jeudi 30 mai 2013

JANTES 101





Un Falardeau Alu9 en cours de production. Il s'agit d'un modèle moins cher équipé de pièces Shimano de série 300, mais amélioré avec des jantes Mavic.



Faire du vélo implique de nombreuses décisions. Quel vélo acheter? Où rouler? Quoi manger, et....quelles jantes choisir?

La jante est cette pièce de métal, habituellement de l'aluminium, qui constitue le tour de la roue.On installe le pneu dessus.On peut avoir à la remplacer lorsque la roue vieillit, ou après un accident. On remplace seulement la jante si le moyeu est de très bonne qualité et en bon état. Ou si on fait le travail soi-même. Car les coûts de main-d'oeuvre font que ça ne vaut pas la peine de payer pour faire remonter une roue à partir d'un moyeu qui laisse à désirer.

J'ai récemment parlé à quelqu'un qui voulait investir dans une paire de roues, mais qui n'avait aucune idée de ce qui les distingue. Je vais donc donner ici quelques indications pour aider ceux qui ont à faire un tel investissement.

Je travaille et roule surtout sur des jantes Alex, Ambrosio ou Mavic. Les cyclosportifs modernes  ou les vélos de montagne de haut-de-gamme roulent souvent avec des roues vendues complètes, incluant moyeux et rayons (par exemple, les Mavic Ksyrium). Les autres roulent habituellement avec des  roues dont les jantes ne sont pas proposées avec des moyeux de la même marque que la jante (par ex.: jante Mavic avec moyeu Shimano). Ces dernières sont habituellement assemblées dans le même pays où le consommateur les achète, à moins d'être une roue de première monte équipant d'origine un vélo importé. C'est plutôt de cette sorte de roue métissée dont je parle ici aujourd'hui. C'est ce qui concerne la plupart des gens.



Près de Saint-Odilon de Cranbourne (Chaudière-Appalaches).


Je commence ici par la jante la moins chère, en augmentant progressivement.

-Les jantes simple paroi en acier n'ont aucun intérêt. Elles bossent facilement, sont lourdes et donnent un freinage inquiétant dans les conditions de pluie. Et elles rouillent. Elles sont à peine moins chères que la jante de base en aluminium. Il n'y a pas, à ma connaissance, de double paroi en acier. Tant mieux.

-Les simples parois en aluminium sont économiques, et adéquates en usage léger. Déconseillées pour cycliste pesant, pour vélos chargés ou pour qui roule vite sur mauvaises surfaces.

-La jante double paroi sans oeillet. La paroi extérieure visible est doublée par une paroi interne qui donne une architecture de boîte plus résistante aux impacts.

-La jante double paroi avec oeillet simple. Le trou de l'écrou de rayon est habillé d'un oeillet métallique qui vise à répartir le stress et retarder l'apparition d'un déchirement éventuel du métal de la jante au niveau du trou. Cet oeillet est visible de l'extérieur lorsque le vélo est prêt à rouler. Dans la vidéo suivante, on voit bien l'oeillet en question, et aussi les déchirures qui peuvent survenir lors du vieillissement de la jante.




-La jante double paroi avec un oeillet double. Ici, l'oeillet rejoint la deuxième paroi interne de la jante pour relier les deux parois. La structure de boîte se trouve ainsi stabilisée et renforcée.




Fallait y penser! Il ajoute un autre antivol pour arrimer à un objet fixe et le tour est joué.


Ceux qui achètent des roues complètes comme les Fulcrum, Easton ou Mavic Ksyrium ou Crossmax ne choisissent pas les jantes indépendamment du moyeu. Le poids annoncé par le manufacturier est celui de la roue complète et ce n'est pas évident de savoir le poids de la jante seule. C'est regrettable, car cette dernière donnée est plus importante que le poids de la roue complète. C'est sur cela que je base ma décision en bonne partie. Pour la roue avant, moins sollicitée, je descendrai jusqu'à 400 grammes pour la jante seule. La jante arrière requiert plus de robustesse à cause du poids supporté et de la motricité. Je préfère alors ne pas descendre sous les 460 grammes. Et je n'hésiterai pas à dépasser les 550 grammes pour un cycliste plus exigeant, à cause de son poids et/ou de sa puissance. Pour usage vélo de montagne/descente, on trouve des jantes qui voisinent les 700 grammes. Notez qu'une personne généralement bien informée m'a dit une fois qu'une compagnie française bien connue donnait le poids de ses jantes sans compter le poids des oeillets, qui sont pourtant installés à demeure lors de la fabrication..

Pourquoi tant d'attention sur le poids de la jante? Deux jantes lourdes peuvent littéralement casser la dynamique d'un vélo par ailleurs efficace. Lorsque je conçois un vélo, un de mes soucis est d'éviter de sur-construire le vélo, c'est-à-dire de le faire plus robuste que nécessaire, au détriment de la facilité de pédalage. Les jantes à profil haut donnent un coup d'oeil très moderne, mais peuvent pénaliser le cycliste avec leur poids additionnel qui ajoute de l'inertie. Leurs qualités aérodynamiques, elles, ne seront utilisées qu'à partir de 40 km/h, à ce qu'on m'a dit.

Évidemment, le poids n'est pas le seul critère. Le métal utilisé, la présence de flancs machinés, la technique de construction du joint sont aussi à considérer, mais il reste qu'il n'y a pas de miracle: on ne fera jamais une roue rude-service en taille 700c ou 29'' avec une jante de 380 grammes. Et, très important, on peut faire une mauvaise roue avec une bonne jante: la qualité du travail a beaucoup d'importance. Un détaillant qui vendrait une roue assemblée par un grossiste canadien sans les vérifier aura tôt ou tard un (ou plusieurs) client(s) insatisfait(s). Et c'est probablement comme ça dans tous les pays.



Finalement, il ne faut pas sous-estimer l'importance des jantes. D'ailleurs si vous envisagez l'achat d'un vélo d'occasion, c'est une des premières choses à vérifier. Elles sont souvent fausses, et peuvent souffrir d'un déficit d'entretien. Il faut en tenir compte pour établir un prix juste au moment de l'achat d'un tel vélo, sinon les réparations à venir feront en sorte que ce qui paraissait être un bon achat au départ n'en est finalement pas toujours un.

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Les photos de nature que vous voyez ci-dessus ont été prises récemment dans le secteur du Lac Etchemin dans Chaudière-Appalaches. Si ça vous intéresse, j'organise une randonnée d'à peu près quatre heures, le dimanche 9 juin 2013. Le rendez-vous est à l'église de Saint-Édouard-de-Frampton, à 11:30 heures. Au programme beaucoup de côtes, et beaucoup de gravelle. Préparez-vous en conséquence. Et soyez autonome: pompe, chambre à air de rechange et sandwich: nous ne traverserons peut-être aucun village. C'est long, quatre heures de côtes sans manger...

Dur à battre: défi sportif, belle nature, bons compagnons/compagnes, très faible circulation automobile. Que voulez-vous de plus? Nous scinderons probablement le groupe en deux pour permettre à chacun de rouler à un rhytme qui lui convient.

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Le vélo est très populaire maintenant, au Québec, me disait quelqu'un récemment. J'ai répondu oui, mais...

Oui mais on perd beaucoup de joueurs lorsque la météo n'est pas parfaite. À preuve, le sondage sur meteomedia.com qui nous posait la question: avez-vous fait du vélo cette année? Combien de personnes ont répondu oui? Je me suis amusé à essayer de deviner et je suis tombé pile dessus: 36% en date du 30 mai. C'est beaucoup, si on compare à 1973, mais c'est encore relativement peu, surtout si on considère que parmi ceux qui ont répondu oui, il y en a qui ne l'ont pris qu'une fois ou deux...

*

Le Québécois Martin Léon: Prends-moi tel quel.

jeudi 23 mai 2013

TAISONS-NOUS, L'ENNEMI NOUS ÉCOUTE!






En cours de production: un Falardeau Alu9 de cyclotourisme.


ATC: Absolute Touring Companion. C'est ce qui est écrit sur la base du cadre (en anglais: chainstay) d'un vélo québécois que nous avons réparé hier. Les compagnies de tout poil ne savent plus trop quoi inventer comme slogan pour convaincre l'acheteur potentiel qu'il met la main sur un trésor d'ingéniosité. Il y a quelques années, une grosse compagnie américaine vantait les mérites de ses bases ''Direct Drive'', qui n'étaient qu'une simple variation mineure sur la forme ou l'angle des bases. Ne comptez pas là-dessus pour gagner (ou perdre) une course...

Mais il y a plus ridicule. J'ai un vélo à réparer ici: ''Special Composite   O/S Tubing''. Composite? Vous vous imaginez probablement de la fibre de carbone, mais vous pourriez être déçu.... Quand on regarde bien, non seulement il s'agit d'acier, mais puisqu'il n'y a pas de mention de chrome et de molybdène, on peut facilement supposer que c'est de l'acier haute tension, donc le plus modeste. Les pièces de basse gamme qui ornent ce vélo le confirment. Au sens strict du terme, il s'agit bien d'un composite: fer + carbone = acier. Mais bon...

Un autre bel exemple: cette compagnie québécoise qui vendait des vélos en ''Columbium''. Ne cherchez pas ce mot dans le dictionnaire. Il s'agit d'un terme probablement inspiré de la prestigieuse compagnie italienne Columbus qui fabrique des tubes utilisés par certains fabricants de cadres. Mais ce Columbium n'était qu'un écran de fumée. Aucune sophistication ou légèreté, si ce n'est qu'une ovalisation ici et là, à moins qu'il y ait eu  une quelconque vertu invisible à l'oeil nu. J'en doute beaucoup. Ces vélos étaient eux aussi des vélos très grand-public à petit prix. 

Dans les faits, il s'agit habituellement d'un exercice de marketing qui consiste à différencier, ou en tout cas à faire croire que le produit est vraiment différent, en utilisant une micro-différence aux micro-conséquences. Si tant est qu'il y en ait. Et comme vous vous en doutez, l'industrie du vélo n'est pas la seule à adopter cette stratégie. Le consommateur ne peut pas tout savoir sur tout ce qu'il achète. 

J'entendais récemment les commentaires d'un propriétaire d'une voiture Lotus Elan, modèle sport britannique des années '60. Il disait ''The fundamentals are just right''. C'est-à-dire, le concept de base est tout-à-fait réussi. La voiture est remarquablement légère, donc elle n'a pas besoin d'un gros moteur, donc elle ne consomme pas beaucoup d'énergie, et elle est très maniable, donc très amusante à conduire. C'est l'opposé de cette démarche de micro-différences. Et c'est un succès à long terme: cinquante ans plus tard, cet objet fait encore parler de lui en bien. 


Dimanche dernier, en roulant sur mon Falardeau Alu9, il m'est venu un éclair de génie comme ça vous arrive peut-être parfois lorsque vous roulez. Un slogan que je pourrais écrire sur les Alu9: ''Open Space Quintriple Butted Technology''. Note à moi-même: il faut l'écrire en anglais pour plus de crédibilité, et ajouter Technology à la fin: ça fait toujours son p'tit effet... Qu'est-ce que ça veut dire tout ça? Aucune importance: talk to my lawyers (avec un s, ça fait plus big). 

Sur une note plus sérieuse, il me fera plaisir de vous expliquer, si vous venez à mon magasin, ce qui fait qu'un Alu9 est supérieur. Le principe de base de cette machine. Je ne peux pas l'écrire ici, car ça pourrait donner ma recette sur un plateau d'argent à mes compétiteurs. Taisons-nous, l'ennemi nous écoute... Les grandes idées sont simples, disait ma mère (elle le dit encore). Pour le moment, retenez surtout qu'ils sont conçus pour être à l'aise sur tous les terrains (exceptés les parcours réservés aux vélos de montagne), y compris les parcours les plus côteux. 



Le cimetière Saint-Édouard à Frampton est situé dans un secteur très agréable pour qui aime rouler dans la campagne beauceronne: http://www.leslabelle.com/Cimetieres/AfficherCim.asp?MP=F3&CID=2025
Regardez bien les noms inscrits sur ce qui tient lieu de pierre tombale. Certains sont morts si jeunes qu'ils n'ont pas eu le temps d'avoir un prénom. Ils sont simplement prénommés ENFANT. Ça en dit long sur la fréquence de la mortalité infantile qu'il y avait au Québec au 19ème siècle.

J'ai rencontré l'historien Jean Provencher le lendemain de ma randonnée à Frampton. Je lui ai montré ces photos et il m'a confirmé qu'ici au Québec, l'entretien des cimetières est souvent négligé. Sur la première des deux photos, on voit que la pierre (qui n'en est pas une) a été simplement posée contre un arbre après être tombée.

Les noms de famille confirment l'origine irlandaise de plusieurs des morts. Il était acceptable d'y enterrer aussi des Québécois francophones à cause de la religion catholique qui leur était commune.

Vous pouvez utiliser la référence Internet cité un peu plus haut pour vous guider si vous voulez aller rouler dans ce secteur très agréable. Vous y trouverez beaucoup de tranquilité, même si on n'y rencontre pas que des morts.





Dans la vidéo qui suit, les solistes sont très vivants, eux. D'une habileté impressionnante. La deuxième composition est du grand Charlie Parker: ''Now's the time''.


jeudi 16 mai 2013

DÉGUISÉS EN ASPHALTE.







Mercredi 15 mai, dans plusieurs villes, a lieu le Tour du Silence. Il s'agit d'une randonnée destinée à rappeler à notre souvenir les cyclistes décédés lors d'accidents routiers. Et à inciter automobilistes et cyclistes à plus de prudence et une meilleure cohabitation. Je n'y étais pas, mais je ne serais pas surpris si un certain Louis Garneau y était, habillé de la même couleur que le coupe-vent sur la photo.

En prenant place dans une automobilie, récemment, j'ai constaté à quel point les cyclistes sont peu visibles vu de l'autre côté du pare-brise. Par un quelconque effet cérébro-optique, le cycliste peut vraiment disparaître aux yeux du conducteur. Certains cyclistes choisissent des couleurs tellement discrètes qu'on pourrait presque dire qu'ils sont déguisés en asphalte...

Je porte depuis plusieurs années des vêtements vert fluo comme celui que vous voyez sur la photo ci-dessus. Au début, j'ai simplement profité de liquidations chez un de mes fournisseurs. On prend vite goût à augmenter sa visibilité de cette façon, un peu comme celui qui roule le soir avec des feux électriques. Tant qu'à se procurer des vêtements, autant choisir en fonction des besoins... D'autant plus que ça n'a pas vraiment besoin de coûter cher. Le coupe-vent sur la photo ci-dessus est un bon exemple: je l'offre à ma boutique pour 40$ + taxes (deux tailles populaires en stock). C'est un investissement intéressant, car les maillots et coupe-vents pour vélo sont des vêtements vraiment durables.



J'aime aussi porter des casques aux couleurs voyantes, car lorsqu'on arrive à une intersection où il y a des voitures stationnées le long de la rue, la seule chose que l'automobiliste venant en perpendiculaire verra, en premier, c'est mon casque. Je le préfère jaune. En hiver, blanc, car je roule souvent à l'obscurité. Il existe aussi des clignotants qui se fixent au casque plutôt que sur le vélo.

Je vous encourage donc à passer par-dessus votre gêne, si vous en avez une. Ce qui vous paraît outrageux aujourd'hui, vous pourriez y prendre goût plus vite que vous ne le pensez!




Fascinante émission diffusée récemment à Radio-Canada: Zone doc
La dictature des experts
Radio-Canada, vendredi 10 mai à 21h.

Vous pouvez en avoir un aperçu dans l'article qui suit:

http://www.ledevoir.com/culture/television/377319/television-a-la-une-quand-l-expert-se-perd

Il y est donc question de tous ces experts qui nous éclairent de leur lumière sur tous les sujets possibles. Le cyclisme n'y échappe pas, loin de là. Par exemple, à chaque printemps, certains propriétaires ou gérants de boutiques spécialisées nous apprennent que pour rouler en ville, on a besoin d'un vélo sage et résigné. Et pour faire de la route, ça nous prend tel guidon, ou un vélo dont le coût sera d'au moins x.

Si vous allez sur les forums Internet, ou au départ d'une sortie de club, les experts du dimanche vous expliqueront avec beaucoup d'assurance que sans telle chose vendue avec un logo prestigieux, votre expérience cycliste laissera à désirer. Vous serez même profondément malheureux.

Et juste quand vous pensiez que tout avait été dit sur tel ou tel sujet, un iconoclaste viendra prendre un malin plaisir à déboulonner ce qu'il dit être un mythe. Devant l'exemple qui suit, j'ai eu un peu de mal à me concentrer pour tout écouter. J'ai toujours été un mauvais élève en classe: mon esprit est plus intéressé par tout, sauf ce que le professeur professe.



Il y a un seul conseil-vélo que je peux vous donner, en tant que grand expert, sur lequel je ne changerai jamais d'avis: roulez avec des gens qui ont le sourire facile.



Bootsy Collins est un bassiste avec une feuille de route intéressante: après ses débuts avec James Brown, il a  secondé George Clinton et son groupe Parliament Funkadelic. Le bonhomme est très relax, et parlant de sourire facile, il en est un bon exemple. On a pu l'entendre cette semaine en entrevue avec Jian Ghomeshi:
http://www.cbc.ca/q/2013/05/13/the-racial-politics-of-memes-bootsy-collins-eve-ensler/

Je suppose que je ne suis pas d'humeur très sérieuse aujourd'hui. Bootsy Collins avec Spiderman.

jeudi 9 mai 2013

JE NE SUIS PAS FOU.





Un Falardeau Alu9, version touriste, en cours de production.




J'ai essayé un Gardin, une marque de vélos canadienne qu'on voyait couramment dans les années '80. Je ne sais pas s'ils ont fait autre chose que des vélos cyclosport/course. Celui que j'ai utilisé deux fois depuis la semaine dernière en est un, équipé des pièces de haut-de-gamme Campagnolo Super Record de l'époque. C'est d'ailleurs probablement ce qui explique son poids raisonnable (pour l'époque) de 9.25 kgs.

Essayer un vélo comme ça, surtout quand on est habitué de rouler sur des vélos modernes, c'est un peu comme un voyage dans le temps. Manettes au cadre, transmission non-indexée, roue libre vissée à six pignons, guidon 40 cm sur un vélo fait pour un homme d'à peu près 1.75m, câbles de freins sortant à la verticale, tout vous rappelle le passé.

Le cadre est fait de tubes Columbus "Riverniciato". Je ne connais pas ce modèle. Je ne sais même pas si c'en est un, en fait. Ça signifie "Refait" en italien. En tout cas ça se comporte très bien, un bon compromis entre la rigidité et le confort sur mauvaises surfaces. Mais ne vous attendez pas à être sur un nuage: c'est un vélo de course avec des pneus à haute pression.

Certains cadres faits par d'autres compagnies, avec des tubes Columbus, sont à éviter. Malgré les tubes prestigieux, ils sont peut-être tout simplement ratés au moment de la soudure. Ça donne des cadres peu dynamiques qui semblent protester dès qu'on veut sprinter. Ils semblent raides et sans vie. Et ne vous fiez pas à la marque: un cadreur local réputé peut très bien avoir pondu des trucs détestables. N'oubliez pas qu'il s'agit parfois d'artisans pas toujours très bien équipés, dont une partie de la  clientèle n'est pas toujours très critique.Une bonne partie d'entre eux n'existe plus. Les cadres de vélos de route de haut-de-gamme, peu importe la marque sous laquelle ils sont vendus, sont maintenant habituellement faits pas des ateliers asiatiques, souvent taiwanais, beaucoup mieux équipés car leur volume de production justifie l'acquisition d'outillage onéreux et très spécialisé.

Bref, ce qu'il faut retenir, c'est que dans ce genre d'achat de vélo d'occasion, il faut absolument essayer avant d'acheter, ou faire essayer par plus compétent que soi. Sinon, pour un premier vélo de route, ça peut être un bon achat car c'est la référence sur laquelle les vélos modernes se sont basés pour évoluer comme ils l'ont fait.

Mais je ne voudrais pas rouler en peloton avec ce vélo. La transmission non-indexée est un peu capricieuse et ne donne pas envie de changer de vitesses dans les moments critiques car la chaîne n'engage pas toujours de façon impeccable sur les pignons. Les fabriquants de pièces européens de l'époque n'investissaient pas beaucoup dans la recherche et le développement. Je suis tenté de parler de complaisance, surtout quand on voit les efforts qui ont été faits par les Japonais qui les ont détrônés au point d'en effacer certains de la carte.
R.I.P. Simplex, Spidel et Weinmann.

J'ai acheté ce vélo pour la revente. Je l'offre à 260$cad (tel quel, avec possibilité de restauration/modification) + taxes. Il est très fonctionnel et plutôt agréable, tant qu'on n'exige pas une machine plus moderne habituellement beaucoup plus dispendieuse.



Près de Sainte-Marguerite, en Beauce.


Tom Ritchey en est un qui aime encore beaucoup l'acier (pour les cadres). Vous ne le connaissez pas? C'est un des cyclistes de route qui fait partie de la bande qui a inventé le vélo de montagne dans les années '70 en Californie. Il fabriquait des cadres et a lancé une compagnie bien connue, surtout pour ces éléments de périphérie, mais aussi pour des cadres particulièrement réussis si je me fie à ce que j'ai lu dans la presse spécialisée.

Dans un interview publié à:
 http://reviews.roadbikereview.com/2013-predictions-tom-ritchey-of-ritchey-design
ce bon Tom nous fait partager ses opinions sur la tangente qu'a pris cette industrie du vélo que Colin appelle affectueusement "une industrie de débiles". Je ne pense pas trahir sa pensée en traduisant de la façon suivante: "une industrie où on se préoccupe plus de l'apparence et du marketing que de l'ingéniérie et du gros bon sens".

Extrait de l'interview:

"I thought all road bikes were gravel road bikes? I’ve been riding my bikes on gravel and more accurately—unpaved dirt roads and trails—for decades. It’s good to see 25c tires and wider rims coming back, and more importantly the clearance on bikes to run these bigger rims and tires. For some reason the bike industry ‘innovated’ away from this many years ago, and for a while many top-end carbon bikes haven’t even had room for 25c tires, much less a broken spoke."




Un autre cycliste bien connu qui a pris cette tangente: Andrew Hampsten, ex-vainqueur du Giro d'Italia. Il a pris lui aussi l'habitude de rouler avec des pneus de 28 mm. Très polyvalents, ces pneus lui permettent de ''décheminer'' dans les petites routes du Colorado. Michael Barry également, aime ces chemins où on n'a pas à gérer la circulation automobile ou l'anarchie de certaines pistes cyclables. Parlez-en à Laurent Jalabert, qui vient encore de subir une collision avec une voiture, le 11 mars dernier.

Je sympathise d'autant plus avec ce point de vue que progressivement, au fil des ans, j'en suis venu à apprécier de plus en plus ces paisibles routes de gravelle comme on en trouve si facilement dans les Appalaches québécoises, tout près de chez nous qui vivons dans la ville de Québec. J'ai pratiqué (à divers degrés) toutes les disciplines les plus courantes dans ce sport cycliste durant ces trente-sept dernières années, incluant le vélo utilitaire, et rien ne me plaît autant que de fouiller les petites routes qu'on trouve à l'aide d'une carte détaillée. Une voiture aux dix minutes, des côtes si on en veut, des fermes, des forêts, des érablières, des ruisseaux, des rivières et une sensation d'espace et de liberté qui vaut son pesant d'or. Peut-être même plus.

Je ne suis pas fou: en faisant découvrir ces routes, ces dernières semaines, à des cyclistes qui n'étaient pas familiers avec elles, j'ai bien vu qu'ils les aiment eux aussi, et pas qu'un peu. Comme diraient les Américains: qu'est-ce qu'il y a à ne pas aimer? Contrairement à Tom et à moi, certains d'entre vous ont une mauvaise opinion des routes de gravelle. Non, moi et mes amis ne faisons pas plus de crevaisons sur ces routes. Peut-être même moins: il n'y a pas de vitre cassée sur ces routes. Et elles ne sont pas plus brisées que les routes asphaltées québécoises. Dans certaines descentes on doit ralentir, mais on peut souvent descendre des côtes à plus de 60 à l'heure. Si on veut.




J'ai une paire de pneus neufs en spécial. Installés, désinstallés, jamais roulés. Schwalbe Durano S 700 x 23 noir/bleu. Valeur 140$, réduits à 90$ (+ taxes).



Marianne Trudel est une pianiste-compositrice québécoise. On l'entend ici avec la chanteuse Anne Schaefer.

jeudi 2 mai 2013

AMÉLIORER.



Un cycliste de Colombie-Britannique m'a envoyé la photo de ce Falardeau cyclotouriste qu'il s'est récemment procuré d'occasion. Voir texte plus bas. Photo courtesy of Glen.




La semaine dernière, deux personnes différentes m'ont parlé de leur projet d'améliorer leur vélo. Pour alléger, et peut-être aussi pour le rendre plus agréable. Je le leur ai déconseillé.

Je ne parle pas ici d'entretenir un vélo, mais bien de l'améliorer (en anglais: upgrade). Je me rappelle plus particulièrement du vélo de Roque. C'est un vélo banal, un hybride pas très dispendieux avec un cadre d'aluminium aux parois épaisses. Je peux comprendre qu'il veuille mieux. Mais vous pouvez mettre les pièces que vous voulez là-dessus, ça ne sera jamais un vélo vraiment enthousiasmant. Charles appelait ça un ''rack à pièces'', ce qui n'est pas très flatteur. Il utilisait l'expression souvent à propos des vélos d'une grosse compagnie québécoise qui mettait des pièces de niveau LX ou XT sur des cadres n'importe-quoi (comme il y en a tant...).

Je me rappelle de ce directeur de la programmation de la radio de Radio-Canada qui disait, il y a plusieurs années, que si un dj ne faisait pas l'affaire, on ne lui demande pas de changer. On change de dj, tout simplement. C'est un peu mon point de vue sur l'amélioration des vélos. Il ne faut pas oublier que le marché du vélo d'occasion est très actif, la demande est forte. Et ce n'est pas parce que vous n'avez pas une bonne opinion de votre vélo que personne ne voudra vous en donner un prix qui fera votre bonheur, une somme que vous pourrez réinvestir dans une autre machine. Surtout à ce temps-ci de l'année, alors que le soleil daigne enfin dire bonjour aux montagnes...

Prenez le temps de faire un calcul. Un vélo neuf, moins l'argent de la vente du précédent, ça ne vous coûtera pas nécessairement beaucoup plus que de donner des stéroïdes à votre cheval. D'autant plus qu'avec les stéroïdes, la facture monte vite. Vous voulez obtenir plus pour votre vieux vélo? Revendez-le vous-même, directement à un particulier, vous serez peut-être surpris à quel point c'est facile. Surtout si vous le revendez dans votre entourage, à quelqu'un qui vous connaît. Ne stressez pas là-dessus: soyez franc, honnête. Donnez l'heure juste et vous verrez que beaucoup d'interlocuteurs ont surtout un objectif d'économie et souvent, se fichent pas mal de savoir si le vélo a de grandes qualités. On vous dira peut-être: ''C'est pas pour faire de la compétition!''. Croyez-moi, je l'ai entendu souvent, celle-là.

La personne avec qui j'ai roulé, dimanche dernier, est dans une situation différente. Son vélo est inhabituel: un bon cadre (aluminium, 1.4 kg) habillé avec des pièces Shimano d'entrée de gamme, à l'exception du dérailleur de milieu de gamme. Jantes double paroi Alex. Avec un cadre comme celui-là, on peut consentir un effort sans avoir l'impression de mettre du rouge à lèvre sur un cochon...

Si on me le demande, je commencerais par deux choses. Des pneus de meilleure qualité, et un ensemble souliers/pédales automatiques. Avoir des chaussures aux semelles rigides donnerait un gain d'efficacité et de confort évident. Pas besoin de semelles en fibre de carbone, simplement une semelle sportive qui n'est pas destinée à visiter des musées. Évidemment, si la position du cycliste laissait à désirer, ça me paraîtrait plus urgent à corriger, mais ce n'était pas son cas. Sinon, un changement de potence ne coûte pas cher et peut faire des merveilles. Pour ce qui est des pneus, c'est du cas-par-cas et ça dépend, entre autre, des dimensions que vous avez et de si vous voulez plus ou moins large.

Pour alléger un vélo, le seul élément de la transmission qui peut faire une différence intéressante, c'est le pédalier. Pas besoin d'aller dans le niveau XT ou XTR, il suffit de quitter les modèles de base pour améliorer les choses.

Crucial: des roues bien choisies. Il y aurait tout un chapitre à écrire là-dessus. Tout dépend de votre vélo et de l'usage que vous en faites. Et de votre gabarit. Et de votre style de conduite. Et de la question à savoir si vous roulez chargé ou léger. J'aime des roues qui sont juste assez robustes pour être suffisantes dans les conditions d'utilisation prévues, sans être inutilement lourdes. De cette façon non seulement le vélo grimpe mieux et accélère mieux, mais il sera plus maniable. Un peu d'entretien normal, rien d'exagéré, et le tour est joué. Et de grâce, ne choisissez pas vos roues pour leur apparence. Ce n'est pas parce qu'elles ont l'air rapides qu'elles le sont. Surtout si les jantes sont lourdes, ce qui est plus fréquent que certains semblent le croire.



Saint-Lazare-de-Bellechasse, vu de la Route François-Turgeon.



J'ai reçu le courriel suivant cette semaine, que je vous propose ici suivi de deux courriels de réponse que j'ai envoyés. Le deuxième après avoir reçu la photo de la machine en question, que vous pouvez voir au début de ce message.


Bonjour Monsieur Trepanier,

J'ai un de votre vélos!

Ok, my french is not especially good in writing.  I was wondering if you could help me with a frame I have.  The serial # is M4031xxx, a Falardeau touring design which I have acquired from G. in Pitt Meadows, BC.

Do you have all the measurements for this frame on file, including the angles?  Also, would you be able to provide me with some information on the steel used in the frame (alloy, butting, etc.)?

The first information will help me in fine tuning my fit, before I order components.  As for the second, I am just curious.  It's a great bike!

Merci,

David

Et voici ma première réponse:

Hi David,

Happy to see you have a good machine and that you appreciate it.

I am not sure just from the serial number. A photo would help, although if you look at the entry in my blog, dated April 26th, you'll see two cromoly bikes of different vintages and you may recognize your own. Or not, depending on the color of yours.

Tubing is always 4130 chromoly steel, taiwanese. If memory serves, 26.4 seatpost would indicate a plain gauge tubeset, and 26.6 would be double butted. 27.2 in a steel Falardeau frame always indicates a double butted tubeset.

I don't have the drawing at hand. Geometry is always relatively laid back, typical touring. No revolutionary drastic invention there. Not too aggressive, neither too laid back.

 The earliest Falardeau frames are from about 1999. Before that I started working with Norco frames that I bought from them painted, without decals in most cases. I put my own decals on them.



Et un deuxième message de ma part, le lendemain, après avoir vu la photo:



Hi David,

Your frame is from circa 2004. The last batch of steel frames that were designed by me. All of them were double butted 4130 chromoly. Light and lively, they're the best steel frames I've had.
I still have a few small-sized ones available.

A good bike shop should be able to help for your position. Cycles Lambert (wholesale only) sells a stem adapter which you probably have on your bike: 160246-01. You can rise this part until you reach the minimum insertion line, just like any quill stem. If the frame is the correct size for you, you may find this stem height is high enough, since headwinds and climbing will be less fastidious.

If you want to go further than that,  some stems are either adjustable or simply very high. You want a 1" quill stem, or an ahead stem with the adapter you already have. But these shorten the actual cockpit length and that sometimes means it becomes too short. And a long cockpit can help you have a straight back.

Drop bars don't rise. For that you'd need a riser bar. But that is a more expensive proposition because you would have to change levers, grips and cables. I hope you won't be forced to do that.

Cycles Lambert's stem no. 160075-09 is one possibility of improvement for you, if you don't have the new 31.8 mm handlebar. It's compatible with the old, smaller size.






Abe said: ''Where do you want this killing done?'' and God said: ''Highway 61.''

Ben Sidran reprend le ''Highway 61'' de Bob Dylan.