Ça a commencé par un petit coup perçu au niveau de la roue arrière. Qui était de moins en moins petit à mesure que le temps passait. Spécialement évident dans les descentes, lorsque la vitesse augmente. Après vérification, non, les rayons n'étaient pas mous, et la roue n'était pas fausse.
Finalement, je me suis arrêté sur le bord de la rue, et malgré l'obscurité j'ai rapidement vu ce que vous voyez sur la photo ci-dessus. C'est une rupture du flanc du pneu: la tringle du pneu reste en place, dans la jante, mais le flanc s'en détache progressivement à mesure que la déchirure augmente. Normalement la chambre à air ne tient pas le coup. Sous la pression, elle se brise et c'est la crevaison. Alors pourquoi n'a-t-elle pas éclaté cette fois-ci?
La réponse est simple: c'est une chambre à air de type ''thornproof'', c'est-à-dire à l'épreuve des épines. Elle est faite avec une surabondance de caoutchouc et elle est lourde. C'est pourquoi je ne les utilise que l'hiver. Mais elles sont d'une robustesse spectaculaire. Il m'est même arrivé, il y a plusieurs années, d'avoir un trou gros comme un pois dans la semelle du pneu, là où le contact se fait avec la route, et la chambre à air touchait le sol à chaque tour de roue. Il y avait de l'usure sur la chambre à air à cet endroit! Malgré cela, elle n'avait pas éclaté et je m'étais rendu à bon port sans encombre. Quand je vous dis qu'elles sont épaisses, croyez-moi, elles sont vraiment épaisses...
Cette fois, encore, elle a tenu bon et j'ai pu faire les derniers kilomètres sans marcher. Ça fait des années que j'en utilise, l'hiver, et je n'ai pas fini de les préférer. Car des crevaisons, lorsqu'il fait -10 ou -20 Celsius, vous pouvez deviner ce que j'en pense...
Le pneu que j'avais coutume de mettre sur la roue arrière (copie de Avocet Cross 700 x 28) est retiré du catalogue. Seule la version 32 mm est encore disponible. Je l'ai remplacé par un pneu moins basique, un pneu de cyclocross 700 x 30, le Schwalbe CX Pro Sport. C'est un pneu de milieu de gamme à tringle rigide, qui n'est pas spécifiquement destiné à l'hiver, mais qui me semble prometteur compte tenu du dessin. L'importateur me dit qu'il en vend beaucoup, et je n'ai pas de peine à le croire. Il est d'ailleurs en rupture de stock pour les deux prochaines semaines. Le voici:
Ce que j'attends d'un pneu en hiver, c'est d'abord et avant tout que la direction soit le plus fiable possible. Nous avons fréquemment à Québec des conditions de neige abondante, et les pneus à crampons métalliques m'attirent moins dans de telles conditions, car ils sont plutôt orientés vers un usage sur glace. Il n'y a pas de consensus là-dessus chez les cyclistes hivernaux québécois. Mon opinion est basée sur un essai que j'ai fait dans le passé, et aussi sur ce que j'ai observé chez mes amis qui utilisent les pneus à crampons métalliques qui, soit dit en passant, ne se valent pas tous. C'est une de ces situations où on remarque que sur neuf personnes, il y a dix opinions différentes...
La rivière Montmorency, à l'est de Québec, février 2014.
Petite parenthèse:
Je pense à ceux qui, tout simplement, s'intéressent au vélo en général. Mais aussi à ceux qui en réparent, de toutes sortes, ou même en restaurent. C'est pourquoi il sera question des différents standards qui ont été utilisés, par exemple dans le cas des roulements de bille. Mais aussi les différentes sortes de vélos, les marques qui ont dominé, la place occupée par les différents pays producteurs au fil des décennies, les différentes technologies en vogue, etc .Bref, un condensé de culture cycliste.
Fin de la parenthèse.
À Saint-Ferréol-les-Neiges, février 2014
J'ai finalement changé les deux pneus, et j'ai constaté que les deux côtés de la jante avant n'avaient pas le même degré d'usure. Lorsqu'on met les doigts sur chaque côté de la jante, on constate une différence d'épaisseur anormale. C'est très probablement dû à l'abrasion lors du freinage dans nos belles côtes de la Ville de Québec. Tant pis, j'ai mis une roue neuve.
Pas de grosse dépense là. J'ai mis une jante simple paroi avec un moyeu générique. Avec tout ce que subira cette roue, j'aime autant ne pas mettre trop d'argent dessus. Deux bonnes raisons de mettre une jante simple paroi:
-Le prix très bas, évidemment.
-La légèreté. Une belle jante MAVIC serait plus solide, mais la roue avant est moins sollicitée que la roue arrière, et elle aura bien d'autres raisons d'aller à la poubelle que le simple fait d'être trop fausse pour être réparée.
Mon expérience avec des roues avant simple paroi en hiver est positive. Mon style de conduite n'est pas trop agressif, mon poids n'est pas trop exigeant. De plus, un des anciens patrons chez l'importateur Cycles Lambert me faisait remarquer que la chambre à air, en mettant sa pression sur les écrous de rayons, les stabilise et aide la jante à rester droite. Ce qui contredit la piètre réputation qu'elles ont chez beaucoup de consommateurs qui exigent, lorsqu'ils envisagent un achat de vélo, la présence de jantes double paroi. Normal, dans leur cas, car ils ne rouleront pas l'hiver et là, des facteurs comme l'usure de la jante ou les écrous figés par le calcium ne rentrent pas dans l'équation. La solidité d'une jante double paroi de bonne qualité devient automatiquement plus désirable. D'ailleurs, les vélos Falardeau que je fabrique sont tous systématiquement proposés avec des jantes double parois. En ce moment, ce sont principalement des Alex DM-18 ou des MAVIC A319, ou bien des Ambrosio Evolution ou des Ritchey Aero. Dans le cas des roues de 26'', ce sont souvent des Alex Ace19.
En roulant sur la rue Père-Marquette, cette semaine, je me disais qu'il doit sûrement y avoir, parfois, des automobilistes tellement frustrés de ne pas pouvoir tourner à gauche, qu'ils le font quand même en s'engageant en contre-sens malgré l'interdiction qu'on voit clairement sur la photo ci-dessous:
Justement, comme par hasard, j'ai vu une Chrysler Intrepid exécuter précisément cette manoeuvre, hier soir. Et à l'intersection suivante, l'arrêt obligatoire a été complètement escamoté par notre intrépide.
Il faut savoir que ces aménagements sont récents. Ils sont destinés à réduire l'achalandage automobile sur une rue (Père-Marquette) qualifiée de ''vélo-boulevard'' par les autorités municipales.Si vous regardez attentivement, au centre de la photo, vous verrez mon vélo qui est stationné, le temps d'une photo, dans la direction où la plupart des cyclistes circulent.
Tout en étant une minorité, ce genre d'attitude chez les automobilistes peut être observée de temps en temps. Certainement assez souvent pour obliger les cyclistes à ne rien prendre pour acquis.
Les conditions neigeuses que vous voyez sur cette photo m'ont permis de faire un premier véritable test de neige des pneus Schwalbe CX Pro dont je parle plus haut. La neige et le vent étaient sufisamment présents depuis hier soir pour décider les écoles de la région à fermer pour la journée.
Les CX Pro se sont comportés exactement comme je l'espérais. La direction est fiable, et leur largeur modérée (30 mm) les rend à l'aise dans la neige abondante. La traction que donne le pneu arrière est impeccable, le dessin de la semelle le rend très mordant dans la neige.
Après les avoir gonflé à 70 psi, je me suis dit que c'est trop. Ils cognent un peu dûrement sur les surfaces les plus inégales et une pression plus basse leur permettrait d'arrondir les angles un peu. Je dois mentionner que je ne les ai pas essayés avec des chambres à air régulières (voir plus haut), ce qui pourrait peut-être être un facteur dans ma perception des choses. Sinon, c'est le bonheur, et ne soyez pas surpris si je les adopte pour plusieurs années en tant qu'utilisateur et en tant que détaillant.
John Surman, ici au saxophone baryton, accompagné par Jack DeJohnette au clavier. Enregistré en janvier 1981 et tiré de l'album ''The Amazing Adventures of Simon Simon''.
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