jeudi 25 décembre 2014

PAINSYLVANYA.





Upstate New York, décembre 2014


C'est grand, la Pennsylvanie. Il y a sûrement des coins superbes, des villes ou villages où il fait bon vivre. Je ne les connais pas. Ou, en tout cas, leur souvenir s'est effacé dans ma mémoire.

Je suis passé par là récemment et ça correspondait au souvenir que j'en avais depuis 1976, quand j'y étais allé en vélo en route vers le sud et la Martinique. Du temps gris, et une ambiance générale pas très rigolote. Le froid et la neige un peu hâtive gênaient ma progression vers la chaleur. Souvent, c'est le brouillard qui vous dit que vous devriez être ailleurs.

Un personnage m'avait résumé la situation dans ses mots. Il m'avait dit: ''Que fais-tu ici? Il n'y a rien ici. Vas-t'en d'ici!'' Vous voyez ce que je veux dire...

Il ne me voulait que du bien. L'endroit était lugubre. L'économie des mines de charbon était en déclin à cause de la demande décroissante pour le produit, ce qui paraissait sur les maisons qui longent la route. Elles avaient besoin de soin et ne semblaient pas être près d'en recevoir.

Et pourtant c'est par milliers que, dans le passé, des immigrants européens étaient venus s'installer dans cette région pour profiter de ces mines de charbon qui offraient du travail. Mais ils en ont bavé un coup parce qu'en plus d'être un métier pas facile, les patrons ont été jusqu'au meurtre pour leur faire subir des salaires et des conditions de travail qui auraient fini par révolter n'importe qui.

Dans certains coins de la Pennsylvanie, ce sont 20% des emplois qui sont créés par le charbon. Et maintenant, ce n'est pas tant la demande qui pourrait faiblir, que l'Environment Protection Agency qui veut mettre un frein à cette production. Jusqu'à 30% de diminution. Alors non, je ne pense pas que l'avenir qui s'offre aux jeunes, là-bas, soit tellement rose et plusieurs d'entre eux auront envie de migrer. Pas besoin d'aller très loin pour trouver des états plus accueillants. La ligne Mason-Dixon est proche et le climat est meilleur au sud de celle-ci.

Plusieurs cyclistes québécois connaissent le Vermont et l'état de New York et en apprécient les routes où la circulation automobile est réputée plus respectueuse des cyclistes. Les propriétés sont aussi plus joyeuses ou à tout le moins, moins délabrées.





Caroline du Nord, décembre 2014.


Un de mes clients n'aime pas les chaînes KMC. À la suite d'une mauvaise expérience avec un de leurs produits, il a décidé de leur préférer les chaînes Shimano.

Je pense qu'il ne sait pas que KMC fabrique des chaînes pour Shimano. Toutes? Je ne sais pas, mais en tout cas les chaînes Shimano représentent 10% des ventes de KMC qui, en passant, est le plus gros fabriquant mondial de chaînes de vélo. Giant et Merida sont les deuxième et troisième plus gros clients de KMC. Merida est le deuxième plus gros fabriquant de vélos à Taiwan, et la compagnie possède beaucoup d'actions de Specialized. Giant est le plus gros fabriquant de vélo au monde, et travaille aussi pour Trek et Colnago (et plusieurs autres) en plus de proposer les produits de sa marque.

Les trois compagnies ont récemment acheté des parts dans KMC à hauteur de 12.4 million de US$. KMC fabrique des chaînes Shimano depuis 1986.

Le fait que KMC fabrique les chaînes pour Shimano ne veut pas dire que les produits qu'elle propose sous son nom sont identiques à ceux de Shimano, mais mon expérience avec la marque est très positive. Les vélos que je fabrique sont presque tous équipés de ces chaînes et leur rapport qualité-prix est très avantageux. Et ceux qui veulent gâter leur vélo trouveront dans le haut de leur gamme des produits originaux et exclusifs.



Je vous souhaite un très Joyeux Noël à tous, même si on me dit que la température à Québec n'est pas ce qu'il y a de plus hivernal. Au moins, on économise sur le chauffage!

Mes vacances se déroulent bien. La température ici est près de la perfection au moment où j'écris ces lignes, 21 degrés Celsius avec assez de nuage pour éviter le cancer de la peau si on flâne à l'extérieur. Ce que je fais peu. Je ne joue jamais au touriste.

Touriste, c'est une job qui ne m'intéresse pas. C'est comme si on décidait pour moi ce qui vaut la peine d'être fait ou pas. Je préfère cultiver autre chose que de me déplacer sans cesse pour aller vers les 7 Merveilles du Monde.

*

Je lis présentement Bob Dylan  Chronicles  Volume One, publié en 2004. Écrit par Dylan lui-même, le livre est fascinant, rien à voir avec une lecture légère et insignifiante. Ce n'est pas que je sois un grand fan de Dylan, mais son œuvre mérite le respect qu'elle a reçu, pas de doute là-dessus. Et le personnage a une envergure qui en impose. Laissez-moi citer (dans le texte) quelques passages qui vous feront mesurer à quel point.

À propos de Roy Orbison à la fin des années cinquante: ''There wasn't anything else on the radio like him. I'd listen and wait for another song, but next to Roy the playlist was strictly dullsville... gutless and flabby. It all came at you like you didn't have a brain.''

Avant qu'il ne réussisse à publier un de ses enregistrements: ''I had no song in my repertoire for commercial radio anyway. Songs about debauched bootleggers, mothers that drowned their own children, Cadillacs that only got five miles to the gallon, floods, union hall fires, darkness and cadavers at the bottom of rivers weren't for radiophiles.''

À propos d'un ami: ''Ray was not a guy who had nothing on his mind. He knew what he thought and he knew how to express it, didn't make room in his life for mistakes. The mundane things in life didn't register with him. He seemed to have some golden grip on reality, didn't sweat the small stuff, quoted the Psalms and slept with a pistol near his bed. At times he could say things that had way too much edge.'' Quant à moi, si je devais dormir avec un pistolet près de mon lit, j'irais voir ailleurs.

Et la ville où je suis présentement a l'obligeance de me prêter de la vraiment très bonne musique. Des cd. Entre autres: l'album éponyme du groupe James Farm (2011). Aussi: ''Uberjam'' du John Scofield Band (2002). J'ai pris une chance avec ''White Lies for Dark Times'' de Ben Harper et j'ai bien aimé la première pièce, ''A Number with no Name''



jeudi 11 décembre 2014

CURE D'AMAIGRISSEMENT.











Parfois, certains cyclistes se demandent comment faire pour alléger leur vélo, pour que ça vaille la peine sans que ça coûte une fortune.

Il m'est arrivé de parler à des clients qui étaient irrités par le poids d'un vélo de bas-de-gamme et c'était évident qu'il y avait de la place pour de l'amélioration. Mais dans ce genre de situation, ça ne vaut pas la peine car le cadre est lourd et de toute façon tout va dans le sens d'une efficacité médiocre. Il faudrait tout changer... et c'est ce que je recommande: changez de vélo, si vous y tenez vraiment!

Mais la semaine dernière, c'était différent. Il s'agissait d'un vélo bâti à partir d'un cadre Falardeau Alu9 hybride pesant 1.49 kg équipé d'une fourche alu. Initialement, le client l'avait acheté pour faire un usage urbain et modeste. Il avait donc choisi les pièces les moins chères parmi celles que je proposais à ce moment, sauf la fourche en aluminium. Les pneus 700 x 28 mm avaient été changés pour des meilleurs, déjà, pour remplacer les pneus d'origine plutôt basiques.

Il a depuis découvert le plaisir de faire des longues sorties de gravelle à la campagne et l'a équipé de pédales automatiques. Mais les parcours sont particulièrement côteux et l'envie lui est venue d'investir un peu pour bonifier ce qu'il avait entre les mains. Il m'a demandé conseil.

Je lui ai suggéré l'idée que les deux points à modifier, pour alléger, étaient la roue avant et le pédalier. Des gains de 25 grammes sont sans conséquence appréciable. Mon objectif était plutôt d'éliminer x centaines de grammes sans que ça coûte le prix d'un nouveau vélo.

Nous avons donc enlevé la roue avant avec jante Alex DM-18 pour la remplacer par une roue de largeur route/course dont la jante pèse 406 grammes. Peu de jantes à pneus (vs. boyaux) pèsent moins que ça. Surtout au prix où il l'a eu. Rayons croisés de 3 pour la robustesse. Et il a choisi un moyeu Deore XT parce qu'ils sont très bons et qu'une des particularités des moyeux avant, c'est que le prix n'augmente pas beaucoup lorsqu'on monte en gamme, contrairement aux moyeux arrière. La jante, elle, accepte volontiers un pneu de 28 mm comme le sien, alors je n'ai changé que la chambre à air pour qu'elle se loge mieux dans la jante. Cette dernière aussi contribue à la légèreté.

La jante arrière est conservée: elle subit plus de poids, sans parler de la motricité, donc sa lourdeur est justifiée compte tenu de la fonction.


Beaucoup de manifestants se sont déplacés récemment à Québec pour venir manifester contre un projet de loi du gouvernement Couillard.



Le pédalier était un Shimano FC-M131. Ils sont fonctionnels, droits, et grâce à leurs manivelles en aluminium ils ne sont pas scandaleusement lourds, mais ne génèrent pas beaucoup d'enthousiasme chez leurs propriétaires. Ils permettent surtout de garder la facture légère...

Nous avons hésité entre deux pédaliers Shimano à roulements externes: Alivio FC-M4060 ou Deore FC-M590. Ce dernier est un peu plus cher, mais inclut la paire de roulements, ce qui compense en partie. Et il a aussi l'avantage d'être disponible en plus petite taille, 44 dents au lieu de 48, ce qui le rend automatiquement plus léger, indépendamment de sa position dans la gamme Shimano. Voici les poids des trois pédaliers, inclant le jeu de pédalier dans chacun des trois cas.

FC-M131, 1.340 kg
FC-M4060, 1.310 kg
FC-M590, 1.005 kg

Le choix n'était donc pas difficile à faire et nous avons donc posé le plus léger. À l'origine, le vélo complet (incluant accessoires tels que garde-boue arrière, éclairage électrique, etc.) pesait 11.48 kg. Après toutes les modifications, le poids final était de 10.89 kg, ce qui représente un allègement de 590 grammes. Pas de surprise pour moi, c'est à peu près ce que j'espérais, ce à quoi je m'attendais.Et si vous pensez que c'est peu, gardez à l'esprit que ce sont des pièces tournantes qui sont réputées être l'endroit où les efforts doivent être faits lorsqu'on veut des résultats. Rappelez-vous aussi que ce vélo fera des parcours particulièrement côteux et suffisamment longs pour justifier de telles modifications. Sans porter de bagages qui annuleraient les gains faits. Aussi, il ne faut pas oublier de souligner le fait que ce cadre alu de type triple butted est vraiment agréable à tous points de vue, sans quoi il vaudrait mieux revendre le vélo et en acheter un autre, plus léger et plus cher. On ne peut pas faire un bon vélo avec un mauvais cadre.




Hormis la question de l'allègement, ces modifications ont plusieurs conséquences désirables.


  1. La direction est plus légère qu'avant. Un peu comme si on avait installé une servo-direction.
  2. Les roulements de la roue avant et du pédalier sont neufs et remplacent des roulements qui ne l'étaient pas. Sans parler de la qualité supérieure.
  3. La valeur de revente du vélo sera meilleure, le cas échéant.
  4. L'esthétique du vélo est, à mon avis, plus agréable.
  5. Les développements du nouveau pédalier (22/32/44 dents) seront plus adaptés au terrain appalachien très côteux. 
Les points 3 et 4 ne sont pas les plus importants, mais les autres méritent d'être soulignés. 

Ai-je besoin de vous dire que le client a hâte au retour du printemps?



De mon côté,` le départ pour vacances est imminent. Je ne connais pas encore la date de réouverture de ma boutique, alors je vous tiendrai au courant ici-même. Mon bilan pour 2014 est positif, en dépit d'une météo printanière aussi grise que sur la photo ci-dessous. Je félicite d'ailleurs les cyclistes utilitaires qui m'ont surpris par leur nombre, cet automne, alors que cette météo était parfois un peu maussade. Y aurait-il une tendance qui se dessine à l'horizon? L'avenir nous le dira.






La chanteuse Gretchen Parlato.




vendredi 5 décembre 2014

LES DÉRAILLEURS EN HIVER.






Quand je vous dis que Québec est côteuse, c'est vraiment vrai!



J'ai longtemps roulé sans dérailleur durant l'hiver québécois. Avec différentes formules monovitesses: frein rétropédalage, pignon fixe, roue libre monovitesse, roue libre multivitesse dont un seul pignon est utilisé. J'ai aussi possédé un vélo équipé d'un moyeu à vitesses internes, mais mes essais d'été ne m'ont pas donné envie de m'en servir l'hiver.

Puis j'ai fait l'expérience de la présence des dérailleurs avant et arrière classiques et je ne reviendrais pas en arrière, compte tenu de toutes les côtes qu'il y a ici et du fait que je ne rajeunis pas. De plus, les différentes formules monovitesses imposent une gestion d'une sorte ou d'une autre de la tension de chaîne et je suis heureux de ne plus avoir à m'occuper de cela. Voici quelques idées sur la question.

D'abord, je n'utilise pas de dérailleurs dispendieux. Car même si je n'ai pas besoin de les remplacer souvent, je le ferai plus volontiers avec du matériel bon marché. Par exemple, les séries Altus peuvent très bien faire l'affaire. Je n'utilise pas non plus de transmission à 8 ou 9 pignons: 7 ou même 6 peuvent faire l'affaire. En autant que les pignons extrêmes de ma roue libre conviennent à mes besoins, je suis heureux. Et n'allez pas croire que puisque ça ne coûte pas cher, ça ne fonctionne pas bien.

D'ailleurs souvent, les problèmes ne viennent pas des dérailleurs mais plutôt des câbles/gaines qui circulent mal à cause du vieillissement et des intempéries. Il faut les remplacer sans hésiter, d'autant plus que si vous faites le travail vous-même, c'est une réparation particulièrement abordable.

Lubrifiez vos dérailleurs souvent, au niveau des rivets, du ressort et des galets. Vous pouvez utiliser une huile plutôt liquide (peu visqueuse) à cause de son meilleur pouvoir de pénétration, ou un produit en aérosol à base de pétrole distillé comme du WD-40.



L'escalier du Cap-Blanc. En fait, seulement une petite partie.


Les deux dérailleurs (avant et arrière) ont chacun un ressort qui les ramènent en position de repos si on débranche le câble. Le tirage du câble lutte contre cette tendance et le soir, je dépose mon vélo avec une position des dérailleurs où je peux amener la chaîne vers un plus gros plateau ou un plus gros pignon. La raison étant que si je fais l'inverse, la force du ressort pourrait être insuffisante compte tenu des intempéries et du froid qui agressent parfois le vélo pendant la nuit. Le matin, il suffira d'actionner les leviers pour que le câble (et les dérailleurs) retrouvent leur mobilité normale à cause du tirage vers du plus gros. Notez que les dérailleurs arrière inversés fonctionnent à l'envers des autres, mais ces modèles ne sont pas fréquents. On ne trouve ces modèles que chez Shimano et votre vélo est probablement équipé d'un modèle classique dont le nom en anglais est top normal, par opposition à rapid rise ou low normal. En français: régulier, versus inversé.

Ça n'arrive vraiment pas souvent, heureusement, mais il y a des jours où le dérailleur arrière ne collabore pas. C'est souvent dû à l'accumulation de glace sur les pignons voisins de celui qui est utilisé. Si on ne peut pas rentrer le vélo à l'intérieur pour déglacer tout ça, on pourrait toujours faire couler de l'eau chaude sur la glace pour la faire partir, mais je n'ai jamais fait ça et je le dis avec prudence car je ne suis pas si sûr que c'est une démarche sans conséquence négative. Ce que je fais à ce moment-là, je me contente simplement d'utiliser seulement le dérailleur avant, ce qui me donne quand même trois vitesses bien étagées (dans le cas de mon vélo).

Parfois, le dérailleur avant rechigne à aller sur le petit plateau. Montrez-lui qui est le patron/ne! Arrêtez-vous en sécurité, placez-vous devant le côté droit du vélo, mettez le levier en position petit plateau et pesez latéralement sur le dérailleur fautif avec votre botte pour l'amener là où vous le voulez. Gentiment, mais fermement. Une fois descendu sur le petit plateau, le câble le ramènera sans peine sur un plus gros plateau et il y a de bonnes chances que ce problème soit réglé pour la journée.

D'autres fois, le dérailleur arrière ne veut pas descendre d'un gros pignon à un plus petit. Ça m'est arrivé hier. J'ai simplement, tout en roulant, exercer une petite pression avec le pied sur ce dérailleur pour le faire bouger vers un plus gros (oui, plus gros) pignon. Après, le problème est disparu. Ça tient parfois à peu de choses.

Si j'ai abandonné les différentes formules monovitesses, c'est que chacune d'entre elles comportaient des inconvénients, en plus du désavantage d'être monovitesse. Tout ce qui est technique est source de compromis, et les dérailleurs ne font pas exception à cette règle. Et si vous avez eu une mauvaise expérience dans le passé avec les dérailleurs, ça ne veut pas dire que tous ceux qui ont des dérailleurs en hiver au Québec en auront une aussi mauvaise. Moyennant ces quelques précautions, ça devrait bien se passer.




Les vélos possédés par ceux qui travaillent dans l'industrie du vélo sont très variés, et souvent plus intéressants que les autres. Mais il paraît que celui-ci ne roule pas beaucoup. C'est un cadre soudé à Québec (Saint-Augustin), probablement au début des années '80. La potence, le guidon et la selle ne sont pas d'origine. C'était un modèle d'entrée de gamme de Mikado, avec les jantes en acier. La sélection naturelle a eu raison de ce type de jante sur tous les vélos (sauf les pires). 





Ça brasse beaucoup dans le domaine du commerce de détail, en ce moment. Et dans d'autres domaines aussi, car Internet bouleverse plusieurs métiers.

C'est un sujet régulièrement abordé par le magazine Bicycle Retailer and Industry News, qui est en quelque sorte la place publique des intervenants de l'industrie du vélo en Amérique du Nord (principalement).

La présence d'Internet se fait sentir surtout dans les vélos et les pièces de haut-de-gamme. Les détaillants locaux doivent agir pour tirer leur épingle du jeu, malgré tout. Quand je vois certains conseils qu'on leur donne, je souris. J'ai déjà procédé en ce sens sur plusieurs points, sans qu'on ait à me le dire, avec mon instinct de survie professionnelle et mon expérience comme guides.

Par exemple, un éditorial publié en novembre dans ce magazine suggère entre autres choses de diminuer les frais d'opération de nos magasins de 25% d'ici 2020. Personnellement, je les ai coupé de plus que ça, depuis huit ans. J'ai survécu à ça et, en bonus, ma qualité de vie s'est améliorée.



Au centre, un cadre soudé à Montréal (Lachenaie) à peu près à la même période que le Mikado plus haut. Équipé Campagnolo pré-index. 




Dans le staff editorial du même numéro, j'ai remarqué deux paragraphes que je vous traduis ici.


"Le monde a changé. On ne retournera pas en arrière. Les canaux de vente multiples (gros et détail) sont une réalité. Et les vendeurs qui s'inquiètent de leur survie dans le marché d'aujourd'hui devraient garder ceci à l'esprit: Trek, Specialized et Giant - tous les fournisseurs, en fait - ne sont pas vos partenaires ou vos copains. Plus probablement, ils sont votre banquier. Si vous n'êtes pas capable de vous confronter à leurs paramètres discutables (murky metrics), ils vous jetteront comme si vous étiez les vidanges d'hier...

...Pour les détaillants qui s'offusquent comme des vieilles filles au sujet des changements dans le monde du commerce de détail, c'est le temps de faire un homme de vous (time to man up). Les REI de ce monde sont là pour rester. Les ventes sur Internet ont changé la façon dont le monde voit les affaires. Alors détaillants: devenez agressifs sur le web; creuser les médias sociaux comme si c'était une mine d'or; bâtissez une communauté  et faites de votre magasin un centre d'activité. Vous avez un boulot difficile, c'est certain, mais vous n'êtes pas seuls. Chaque établissement de détail dans chaque industrie fait face aux mêmes défis, alors regardez en dehors de la boîte de temps en temps. C'est bon pour les affaires."



Je sens que ça va faire réagir. Et pas seulement les vieilles filles et les personnes qui pensent qu'on ne devrait pas dire que c'est le temps de faire un homme de soi. Plusieurs détaillants vont envoyer leur grain de sel au courrier des lecteurs.

Personnellement je reste convaincu que les pratiques des fournisseurs/fabricants/grossistes de vélos, qu'ils soient gros ou très gros, désavantagent les détaillants  en les déresponsabilisant et en les faisant payer pour un travail qui devrait être fait par eux plutôt que par une corporation qui de toute façon est surtout redevable envers ses actionnaires. Elles désavantagent également les consommateurs en les attirant avec des faux besoins et en créant des mythes qui ne servent qu'elles, ces corporations. Des cyclistes qui paient cher pour être déçus, il y en a quand même pas mal, par les temps qui courent.

Je n'ai rien inventé en fabriquant des vélos à Québec. La famille Poliquin (Mikado et Poliquin) l'ont fait avant moi et ailleurs au Québec d'autres détaillants et/ou grossistes l'ont fait, comme Giuseppe Marinoni dont l'usine accueille les consommateurs.





Un commentaire vaut la peine d'être expliqué, surtout si vous ne travaillez pas dans le domaine: "Plus probablement, ils sont votre banquier." Qu'est-ce que ça veut dire, concrètement?

Une très grosse partie des vélos neufs que vous voyez chez les détaillants ont été commandés à l'automne et ne sont payés que le printemps suivant, en trois versements: avril, mai et juin. Ce qui revient à dire que c'est la compagnie de vélo qui finance cet inventaire. Un peu comme un banquier, sauf qu'au lieu d'avoir douze versements égaux au fil de l'année, ce sont trois paiements qui correspondent à la haute saison de vente ici en Amérique du Nord. D'où l'intérêt pour le détaillant d'avoir un printemps pas trop gris, pour stimuler l'intérêt des consommateurs...


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Je vous laisse avec Arvo Pärt, et j'en profite pour vous souhaiter un bel hiver. Je pars en vacances bientôt. Je serai au magasin lundi pm le 8 décembre, après quoi je ne promets rien... Je ne sais pas encore quelle est la date du prochain message sur ce blogue.