jeudi 11 juillet 2013

C'ÉTAIT L'BON TEMPS!





Dans les Appalaches.




En écoutant la radio, la semaine dernière, j'ai entendu des phrases qui ont retenu mon attention. Il s'agissait de l'émission ''Ideas'', à CBC-FM (en anglais). L'émission réunissait des scientifiques, dont au moins un était professeur à l'Université McGill de Montréal. On y donnait des conseils aux étudiants.

''I don't trust my judgment, ever'' (Je ne fais jamais confiance à mon propre jugement). Et dans le même ordre d'idées: ''...the ability to observe without prejudging''. Dans les conversations entre cyclistes, on entend parfois des gens très sûrs de leurs opinions, ou du moins de celles des autres qu'ils répètent sans nécessairement les remettre en question.

''Love your data'' (Aimez vos données). Les chiffres parlent. Regardez mon message de la semaine dernière sur le poids des vélos, c'est un exemple de données éloquentes.





Robert a eu la gentillesse de penser à moi lorsqu'il a trouvé un livre dans son grenier: ''Vélocipédie et Automobilisme''. 1898! Et il est en très bon état.

On y parle beaucoup plus de vélos que de voitures, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de l'époque, car l'automobile était marginale en cette fin de siècle. Je ne l'ai que brièvement survolé, mais ça ne m'a pas empêché de trouver des passages très divertissants. Voici un exemple:

''Ayez un frein. Les très forts cyclistes considèrent cette précaution comme humiliante pour leur amour-propre. Ils prétendent qu'on doit être en état d'arrêter sa machine avec la seule pression des pieds appuyant sur les pédales et les retenant au moment où elles se relèvent, et, lorsque cela ne suffit pas, avec le bout du pied qu'on introduit adroitement entre la fourche et le pneu.

Tâchez, en effet, d'atteindre à cette maëstria; mais ne renoncez cependant pas à cette suprême ressource des cas innatendus, désespérés.

Le seul inconvénient du frein est de surcharger votre machine de quelques décagrammes. Ce serait une raison sérieuse si vous montiez en course; mais, si vous ne faites que de l'amateurisme, vous devez tout subordonner à l'intégrité de vos membres.''

Notez qu'il est question de vélos à pignon fixe, ici. D'où la suggestion de la seule pression des pieds. Le cycliste dans la vidéo qui suit avait intérêt à avoir au moins un frein lui aussi...

Il ne porte pas de casque, mais il a une cravate. C'est au moins ça...




Plus loin, il est question de l'habillement idéal pour les dames cyclistes. ''L'auteur a demandé l'avis de nombreuses artistes de la plume, du pinceau et de la scène. En grande majorité, les interviewées de M. de Loris donnent la préférence à la jupe, qu'elles proclament infiniment plus gracieuse et plus seyante. Elles déclarent à l'envi que la femme doit rester femme dans toutes les circonstances de la vie, et que seule la jupe longue et flottante peut lui conserver son charme et son mystère...

...Nous partageons au contraire l'opinion de celles qui préconisent la culotte, et cela pour plusieurs raisons. Les pédalières sérieuses, en effet, n'ont pas tardé à reconnaître tous les inconvénients, tous les dangers de la jupe.... en outre, elle rend absolument impossible l'emploi de la machine à cadre (bicyclette d'homme), qui est beaucoup plus rigide, plus solide et plus sûre que la machine dite de dame.''


Plus loin dans le livre, il est question de l'automobile:

''Quant à l'électricité, le jour où la science aura réussi à emmagasiner une force considérable sous un poids et un format minimes, elle sera le moteur idéal, car elle permet de supprimer bielles et manivelles, et par conséquent les secousses et les trépidations, inconvénients sérieux des voitures à pétrole actuelles.''

Et si vous voulez des trépidations, posez-vous un Turbospoke sur votre vélo, comme ça vous n'aurez pas besoin de cravate pour être en sécurité::



''L'automobile est sortie de la période chaotique dépourvue surtout d'un avant convenable. Ne devrait-elle pas s'inspirer des animaux conçus pour fendre aisément l'air, les ondes, et s'effiler comme les traîneaux, les navires, en une proue élégante, agrémentée de figures ou d'ornements qui seraient faciles à trouver?''

Le message semble avoir été entendu...

*
I used to think that I should watch TV
I used to think that it was good for me
Wanted to know what folks were thinking
To understand the land I live in
And I would lose myself
And it would set me free


David Byrne et Saint-Vincent:

2 commentaires:

  1. Dans mon temps le turbospoke consistait à un paquet de cigarettes vide déchirée à 1 pouce de largeur et attachée avec une épingle de corde à linge et qui frottait sur les "rés" du bicycle :-)
    J'en reviens pas des gadgets que les jeunes peuvent aujourd'hui installés sur leur vélo : du miroir à l'effigie de leur héros de film aux poignées de guindon aux odeurs de fraise, de vanille....

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  2. Dans ton temps, c'était aussi mon temps. La seule chose qui manquait, c'était l'amplificateur en forme d'échappement, mais c'était déjà assez bruyant comme ça.
    Le seul gadget que mon fils de 11 ans a réclamé pour son vélo, c'est un panier! Je ne m'attendais pas à ça, mais ça montre bien qu'il est pragmatique: une boîte à lunch se transporte vraiment mieux ainsi. Il trouve ça cool, et il est le seul de ses amis à en avoir un...

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