Tout d'abord, permettez-moi de vous offrir mes Meilleurs Vœux pour l'année 2015. De la qualité, et de la quantité.
*
On ne voit pas ça à Québec. Vous roulez sur le boulevard et soudain, la pancarte avec le feu clignotant jaune est bien visible au-dessus des têtes et ça dit quelque chose comme:
SLOW DOWN WHEN FLASHING
15 MPH
SCHOOL ZONE
Et là, justement, il clignote, le feu. On dirait qu'un martien, dans un vieux film, a envoyé un rayon verdâtre et mystérieux sur la population terrestre qui débilite toutes leurs machines. Pas au point d'arrêter les voitures, mais presque.
En temps normal ici, sur plusieurs boulevards, la vitesse limite est de 45 mph (approx. 72 km/h). Plusieurs voitures la dépasse impunément, mais là, il y a un consensus, et tout le monde, vraiment tout le monde, ralenti jusqu'à 15 mph. Ou 20 mph gros maximum.
Je ne sais pas ce qui se passerait à Québec si, pour les zones scolaires, on installait de tels feux. Pas en bordure du trottoir, mais bien au-dessus des têtes en plein milieu de la partie supérieure du champ de vision des automobilistes. Parce qu'en ce moment, typiquement, ces zones font passer la vitesse maximum de 50 à 30 km/h aux heures critiques. Et allez voir ce qui s'y passe, à ce moment-là. Vous n'aurez aucune difficulté à en trouver qui roulent au-dessus de 50.
Voici un article publié récemment dans le journal de Québec Le Soleil:
http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/la-capitale/201412/28/01-4831401-six-verdicts-pour-quebec.php
Manque de pistes cyclables utilitaires, cohabitation auto-vélo parfois houleuse, la capitale n'est pas toujours bien perçue dans le milieu cycliste. Or, ce n'est pas faute de cyclistes! Selon l'étude «L'état du vélo au Québec» de Vélo Québec, pas moins de 58 % des adultes de la capitale font du vélo. La pratique du vélo à Québec est même supérieure à la moyenne québécoise (54 %). Non seulement les gens de Québec roulent à vélo, mais ils roulent beaucoup. Les cyclistes d'ici parcourent en moyenne 1000 km par année, bien plus que les 624 pédalés par le Québécois moyen.
D'où vient le problème? Les cyclistes de Québec enfourchent davantage leur vélo la fin de semaine, préférant massivement l'auto pour aller travailler. Selon le Plan de mobilité durable, à peine 1 % des déplacements s'effectuent à vélo - un taux «marginal», précise le plan. En fait, il s'agit d'une part modale médiocre à l'échelle nationale, selon les données du centre de recherche Cycling in Cities de l'Université de la Colombie-Britannique. Saskatoon et Toronto font deux fois mieux. Montréal et Vancouver sont sur ce plan trois et quatre fois supérieures à Québec. À l'autre bout du pays, la capitale britanno-colombienne, Victoria, frôle les 11 % de part modale - un taux 11 fois plus élevé qu'à Québec!
Verdict : Québec est une ville de cyclistes... surtout intéressés par le loisir.
Je peux vous le confirmer: beaucoup de mes clients roulent surtout la fin de semaine. Bien sûr, le vélo utilitaire, celui qui vous amène au travail ou qui vous fait faire des commissions, est populaire. Mais souvent, le client vient me voir le lundi ou le mardi, et n'est pas pressé de récupérer son vélo... avant le vendredi ou le samedi matin.
Il y a de quoi avoir le vertige, parfois. Puis, le mardi soir, on regarde tout ce qu'on a réussi à faire depuis le lundi matin et on se dit qu'on va probablement y arriver, si on continue comme ça. Je pense surtout aux réparations quand je dis ça, mais je ne peux pas rester longtemps sans m'occuper de la fabrication des vélos neufs, car ces derniers demandent chacun un plus gros investissement de temps. Parce qu'on ne parle pas ici du simple assemblage d'un vélo qui arrive au magasin dans une boîte, et dont il ne reste à faire que l'assemblage final. Il s'agit plutôt d'un cadre sur lequel il faut poser la fourche, avant d'installer les roues, le freinage et la transmission, puis la périphérie et les accessoires quand il y en a. Heureusement, je n'ai pas à faire la soudure et la peinture du cadre...
Si je n'avais pas l'impression de rendre service avec tout ça, je ne sais pas ce que ça me prendrait!
*
On m'a prêté le film suivant, la semaine dernière. Un groupe-phare de son époque, avec des tas d'images de l'époque et des points de vue que je n'avais jamais entendus. À voir, assurément.
Et pour rester dans le ton, d'autres citations de l'excellent Chronicles, volume one de Bob Dylan dont je vous parlais dans mon dernier message du 25 décembre.
Il y est question, entre autres personnages, du Canadien Daniel Lanois et de sa relation avec Dylan quand il avait réalisé un album publié en 1989, Oh Mercy.
Lanois was a Yankee man, came from north of Toronto, snowshoe country, abstract thinking. Northerners think abstract. When it's cold, you don't fret because you know it's going to be warm again... and when it's warm, you don't worry about that either because you know it'll be cold eventually. It's not like in the hot places where the weather is always the same and you don't expect anything to change. Lanois's thinking was fine with me. I think abstract, too.
Lanois is technically minded and he's a musician, usually plays on every record he produces. He's got ideas about over-dubbing and tape manipulation theories that he's developed with the English Producer Brian Eno on how to make a record, and he's got strong convictions. But I'm pretty independent, too, and I don't like to be told to do something if I don't understand it. This was the problem we were going to have to work through. One thing about Lanois that I liked is that he didn't want to float on the surface. He didn't even want to swim. He wanted to jump in and go deep. He wanted to marry a mermaid. All that was fine with me.
En fait, c'est à Hull, Québec, que Lanois est né. Il a réalisé des albums de U2 et de Peter Gabriel, entre autres.
Un jour, en Louisiane, Dylan rencontre un autre personnage plutôt coloré, aux opinions bien arrêtées. Cette conversation a probablement eu lieu en 1988.
''You a praying man?'' he said.
''Uh-uh.''
''Good, gonna have to be when the Chinese take over.''
He said it without looking at me. He had an odd way of talking, made me feel like I wasn't in his place at all, like he had just strolled into my place. ''You know, the Chinese were here at the beginning. They were the Indians. You know, the red man. The Comanche, the Sioux, the Arapaho, the Cheyenne, all them people, they were all Chinese. Came over here about the same time when Christ was healing the sick. All the squaws and chiefs came from China, walked across from Asia, came down through Alaska and discovered this place. They became Indians a lot later.''...
...''Trouble was that they split up into parties and tribes and started wearing feathers and forgot they were Chinese.'' Et il continue en disant que si les Européens ont eu le dessus si facilement sur ces Indiens qui n'en étaient pas, c'est qu'ils étaient divisés en tribus et n'ont pas su s'allier pour faire front commun.
Et le bonhomme, qui s'appelle Sun Pie, continue plus loin en disant: ''There's no equality down here. Some of us are special. Some of us aren't. Some down here are tougher and smarter than others, some are weaker and less wise. Can't help it. Can't help how you're born. Some down here make better doctors and some are better victims. Some down here are better thinkers. some down here make better mechanics and better rulers. No one 'round here is a better carpenter than me, but I couldn't be a good lawyer. Can't read law. We're not even equal in our own races, some are at the top and some are at the bottom.''
R.I.P. Wolinski, Cabu et tous les autres. Votre insolence et votre pertinence ont éclairé ma jeunesse. Vous méritiez beaucoup mieux que ça. Beaucoup.
Je peux vous le confirmer: beaucoup de mes clients roulent surtout la fin de semaine. Bien sûr, le vélo utilitaire, celui qui vous amène au travail ou qui vous fait faire des commissions, est populaire. Mais souvent, le client vient me voir le lundi ou le mardi, et n'est pas pressé de récupérer son vélo... avant le vendredi ou le samedi matin.
Il y a de quoi avoir le vertige, parfois. Puis, le mardi soir, on regarde tout ce qu'on a réussi à faire depuis le lundi matin et on se dit qu'on va probablement y arriver, si on continue comme ça. Je pense surtout aux réparations quand je dis ça, mais je ne peux pas rester longtemps sans m'occuper de la fabrication des vélos neufs, car ces derniers demandent chacun un plus gros investissement de temps. Parce qu'on ne parle pas ici du simple assemblage d'un vélo qui arrive au magasin dans une boîte, et dont il ne reste à faire que l'assemblage final. Il s'agit plutôt d'un cadre sur lequel il faut poser la fourche, avant d'installer les roues, le freinage et la transmission, puis la périphérie et les accessoires quand il y en a. Heureusement, je n'ai pas à faire la soudure et la peinture du cadre...
Si je n'avais pas l'impression de rendre service avec tout ça, je ne sais pas ce que ça me prendrait!
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On m'a prêté le film suivant, la semaine dernière. Un groupe-phare de son époque, avec des tas d'images de l'époque et des points de vue que je n'avais jamais entendus. À voir, assurément.
Et pour rester dans le ton, d'autres citations de l'excellent Chronicles, volume one de Bob Dylan dont je vous parlais dans mon dernier message du 25 décembre.
Il y est question, entre autres personnages, du Canadien Daniel Lanois et de sa relation avec Dylan quand il avait réalisé un album publié en 1989, Oh Mercy.
Lanois was a Yankee man, came from north of Toronto, snowshoe country, abstract thinking. Northerners think abstract. When it's cold, you don't fret because you know it's going to be warm again... and when it's warm, you don't worry about that either because you know it'll be cold eventually. It's not like in the hot places where the weather is always the same and you don't expect anything to change. Lanois's thinking was fine with me. I think abstract, too.
Lanois is technically minded and he's a musician, usually plays on every record he produces. He's got ideas about over-dubbing and tape manipulation theories that he's developed with the English Producer Brian Eno on how to make a record, and he's got strong convictions. But I'm pretty independent, too, and I don't like to be told to do something if I don't understand it. This was the problem we were going to have to work through. One thing about Lanois that I liked is that he didn't want to float on the surface. He didn't even want to swim. He wanted to jump in and go deep. He wanted to marry a mermaid. All that was fine with me.
En fait, c'est à Hull, Québec, que Lanois est né. Il a réalisé des albums de U2 et de Peter Gabriel, entre autres.
Un jour, en Louisiane, Dylan rencontre un autre personnage plutôt coloré, aux opinions bien arrêtées. Cette conversation a probablement eu lieu en 1988.
''You a praying man?'' he said.
''Uh-uh.''
''Good, gonna have to be when the Chinese take over.''
He said it without looking at me. He had an odd way of talking, made me feel like I wasn't in his place at all, like he had just strolled into my place. ''You know, the Chinese were here at the beginning. They were the Indians. You know, the red man. The Comanche, the Sioux, the Arapaho, the Cheyenne, all them people, they were all Chinese. Came over here about the same time when Christ was healing the sick. All the squaws and chiefs came from China, walked across from Asia, came down through Alaska and discovered this place. They became Indians a lot later.''...
...''Trouble was that they split up into parties and tribes and started wearing feathers and forgot they were Chinese.'' Et il continue en disant que si les Européens ont eu le dessus si facilement sur ces Indiens qui n'en étaient pas, c'est qu'ils étaient divisés en tribus et n'ont pas su s'allier pour faire front commun.
Et le bonhomme, qui s'appelle Sun Pie, continue plus loin en disant: ''There's no equality down here. Some of us are special. Some of us aren't. Some down here are tougher and smarter than others, some are weaker and less wise. Can't help it. Can't help how you're born. Some down here make better doctors and some are better victims. Some down here are better thinkers. some down here make better mechanics and better rulers. No one 'round here is a better carpenter than me, but I couldn't be a good lawyer. Can't read law. We're not even equal in our own races, some are at the top and some are at the bottom.''
R.I.P. Wolinski, Cabu et tous les autres. Votre insolence et votre pertinence ont éclairé ma jeunesse. Vous méritiez beaucoup mieux que ça. Beaucoup.
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