dimanche 1 juillet 2012
TEMPÊTE DE CERVEAUX.
Le Pont de Québec, et en arrière-plan le Pont Pierre-Laporte, vus de Saint-Romuald. Mai 2012.
Je ne fais pas que perdre des choses, comme le vieil odomètre fatigué dont le socle s'est brisé en roulant, hier. J'en trouve, aussi. En roulant, aussi. Il n'y a pas longtemps, j'ai trouvé à Québec une paire de gants cyclistes de haut-de-gamme pratiquement neufs. S'ils sont à vous, dites-moi leur marque, leur couleur et leur taille et je vous les rendrai avec plaisir.
Mais quand je les ai regardés la première fois, je me suis dit que ça ne devait pas être très durable: les poches de gel de la paume sont maintenues en place par... des petits filets! J'avais des doutes.
Je ne me suis pas trompé. Dès la deuxième utilisation, un des filets commence à déchirer. Comment pourrait-il en être autrement? La compagnie semble argumenter que ce concept vise à aérer les mains. Pas besoin de les tester longtemps pour confirmer ce que la logique fait supposer au premier coup d'oeil.
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Quand on roule à vélo, on peut effectivement remarquer toutes sortes de choses sur le sol qu'on ne remarquerait pas en voiture, et encore moins en autobus. J'ai aussi trouvé un camion la semaine dernière. Vous me direz, tout le monde peut voir un camion, pas besoin d'être en vélo pour ça. C'est vrai, mais ce que j'ai remarqué, c'est que les clés du camion étaient tombées par terre. Un beau F150 rutilant dont Jeremy Clarkson avait dit: ''They're perfect for what Americans do: incest, mostly....'' Et vlan! Le plus surprenant, c'est qu'ils n'aient pas coupé ça au montage...
Quand la femme m'a vu à travers la porte de sa résidence, elle était visiblement inquiète. D'un air de dire: ''Un cycliste? Qu'est-ce qu'il nous veut? N'en connais pas, moi, des cyclistes...'' Mais quand je lui ai donné les clés, après lui avoir demandé si le Ford était bien à elle, elle était bien heureuse et m'a remercié deux fois plutôt qu'une.
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L'année 2012, dans le domaine du commerce des vélos au Québec, n'est pas une grande année. Il y a des bonnes semaines, mais il y en a aussi des plus tranquilles. Et quand je vois ça dans mon magasin, je ne m'inquiète pas, car je sais que c'est pareil dans les autres magasins. Ça m'a été confirmé par un représentant cette semaine, un vendeur qui parle à chaque jour avec des propriétaires de magasin.
J'ai un processus de réflexion lancé sur la question du volume de mes ventes de vélos. Il y a quelque chose qui me chicote: j'ai les bons vélos, les gens qui les voient les aiment et ceux qui en possèdent les apprécient beaucoup. J'ai le bon emplacement: en plein centre-ville à distance à peu près égale de toutes les banlieues, même si ce n'est pas une rue très passante (tant mieux ça coûte moins cher). J'ai les bons prix: normal, j'ai des coûts d'opération sous contrôle. Alors, qu'est-ce qui m'empêche d'en vendre plus? Je devrais en vendre plus. Il n'y a pas de raison pour que je n'en vende pas plus. Ou plutôt oui, il y en a une.
Mon explication, c'est qu'il y a un manque de notoriété. On voit de plus en plus de vélos Falardeau dans les stationnements de vélos, dans les rues et sur les routes. Mais je n'ai pas encore atteint cette masse critique qui ferait que la marque aurait un momentum appréciable dans le marché. J'ai commencé à faire une tempête de cerveaux sur la question. Les Américains appellent ça ''brainstorming''. Les idées commencent à sortir, et si vous en avez de votre côté, elles sont toutes bienvenues.
Mais ne me demandez pas de faire une campagne de publicité classique à grand renfort de $$$. Je n'ai pas confiance dans la rentabilité de ce genre d'effort. Ma cousine qui travaille dans ce domaine m'a confirmé mes impressions: quand on veut qu'une telle campagne fonctionne, il faut investir beaucoup, sinon ça ne donne pas de résultats. De toutes façons, ces slogans un peu bidons martelés dans la tête des gens, j'ai une aversion spontanée pour ça. Pas plus que je n'ai envie de commanditer une équipe de coureurs cyclistes. Ça m'avait été déconseillé par un propriétaire de boutique, il y a quelques années, qui était agacé par l'attitude des coureurs concernés. D'autant plus que la majorité de ma clientèle a peu d'intérêt pour les courses de vélos locales.
Pour ce qui est de ma capacité de production, elle peut augmenter. D'autant plus que je peux en préparer en automne et en hiver, quitte à ne pas compléter le travail pour pouvoir les modifier facilement afin qu'ils correspondent aux goûts des clients. C'est facile de mesurer la capacité de production. Il suffit de regarder les délais entre le moment de la commande et le moment de la prise en main par le client. Traditionnellement, mon objectif est de deux semaines. Cette année, au plus fort de la saison, on en était à quatre semaines alors que récemment, ça a descendu jusqu'à neuf ou dix jours.
En fait, cette année, j'ai eu du succès avec les vélos qui avaient été montés d'avance durant l'hiver. Ils se sont tous vendus à l'exception d'un seul dont je savais que je prenais plus de risque à cause du genre de vélo. Ça m'encourage à en préparer plus pour la saison 2013. Et je prévois garder la formule du groupe intégral. Elle a du succès depuis que je l'offre. J'ai fait un tout-Alivio 3 x 9 cette semaine et le vélo avait fière allure. Le prix de 765$ est suffisamment abordable pour que le client en question se paie une fourche en fibre de carbone moyennant supplément. Je viens de calculer le prix d'un tout-Deore 3 x 9, et ça donne un prix de 1035$. Veuillez noter que tous ces prix n'incluent pas les taxes. Également, le tout-Deore est disponible sans supplément avec les leviers de vitesses et le dérailleur arrière Deore LX puisque j'ai un fournisseur qui m'en offre une version au même prix.
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Récemment, deux jeunes sont venus me voir en me demandant si j'avais un vélo d'occasion disponible. Pas n'importe quelle vieille guenille, mais plutôt un vélo intéressant. ''Vintage'', c'est ce qu'ils m'ont dit. Traduction, un vélo qui peut remonter aux années '80, ou même '70, mais aussi un vélo qui a de l'allure, ou du moins qui en avait.
Pour un petit budget, ça peut être le meilleur achat. Ces vélos de course ou de tourisme sont raisonnablement légers et bien plus dynamiques que ce qu'on trouve dans les grandes surfaces, neuf, au même prix. Quoique c'est préférable de les connaître: certains de ces vélos ont plus de prestige que de réelle qualité.
Et c'est vrai que si vous allez stationner un vélo à la vue de tous pendant x heures sur une base régulière, vous ne voulez probablement pas le faire avec une machine dispendieuse. Pas dans une ville où le risque de vol est réel.
Mais je ne m'ennuie pas de ces vélos que j'utilisais beaucoup à l'époque. Je leur préfère largement les vélos que je fabrique, plus légers, plus ergonomiques. J'y ai concrétisé des années de réflexion et j'y ai intégré les modernisations que j'aime, en laissant de côté celles qui relèvent plutôt du marketing mercantile.
Un peu de la même façon, j'ai écouté la musique des années '70 et '80 avec intérêt et je l'ai apprécié à sa juste valeur. Je n'ai pas suivi les carrières de Charlie Parker ou de John Coltrane parce que j'étais trop jeune, mais je me suis dit que je pouvais savourer celles de Jack de Johnette ou du Art Ensemble of Chicago, ou même la dernière partie de celle de Miles Davis.
Mais ne me parlez pas d'un quelconque âge d'or du jazz ou du classique. Aucune époque n'a le monopole du génie et je suis très heureux de découvrir celui d'aujourd'hui. Ils n'inventent pas le jazz: c'est déjà fait. Mais ils ont le mérite de le faire évoluer, sur la base de tout ce qui a déjà été fait. Et ils sont nombreux. Pour ne citer qu'eux, Brad Melhdau, Robert Glasper, Vijay Iyer sont des exemples de cette musique bien vivante. Sans parler de certains Québecois et Québecoises qui sont très valables.
Ici, Iyer reprend justement une musique ''vintage'' qui, entre ses mains, vieillit très bien.
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