Permettez-moi, ici, de ne pas parler de dérailleurs, de pistes cyclables ou de la plus grosse (ou petite) compagnie de vélo au monde. Mais ceux qui s'occupent du business international des vélos ne peuvent éviter de considérer la culture asiatique. Car le moyeu de la planète vélo, c'est Taiwan et la Chine.
On dit souvent que cette culture est différente, sans nécessairement expliquer en quoi elle peut l'être. Depuis mon premier voyage au Vietnam, en 1993, j'ai côtoyé non seulement des Vietnamiens, mais aussi des Taiwanais. Et en lisant un livre co-signé par Kim Thuy, récemment (À toi, 2011, Libre Expression), j'ai trouvé quelques paragraphes qui, je trouve, expriment admirablement bien des différences fondamentales entre eux et nous, et qui expliquent des comportements et des attitudes qu'on peut observer tous les jours. Kim Thuy est une québécoise née au Vietnam.
À propos du temps:
''Je comptais sur toi pour m'enseigner les temps des verbes, dont les subtilités du subjonctif, justement. En vietnamien, le verbe est toujours à l'infinitif. On ajoute des particules qui indiquent le passé ou le futur: rencontrer hier, rencontrer demain, rencontrer déjà. Le temps est une notion imprécise...
...En Amérique du Nord, tout est chronométré, noté, calculé. Les invités à une soirée arrivent presque toujours en même temps parce que tout le monde respecte l'heure prévue à la minute près. Les événements sont placés sur la ligne du temps, en ordre chronologique minutieux, presque maniaque, afin d'établir la chaîne des actions et des réactions: qu'est-ce qui a provoqué, aura provoqué ou aurait pu provoquer quoi et à quel moment, et comment et pourquoi? Il devient alors nécessaire de conjuguer le futur antérieur, le passé simple, le conditionnel, le plus-que-parfait, le subjonctif aux temps composés ou surcomposés, aux aspects imperfectif ou statique, à la voix passive ou moyenne...''
À propos d'être ensemble:
''Il est très rare de voir un Vietnamien, et plus encore une Vietnamienne, attendre seul chez le médecin ou ailleurs. Ils sont toujours accompagnés. Une fois, j'ai demandé à un garçon pourquoi il perdait son temps dans la cour d'école à attendre son ami qui passait un examen de trois heures. Il ne saisit pas immédiatement le sens de ma question.
-Pourquoi restes-tu au soleil à ne rien faire alors que tu peux t'amuser à la maison ou ailleurs?
-Je ne perds pas mon temps. Je suis avec mon ami.
En amitié, le temps de l'un semble se greffer au temps de l'autre. Les minutes ne sont plus comptées, car elles ont été données à l'autre, non pas comme un cadeau mais comme une offrande, une preuve de dévouement.''
J'ai dû m'adapter. Mon épouse aussi. Nous sommes parfois fascinés de voir que, malgré le fait que nous sommes diamétralement opposés autant par le tempérament que par la culture, nous sommes d'accord sur beaucoup de sujets.
Yvon Guillou était un Québécois d'origine française qui s'est impliqué beaucoup dans les compétitions cyclistes au Québec jusque dans les années '80. Il est maintenant décédé et la Ville de Québec a baptisé une rue à son nom, au pied de la Côte Salaberry.
Après une année 2013 plutôt ordinaire, l'industrie mondiale du vélo n'est pas pessimiste, mais l'humeur est à la prudence. La situation économique en Europe, combinée à la météo maussade en Amérique du Nord a contribué à laisser trop d'inventaire dans les entrepôts. Les fabriquants sont donc réticents et cet état de fait pourrait contribuer à des pénuries chez les distributeurs pour qui veut regarnir son magasin en cours de saison. C'est en Asie qu'il y a une croissance de la demande en ce moment et les fabriquants s'en réjouissent forcément.
Il y a des pays où, en guise de salutations, on vous demande: ''Avez-vous mangé aujourd'hui?''
Faut croire qu'on n'a pas toujours répondu par l'affirmative. Ce n'est pas un détail, la faim, ça peut vous tuer, non?
Ici au Québec, les commentaires penchent plutôt du côté de la météo, si changeante. Après tout, le froid, ça peut vous tuer, non?
Cet hiver 2013/2014 est particulièrement rigoureux. Prenez ce matin. Moins froid qu'hier, nous avions un beau moins dix degrés Celsius. Ça fait changement des moins vingt. Mais la neige était abondante au point qu'à un moment donné, on a fermé deux côtes à la circulation au centre-ville (Salaberry et D'Abraham). Et pendant ce temps, un carambolage sur l'autoroute 40 a impliqué trente voitures à la hauteur de Saint-Augustin.
Le froid des dernières semaines a fait dire à mon neveu Emmanuel: ''Ce n'est pas l'hiver, c'est un traitement cryogénique!''
Voici mon vélo la semaine dernière. Vous pourriez avoir l'impression que plus rien ne fonctionne correctement, mais ce n'est pas le cas. Les freins fonctionnent normalement. Le dérailleur arrière, les journées les plus froides, je ne m'en sers pratiquement pas, mais à moins dix, il fait tout ce que je veux. Le dérailleur avant, lui, se permet parfois de petits caprices, mais ils sont rapidement réglés lorsque je pousse gentiment dessus avec mon pied pour le convaincre de passer sur le petit plateau. Je lubrifie la chaîne très souvent, mais également les dérailleurs, avec du pétrole distillé comme le WD-40. Essentiel.
De nombreux cyclistes d'hiver, à commencer par moi il y a plusieurs années, perçoivent les dérailleurs comme étant incapables de résister à ces conditions, mais mon expérience (et celle de mes amis) nous prouve le contraire. Et lorsque les conditions sont aussi neigeuses que ce matin, rouler sur un plateau de 28 dents facilite beaucoup les choses: à la moindre résistance sur le sol, le couple généré par un effort accru règle habituellement tous les problèmes.
Et contrairement à cette mécanicienne qui disait que, l'hiver, vous passerez autant de temps à nettoyer le vélo qu'à vous en servir, je le laisse au naturel. Tout au plus, je le rentre parfois, pas souvent, à l'intérieur et l'excédent de neige disparaît. Faut dire que je ne roule pas avec un vélo fait de pièce dispendieuses: seul son cadre est sophistiqué. Je l'ai recyclé en vélo d'hiver après plusieurs saisons d'été très agréables: c'est un cadre de 1.5 kg à épaisseur variable, très variable (''triple butted''). Le reste des pièces qui sont dessus sont typiquement de niveau Altus/Acera, très fonctionnelles, à défaut d'épater la galerie.
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Je vous ai déjà suggéré, ici, l'écoute de quatuors de saxophones. En voici un que je ne connaissais pas, et qui vaut le détour. Marici Saxes, de Londres, en Angleterre.
Quel plaisir, très sincèrement, de vous lire.
RépondreSupprimerJ'aurais voulu arrêter à la boutique aujourd'hui (pour jaser 5 minutes), mais la rue était fermée et j'étais un peu pressé. Je m'étais dit que vous pouviez y être malgré que vous affichez fermé en fin de semaine.
Ceci dit, avez-vous songé à publier les commentaires de votre blogue chez un éditeur ? J'irais immédiatement acheter le livre : comptez sur moi.
Claude Pelletier
Restaurateur de vélos (http://velo.capsicom.ca)