jeudi 9 mai 2013
JE NE SUIS PAS FOU.
Un Falardeau Alu9, version touriste, en cours de production.
J'ai essayé un Gardin, une marque de vélos canadienne qu'on voyait couramment dans les années '80. Je ne sais pas s'ils ont fait autre chose que des vélos cyclosport/course. Celui que j'ai utilisé deux fois depuis la semaine dernière en est un, équipé des pièces de haut-de-gamme Campagnolo Super Record de l'époque. C'est d'ailleurs probablement ce qui explique son poids raisonnable (pour l'époque) de 9.25 kgs.
Essayer un vélo comme ça, surtout quand on est habitué de rouler sur des vélos modernes, c'est un peu comme un voyage dans le temps. Manettes au cadre, transmission non-indexée, roue libre vissée à six pignons, guidon 40 cm sur un vélo fait pour un homme d'à peu près 1.75m, câbles de freins sortant à la verticale, tout vous rappelle le passé.
Le cadre est fait de tubes Columbus "Riverniciato". Je ne connais pas ce modèle. Je ne sais même pas si c'en est un, en fait. Ça signifie "Refait" en italien. En tout cas ça se comporte très bien, un bon compromis entre la rigidité et le confort sur mauvaises surfaces. Mais ne vous attendez pas à être sur un nuage: c'est un vélo de course avec des pneus à haute pression.
Certains cadres faits par d'autres compagnies, avec des tubes Columbus, sont à éviter. Malgré les tubes prestigieux, ils sont peut-être tout simplement ratés au moment de la soudure. Ça donne des cadres peu dynamiques qui semblent protester dès qu'on veut sprinter. Ils semblent raides et sans vie. Et ne vous fiez pas à la marque: un cadreur local réputé peut très bien avoir pondu des trucs détestables. N'oubliez pas qu'il s'agit parfois d'artisans pas toujours très bien équipés, dont une partie de la clientèle n'est pas toujours très critique.Une bonne partie d'entre eux n'existe plus. Les cadres de vélos de route de haut-de-gamme, peu importe la marque sous laquelle ils sont vendus, sont maintenant habituellement faits pas des ateliers asiatiques, souvent taiwanais, beaucoup mieux équipés car leur volume de production justifie l'acquisition d'outillage onéreux et très spécialisé.
Bref, ce qu'il faut retenir, c'est que dans ce genre d'achat de vélo d'occasion, il faut absolument essayer avant d'acheter, ou faire essayer par plus compétent que soi. Sinon, pour un premier vélo de route, ça peut être un bon achat car c'est la référence sur laquelle les vélos modernes se sont basés pour évoluer comme ils l'ont fait.
Mais je ne voudrais pas rouler en peloton avec ce vélo. La transmission non-indexée est un peu capricieuse et ne donne pas envie de changer de vitesses dans les moments critiques car la chaîne n'engage pas toujours de façon impeccable sur les pignons. Les fabriquants de pièces européens de l'époque n'investissaient pas beaucoup dans la recherche et le développement. Je suis tenté de parler de complaisance, surtout quand on voit les efforts qui ont été faits par les Japonais qui les ont détrônés au point d'en effacer certains de la carte.
R.I.P. Simplex, Spidel et Weinmann.
J'ai acheté ce vélo pour la revente. Je l'offre à 260$cad (tel quel, avec possibilité de restauration/modification) + taxes. Il est très fonctionnel et plutôt agréable, tant qu'on n'exige pas une machine plus moderne habituellement beaucoup plus dispendieuse.
Près de Sainte-Marguerite, en Beauce.
Tom Ritchey en est un qui aime encore beaucoup l'acier (pour les cadres). Vous ne le connaissez pas? C'est un des cyclistes de route qui fait partie de la bande qui a inventé le vélo de montagne dans les années '70 en Californie. Il fabriquait des cadres et a lancé une compagnie bien connue, surtout pour ces éléments de périphérie, mais aussi pour des cadres particulièrement réussis si je me fie à ce que j'ai lu dans la presse spécialisée.
Dans un interview publié à:
http://reviews.roadbikereview.com/2013-predictions-tom-ritchey-of-ritchey-design
ce bon Tom nous fait partager ses opinions sur la tangente qu'a pris cette industrie du vélo que Colin appelle affectueusement "une industrie de débiles". Je ne pense pas trahir sa pensée en traduisant de la façon suivante: "une industrie où on se préoccupe plus de l'apparence et du marketing que de l'ingéniérie et du gros bon sens".
Extrait de l'interview:
"I thought all road bikes were gravel road bikes? I’ve been riding my bikes on gravel and more accurately—unpaved dirt roads and trails—for decades. It’s good to see 25c tires and wider rims coming back, and more importantly the clearance on bikes to run these bigger rims and tires. For some reason the bike industry ‘innovated’ away from this many years ago, and for a while many top-end carbon bikes haven’t even had room for 25c tires, much less a broken spoke."
Un autre cycliste bien connu qui a pris cette tangente: Andrew Hampsten, ex-vainqueur du Giro d'Italia. Il a pris lui aussi l'habitude de rouler avec des pneus de 28 mm. Très polyvalents, ces pneus lui permettent de ''décheminer'' dans les petites routes du Colorado. Michael Barry également, aime ces chemins où on n'a pas à gérer la circulation automobile ou l'anarchie de certaines pistes cyclables. Parlez-en à Laurent Jalabert, qui vient encore de subir une collision avec une voiture, le 11 mars dernier.
Je sympathise d'autant plus avec ce point de vue que progressivement, au fil des ans, j'en suis venu à apprécier de plus en plus ces paisibles routes de gravelle comme on en trouve si facilement dans les Appalaches québécoises, tout près de chez nous qui vivons dans la ville de Québec. J'ai pratiqué (à divers degrés) toutes les disciplines les plus courantes dans ce sport cycliste durant ces trente-sept dernières années, incluant le vélo utilitaire, et rien ne me plaît autant que de fouiller les petites routes qu'on trouve à l'aide d'une carte détaillée. Une voiture aux dix minutes, des côtes si on en veut, des fermes, des forêts, des érablières, des ruisseaux, des rivières et une sensation d'espace et de liberté qui vaut son pesant d'or. Peut-être même plus.
Je ne suis pas fou: en faisant découvrir ces routes, ces dernières semaines, à des cyclistes qui n'étaient pas familiers avec elles, j'ai bien vu qu'ils les aiment eux aussi, et pas qu'un peu. Comme diraient les Américains: qu'est-ce qu'il y a à ne pas aimer? Contrairement à Tom et à moi, certains d'entre vous ont une mauvaise opinion des routes de gravelle. Non, moi et mes amis ne faisons pas plus de crevaisons sur ces routes. Peut-être même moins: il n'y a pas de vitre cassée sur ces routes. Et elles ne sont pas plus brisées que les routes asphaltées québécoises. Dans certaines descentes on doit ralentir, mais on peut souvent descendre des côtes à plus de 60 à l'heure. Si on veut.
J'ai une paire de pneus neufs en spécial. Installés, désinstallés, jamais roulés. Schwalbe Durano S 700 x 23 noir/bleu. Valeur 140$, réduits à 90$ (+ taxes).
Marianne Trudel est une pianiste-compositrice québécoise. On l'entend ici avec la chanteuse Anne Schaefer.
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