jeudi 23 mai 2013

TAISONS-NOUS, L'ENNEMI NOUS ÉCOUTE!






En cours de production: un Falardeau Alu9 de cyclotourisme.


ATC: Absolute Touring Companion. C'est ce qui est écrit sur la base du cadre (en anglais: chainstay) d'un vélo québécois que nous avons réparé hier. Les compagnies de tout poil ne savent plus trop quoi inventer comme slogan pour convaincre l'acheteur potentiel qu'il met la main sur un trésor d'ingéniosité. Il y a quelques années, une grosse compagnie américaine vantait les mérites de ses bases ''Direct Drive'', qui n'étaient qu'une simple variation mineure sur la forme ou l'angle des bases. Ne comptez pas là-dessus pour gagner (ou perdre) une course...

Mais il y a plus ridicule. J'ai un vélo à réparer ici: ''Special Composite   O/S Tubing''. Composite? Vous vous imaginez probablement de la fibre de carbone, mais vous pourriez être déçu.... Quand on regarde bien, non seulement il s'agit d'acier, mais puisqu'il n'y a pas de mention de chrome et de molybdène, on peut facilement supposer que c'est de l'acier haute tension, donc le plus modeste. Les pièces de basse gamme qui ornent ce vélo le confirment. Au sens strict du terme, il s'agit bien d'un composite: fer + carbone = acier. Mais bon...

Un autre bel exemple: cette compagnie québécoise qui vendait des vélos en ''Columbium''. Ne cherchez pas ce mot dans le dictionnaire. Il s'agit d'un terme probablement inspiré de la prestigieuse compagnie italienne Columbus qui fabrique des tubes utilisés par certains fabricants de cadres. Mais ce Columbium n'était qu'un écran de fumée. Aucune sophistication ou légèreté, si ce n'est qu'une ovalisation ici et là, à moins qu'il y ait eu  une quelconque vertu invisible à l'oeil nu. J'en doute beaucoup. Ces vélos étaient eux aussi des vélos très grand-public à petit prix. 

Dans les faits, il s'agit habituellement d'un exercice de marketing qui consiste à différencier, ou en tout cas à faire croire que le produit est vraiment différent, en utilisant une micro-différence aux micro-conséquences. Si tant est qu'il y en ait. Et comme vous vous en doutez, l'industrie du vélo n'est pas la seule à adopter cette stratégie. Le consommateur ne peut pas tout savoir sur tout ce qu'il achète. 

J'entendais récemment les commentaires d'un propriétaire d'une voiture Lotus Elan, modèle sport britannique des années '60. Il disait ''The fundamentals are just right''. C'est-à-dire, le concept de base est tout-à-fait réussi. La voiture est remarquablement légère, donc elle n'a pas besoin d'un gros moteur, donc elle ne consomme pas beaucoup d'énergie, et elle est très maniable, donc très amusante à conduire. C'est l'opposé de cette démarche de micro-différences. Et c'est un succès à long terme: cinquante ans plus tard, cet objet fait encore parler de lui en bien. 


Dimanche dernier, en roulant sur mon Falardeau Alu9, il m'est venu un éclair de génie comme ça vous arrive peut-être parfois lorsque vous roulez. Un slogan que je pourrais écrire sur les Alu9: ''Open Space Quintriple Butted Technology''. Note à moi-même: il faut l'écrire en anglais pour plus de crédibilité, et ajouter Technology à la fin: ça fait toujours son p'tit effet... Qu'est-ce que ça veut dire tout ça? Aucune importance: talk to my lawyers (avec un s, ça fait plus big). 

Sur une note plus sérieuse, il me fera plaisir de vous expliquer, si vous venez à mon magasin, ce qui fait qu'un Alu9 est supérieur. Le principe de base de cette machine. Je ne peux pas l'écrire ici, car ça pourrait donner ma recette sur un plateau d'argent à mes compétiteurs. Taisons-nous, l'ennemi nous écoute... Les grandes idées sont simples, disait ma mère (elle le dit encore). Pour le moment, retenez surtout qu'ils sont conçus pour être à l'aise sur tous les terrains (exceptés les parcours réservés aux vélos de montagne), y compris les parcours les plus côteux. 



Le cimetière Saint-Édouard à Frampton est situé dans un secteur très agréable pour qui aime rouler dans la campagne beauceronne: http://www.leslabelle.com/Cimetieres/AfficherCim.asp?MP=F3&CID=2025
Regardez bien les noms inscrits sur ce qui tient lieu de pierre tombale. Certains sont morts si jeunes qu'ils n'ont pas eu le temps d'avoir un prénom. Ils sont simplement prénommés ENFANT. Ça en dit long sur la fréquence de la mortalité infantile qu'il y avait au Québec au 19ème siècle.

J'ai rencontré l'historien Jean Provencher le lendemain de ma randonnée à Frampton. Je lui ai montré ces photos et il m'a confirmé qu'ici au Québec, l'entretien des cimetières est souvent négligé. Sur la première des deux photos, on voit que la pierre (qui n'en est pas une) a été simplement posée contre un arbre après être tombée.

Les noms de famille confirment l'origine irlandaise de plusieurs des morts. Il était acceptable d'y enterrer aussi des Québécois francophones à cause de la religion catholique qui leur était commune.

Vous pouvez utiliser la référence Internet cité un peu plus haut pour vous guider si vous voulez aller rouler dans ce secteur très agréable. Vous y trouverez beaucoup de tranquilité, même si on n'y rencontre pas que des morts.





Dans la vidéo qui suit, les solistes sont très vivants, eux. D'une habileté impressionnante. La deuxième composition est du grand Charlie Parker: ''Now's the time''.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire