vite car les longues semaines de travail que j'ai derrière moi depuis le mois de mars commencent à laisser des traces. Le rendez-vous est à Saint-Odilon-de-Cranbourne, à l'église, à 11 heures. Saint-Odilon est situé à l'est de Saint-Joseph-de-Beauce. Asphalte et gravelle, comme sur les photos qui accompagnent ce texte. Les précautions habituelles:

Puisqu'il n'est pas très agréable de rouler sur de la gravelle lorsqu'il pleut, la randonnée sera annulée si le pourcentage de précipitations prévu est de 60% ou plus. J'utilise la page suivante comme référence:
http://www.meteomedia.com/meteo/canada/quebec/saint-joseph-de-beauce

Je publierai un avis ici, sur ce blogue, samedi soir, pour confirmer ou annuler la sortie. En cas de doute, vous pourrez jeter un coup d'oeil.

Les consignes de base:

Apportez ce qu'il faut pour réparer les crevaisons et autres petites choses.

Apportez de la nourriture. Nous ferons peut-être une halte dans un village. Ou peut-être pas. Apportez de la nourriture.

Pas de pneus 700 x 23, ils ne sont pas adaptés. Tout le reste peut faire.



Comme il est mentionné dans l'échange qui suit la première pièce, on peut avoir l'apparence et l'instrumentation d'un groupe de Bluegrass sans être obligé de se cantonner à ce style. Le groupe ''Punch Brothers'' n'a que faire des ghettos musicaux.


vendredi 13 juin 2014

LES GROSSES AIMENT LES GROS.





Près de Tring-Jonction, mai 2014.


Petite conversation avec un détaillant de vélos situé quelque part à l'est de Québec. Je ne lui avais pas vendu de cadres depuis quelques temps. La semaine dernière, il m'en a acheté deux.

"Je suis tanné des compagnies de vélo!'' qu'il me dit. "Et encore plus, de leurs représentants!".

Je peux comprendre. J'en ai connu qui étaient sympathiques. Mais, trop souvent, on peut clairement sentir à quel point la relation que nous entretenons est au service de son patron et des actionnaires de la compagnie. Et même s'il est logique, raisonnable et même souhaitable qu'une compagnie, n'importe quelle compagnie, soit profitable, aucun détaillant n'entretient d'illusions sur le fait que cette relation avec le fournisseur ne vise qu'à écouler un volume toujours grandissant de vélos.

D'où la règle non-écrite qui veut que les grosses compagnies aiment les gros détaillants. Si une compagnie qui fournit un détaillant en vélos voit la possibilité de vendre davantage de vélos à travers un autre détaillant situé à proximité du premier, elle n'hésitera pas à retirer sa marque de celui-ci pour l'offrir à son compétiteur. Ça peut donner une situation comme celle que j'avais vécu il y a plusieurs années, lorsqu'un représentant déjà peu sympathique m'avait informé par téléphone que je ne pourrais plus vendre sa marque de vélos parce qu'un autre magasin situé à approximativement trois kilomètres du mien en aurait dorénavant la concession.

Après plusieurs années à avoir vanté les mérites de la marque, je me voyais donc dans l'obligation d'informer ma clientèle qu'elle était mieux avisée d'acheter un autre produit. À ce que je sache, la réaction typique de bien des détaillants devant un tel changement soudain, c'est d'être fâché et frustré, et on peut comprendre pourquoi. Mais ça n'était pas mon cas car, à l'époque, j'étais déjà en route vers une situation avantageuse (pour moi et mes clients) où je ne vendrais plus que ma marque à moi (Falardeau). J'ai donc écouté patiemment le représentant me donner son avis et ce fut la fin de la conversation.



Il faut comprendre une chose importante au sujet du contexte. Ici, en Amérique du Nord, les fournisseurs ne veulent pas voir plusieurs détaillants être en compétition entre eux pour vendre leurs produits sur un petit territoire géographique. Cela pourrait facilement mener à une guerre des prix qui rendrait la marque peu attrayante aux yeux des détaillants, pour cause de non-profitabilité. Les fournisseurs préfèrent refuser leur catalogue à un nouveau détaillant, ou le retirer au magasin A pour l'offrir au magasin B.

J'ai donc écoulé le reste de mon inventaire de ces vélos américains avant de trouver facilement une marque de remplacement que j'ai proposée quelques temps avant de l'abandonner car elle n'ajoutait finalement pas grand-chose à mon inventaire, que je ne puisse fabriquer moi-même.



Un Wander pour femme récemment restauré par un de mes clients. Non, le pédalier n'est pas d'origine...
Ce vélo date probablement de la première moitié des années soixante-dix. Les garde-boues sont d'origine.


J'ai aussi eu une conversation avec un client cette semaine. Au téléphone. Il m'a expliqué qu'il habite une autre ville près de Montréal et m'a demandé s'il y avait un concessionnaire pour les vélos Falardeau près de chez lui. Il avait besoin d'une roue neuve.

Nul besoin d'un tel concessionnaire. Je fais les Falardeau pour qu'ils puissent aller un peu partout sur la planète et qu'ils puissent être réparés partout. Mais un détaillant lui a déclaré être incapable d'effectuer le remplacement de la roue. Je suspecte que la personne en question ne voulait tout simplement pas s'occuper du dossier. C'est quelque chose qui se produit de temps en temps: un employé peu motivé vous dira que la pièce ''ne se fabrique plus'' ou autre chose du genre pour justifier son inaction. Il m'est arrivé plusieurs fois de dépanner un client à qui l'on avait dit quelque chose comme ça. Parfois, je dois commander la pièce pour l'obtenir, mais ça ne pose pas de problème en soi.

Remarquez, il y en a des pièces qui ne se fabrique plus, évidemment. Certains standards ont été mis en marché, dans le passé, et n'ont pas connu le succès espéré. Ou ont été remplacés par une génération différente. Les cassettes Shimano Uniglide, par exemple, ont été rapidement remplacées par la série Hyperglide qu'on voit partout maintenant, et depuis à peu près 25 ans.

Plus près de nous, les pièces constituant les fourches à suspension sont rapidement retirées des catalogues dès lors qu'elles appartiennent à des modèles ayant subi le même sort. Pour inciter les consommateurs à se procurer une nouvelle fourche? Parce que ces consommateurs ne font pas l'entretien de leur fourche? Ou un peu des deux?

Je soupçonne également que la difficulté d'obtenir des pièces de moyeux datant de la décennie précédente a quelque chose à voir avec le fait que peu de cyclistes font le remplacement de ces pièces. Ça n'est d'ailleurs pas toujours rentable si la jante associée à un moyeu est fatiguée. Ce sont plutôt les moyeux de haut de gamme qui sont motivants pour la réutilisation lorsqu'il faut remplacer les pièces internes et/ou la jante.



Devinez laquelle de ces deux couronnes de billes a quarante ans d'utilisation. 



Les pesées de la semaine.

Roue arrière EIS S7 Aero, 1.065 kg. Si vous aimez les roues modernes de route qu'on voit sur les vélos en 700 x 23, mais que votre budget est limité, vous pourriez considérer ces roues distribuées par Cycles Lambert au Canada. Elle m'a fait meilleure impression qu'un produit concurrent de chez Shimano que j'ai récemment eu entre les mains. Je le dis avec prudence, car je n'ai pas roulé avec, et de toute façon ce n'est pas un genre de produit que j'affectionne personnellement. J'ai déjà vu des moyeux taiwanais qui n'étaient pas très fiables au niveau du corps de cassette et je reste prudent face aux moyeux semi-génériques. Le temps nous dira ce que ça vaut. Sinon, le produit est très présentable, la jante est vraiment droite et la tension des rayons est correcte. Le prix de détail suggéré est de 219$ plus taxes, mais le grossiste est en rupture de stock au moment d'écrire ces lignes.

Un Norco VPS double suspension sans accessoire: 18.14 kg. Sa fourche avant Marzocchi Bomber le situe probablement durant la première moitié de la décennie 2000

Un Guru route/course à 7.635 kg, avec peu d'accessoires. Pourquoi si léger? Premièrement, son cadre en tubes Columbus Altec2 Plus est proche des poids de cadres carbone monocoques couramment disponibles. Deuxièmement, le groupe Campagnolo Record est onéreux, avec un poids conséquent. Troisièmement, les roues et le reste de l'équipement sont à l'avenant, donc ne vous attendez pas à un prix léger, même si le cadre est en aluminium (sauf les haubans en fibre de carbone). Il ne s'agit d'ailleurs pas d'une série de tubes aluminium générique peu sophistiquée, mais bien de tubes évolués, avec formes et épaisseurs conséquentes.

Un Prologue équipé de pneus 700 x 28, avec guidon droit. 9.81 kg sans accessoires. Qu'est-ce qu'un Prologue? Il s'agit d'une marque proposée par Jean-François Théberge, de Saint-Augustin-de-Desmaures (Québec). Ce vélo est bâti à partir d'un cadre Falardeau Alu9 par Jean-François, et l'ensemble est plutôt réussi, comme vous pouvez le voir sur les photos suivantes.





Un Falardeau alu/carbone avec groupe Shimano Ultegra, 8.50 kg sans pédales et sans accessoires. Le voici:



Un Cervélo R3 avec pièces Shimano 105. Son cadre tout-carbone l'amène à 8.18 kg avec peu d'accessoires.

Un Guru Nemo 1999 habillé de pièces modeste (Sora, etc.). Il pesait 10.36 kg avec peu d'accessoires et un guidon courbé avec leviers Shimano Sora. Après l'avoir modifié avec un guidon droit (flat bar) et des leviers conséquents, son poids est passé à 10.10 kg. On y a ajouté des cornes BBB BBE-15 pesant 170 grammes.
Les tubes Columbus Nemo était une série d'acier moderne plus légère que les séries comme SL et Cromor. Plus dynamique que ces dernières, mais quand même pas un poids plume pour autant, par les standards actuels. Et un petit secret pour les amis: j'ai pesé des leviers Sora qui rivalisaient avec les Dura Ace pour la légèreté. Ok, les sensations ne sont pas les mêmes, mais...



Près de Saint-Charles-de-Bellechasse.


Le rendez-vous cycliste de dimanche le 15 juin s'adresse particulièrement à des cyclistes moins rapides et qui n'ont pas des ambitions de kilométrage élevé. Saint-Gervais (Bellechasse), à l'église, à 11 heures. Parcours facile, asphalte et gravelle. Les précautions habituelles:

Puisqu'il n'est pas très agréable de rouler sur de la gravelle lorsqu'il pleut, la randonnée sera annulée si le pourcentage de précipitations prévu est de 60% ou plus. J'utilise la page suivante comme référence:
http://www.meteomedia.com/meteo/canada/quebec/saint-joseph-de-beauce

Je publierai un avis ici, sur ce blogue, samedi soir, pour confirmer ou annuler la sortie. En cas de doute, vous pourrez jeter un coup d'oeil.

Les consignes de base:

Apportez ce qu'il faut pour réparer les crevaisons et autres petites choses.

Apportez de la nourriture. Nous ferons peut-être une halte dans un village. Ou peut-être pas. Apportez de la nourriture.

Pas de pneus 700 x 23, ils ne sont pas adaptés. Tout le reste peut faire.


*

La pièce suivante est une reprise d'un morceau chanté par... non, laissez-moi taire son nom, au cas où ça gâcherait votre objectivité. Disons simplement qu'il s'agit de l'as de la basse, Drew of the Drew, que je vous ai déjà présenté il y a quelques semaines. Si vous jouez de la basse, vous allez vous régaler. Et même si vous n'en jouez pas.

vendredi 6 juin 2014

LES VÉLOS URBAINS.





Voici dans quel état est la clôture qui protège (!) le cimetière où est enterré René Lévêsque à Sillery (Québec). Je finirai par croire l'historien Jean Provencher lorsqu'il dit que nous ne prenons pas soin des cimetières au Québec...




Si on faisait un sondage chez les cyclistes urbains pour savoir quel est leur vélo de ville idéal, on obtiendrait sûrement une grande variété de réponses. Plusieurs critères seraient mentionnés: confortable, élégant, fiable, économique, peu attrayant pour les voleurs, rapide, léger et que sais-je encore. Peut-être même: lent et lourd!

Je fais de l'usage quotidien en ville depuis 1976, alors vous pouvez vous douter que, en tant que concepteur de vélos, j'ai ma petite opinion sur le sujet. Franchement, mon opinion vaut la vôtre, à ceci près que parfois, on peut se faire une opinion négative au sujet d'un vélo sans l'avoir essayé, ce qui est un peu dommage. Et depuis 1976, j'ai forcément eu l'occasion d'essayer un tas de vélos qui étaient d'un intérêt évidemment très inégal.

Samedi dernier, pour une chronique du cycliste Yvan Martineau à l'émission matinale ''Salut Bonjour'' (TVA) au sujet du vélo urbain, on m'a demandé d'apporter un vélo urbain pour le décor de l'émission. J'y ai apporté un Falardeau Alu9 équipé de pneus 700 x 28 et d'un empattement sufisamment long pour accomoder (ou non) les accessoires typiques d'un tel vélo: garde-boue, porte-bagage, sacoches etc. Et ce vélo aurait facilement pu être monté avec des pneus plus large si le client le souhaite.

Quelqu'un me faisait valoir la semaine dernière que ces vélos urbains devraient d'emblée, à l'instar des vélos du nord de l'Europe, être équipés de garde-boue. Je ne le crois pas. Parce qu'ici, au Québec, beaucoup de cyclistes évitent systématiquement d'utiliser leur vélo dès qu'il y a une petite possibilité de pluie. Dommage, mais c'est comme ça. Pourquoi imposer cet accessoire, puisqu'il est si facile d'en ajouter pour ceux qui souhaitent en avoir? Et que tous ne voudront pas nécessairement avoir le même type de garde-boue?



En fait, je préfère partir d'un vélo dont une des caractéristiques principales est la polyvalence, plutôt que de l'enfermer dans un rôle urbain. D'autant plus que si vous êtes comme moi et que vous habitez en ville, vous serez bien content, quand c'est possible, d'aller à la campagne. Également, trop de vélos urbains sont résignés à un profil peu efficace, trop sage et donc pas très stimulant. Et si je regarde mon cas personnel, je dois dire que je n'ai pas toujours beaucoup d'énergie après une journée de dix, onze ou douze heures de travail. Je suis bien content, dans ces moments-là, d'avoir un vélo qui bouge comme si j'avais toujours le vent de dos.

L'industrie du vélo aimerait bien que tous possèdent deux, trois, voire plusieurs vélos très spécialisés. C'est le cas de plusieurs sportifs convaincus à qui on n'a pas besoin de tordre le bras pour les amener à désirer, toujours, un vélo de plus dans leur écurie. Mais le grand public, lui, n'a pas cette motivation et on a déjà fort à faire pour le gagner à l'idée de s'en procurer un seul et, surtout, de s'en servir régulièrement. C'est dans cette perspective que je suis content de produire une machine qui peut servir à la fois de vélo urbain, de vélo de promenade/tourisme, et même de vélo d'entraînement stimulant et efficace, pourquoi pas?



Élégants, les vélos urbains? Oui, souvent. Mais ça ne me suffit pas. J'aime beaucoup vendre un de ces Alu9 à un cycliste habitué à des machines performantes et le revoir enthousiasmé de son achat après avoir constaté que même si l'Alu9 (dans sa version hybride/tourisme) est légèrement moins rapide qu'un vélo de course, ça reste une machine capable de donner beaucoup de satisfaction tout en étant à l'aise dans une plus grande variété de situations. J'aime aussi lorsqu'un client moins agressif élargit sa palette de cycliste parce que son Alu9 le lui permet, plutôt que de se limiter à du pas-loin-pas-vite qui le condamne à ne pas s'éloigner du domicile. Ce n'est pas en leur vendant des somnifères qu'on va pouvoir leur demander des s'enthousiasmer!

Certains clients me demandent un vélo léger pour les raisons habituelles: meilleur démarrage, meilleure maniabilité, montées plus faciles. Mais vous seriez peut-être surpris de constater le nombre de personnes qui me disent qu'ils ont de la difficulté à grimper leur vélo jusque... dans leur appartement, ou sur le support à vélo de leur voiture.

Une femme m'a déjà raconté qu'un vendeur lui avait même dit que: ''Pour vous, madame, puisque vous n'êtes pas très habituée à faire du vélo, il vaut mieux que vous ayez un vélo plus lourd, qui sera plus stable''. Foutaise! Je vous laisse le soin de spéculer sur les motivations qu'avait le type en question. Je vous le jure, je ne l'ai pas inventée, celle-là. Je n'ai pas assez d'imagination pour inventer des trucs aussi tordus.




Hal Ruzal, expert, entre autres choses, en vol de vélos.






C'est arrivé à plusieurs, prenez vos précautions: un cycliste, pour transporter son vélo sur/dans sa voiture, doit retirer la roue avant à cause de l'espace disponible. Après avoir placé le vélo, il oublie sa roue avant à l'extérieur de la voiture et quitte les lieux. Ooooops! Il s'en rend compte trop tard. Lorsqu'il revient, la roue n'est plus là. Trouvez-vous un truc pour éviter cela.




Près de Saint-Séverin dans la Beauce québécoise.



Mikado Kamikaze à vendre. Il s'agit d'un modèle 1983 restauré avec soin par Claude Pelletier de http://velo.dnsdynamic.com:8082/ . Je ne suis pas impliqué personnellement dans cette vente ou dans la restauration. En voici une photo:




Le rendez-vous des cyclistes. Dimanche le 8 juin à 10:30 heures à l'église de Saint-Charles-de-Bellechasse, qui est situé à une altitude de 76 mètres. Nous irons à Saint-Lazare qui est à 324 mètres d'altitude et nous reviendrons à Saint-Charles. Au menu, peu d'asphalte et beaucoup de gravelle. Tempo intermédiaire.

Puisqu'il n'est pas très agréable de rouler sur de la gravelle lorsqu'il pleut, la randonnée sera annulée si le pourcentage de précipitations prévu est de 60% ou plus. J'utilise la page suivante comme référence:
http://www.meteomedia.com/meteo/canada/quebec/saint-joseph-de-beauce

Je publierai un avis ici, sur ce blogue, samedi soir, pour confirmer ou annuler la sortie. En cas de doute, vous pourrez jeter un coup d'oeil.

Les consignes de base:

Apportez ce qu'il faut pour réparer les crevaisons et autres petites choses.

Apportez de la nourriture, même si une halte est prévue à Saint-Lazare. Il s'agit d'une sortie d'approximativement quatre heures.

Pas de pneus 700 x 23, ils ne sont pas adaptés. Tout le reste peut faire.



Lorsque j'ai vu jouer le saxophoniste Pharoah Sanders à quelques mètres de moi, au Village Vanguard, c'était très impressionnant: il donnait l'impression d'être solide comme une statue de bronze. Et sa technique du souffle continu était très au point. Greetings to Idris.