vendredi 3 avril 2015
UNE FORMULE SOUPLE.
Les Québécois sont las du froid et de la neige, particulièrement tenaces en ce printemps qui tarde à venir. Je vous offre donc cette photo du clocher de Saint-Lazare-de-Bellechasse en avril 2013 pour vous rappeler qu'on n'en a plus pour longtemps avant de voir des champs débarassés de la neige. D'autant plus que les prévisions de la météo à partir du 11 avril sont encourageantes. Je sais, c'est loin et ça a le temps de changer, mais bon...
Je plaide volontiers en faveur d'une information basée sur une approche scientifique, chaque fois qu'on peut en trouver dans le domaine du vélo. C'est pourquoi le titre du livre suivant m'a interpellé: Cycling Science deMax Glaskin. Je ne l'ai pas lu, mais je ne serais pas surpris d'y trouver une approche intéressante sur tout ce qui concerne les vélos. Jetez un coup d'oeil:
http://bicycledesign.net/2012/08/cycling-science-by-max-glaskin/
La semaine dernière, je vous montrais une vidéo de Guy Martin en train de faire le rigolo à toute vitesse sur une plage anglaise. Cette semaine je vous suggère un extrait d'un tournage fait à la compagnie de vélo britannique Orange. Et si vous vous attendez à y trouver une bande de jeunes passionnés de vélo de montagne dans l'atelier de production, vous serez déçus. On parle plutôt ici d'ouvriers britanniques habitués de tutoyer l'acier et l'aluminium, entourés de photos de pin-ups. Certains d'entre eux n'ont peut-être pas pédalé depuis longtemps, mais ça ne les empêche pas de bien travailler pour autant.
Les images sont intéressantes. Heureusement, parce que je ne qualifierais pas la langue de tout ce beau monde d'anglais international... Tout le monde a un accent? Oui, et certains plus que d'autres.
Cet article de Bicycle Retailer and Industry News n'est pas signé. Mais je ne serais pas surpris s'il était de la plume de Patrick O'Grady. Pour les habitués du magazine, son côté no-nonsense n'est pas une nouveauté.
L'article en question est publié dans la rubrique Through the Grapevine, en date du 15 mars 2015, et je vous en traduis un extrait:
"Les ingénieurs et les concepteurs exagèrent au nom du mantra de l'innovation continue. Ce n'est pas parce qu'on peut qu'on devrait. Voyons voir, par exemple: de combien de standards de jeux de pédalier avons-nous besoin? De combien d'axes? Combien de types de vélos (niche bicycles) se justifient économiquement? Avons-nous vraiment besoin de pneus de 29" ou plus? Tous ceci a mené à une explosion du nombre de SKU (n.d.t.: ces unités de gestion des stocks qui identifient deux items qui ne sont pas strictement identiques). Et, pourrait-on dire, une vaste confusion chez le consommateur qu'on rencontre tous les jours. '' Quel sorte de vélo de montagne devrais-je acheter? Enduro? Descente? Cross-country?'' demandent-ils. Un vélo de gravelle n'est-il qu'une autre version d'un vélo de cyclocross? Les détaillants ont-ils vraiment besoin de fendre les cheveux en quatre sur toutes ces questions, devant un consommateur débordé? Jusqu'ici, semble-t-il, les freins à disque sur les vélos route/course n'ont pas encore allumé le feu de la convoitise chez la plupart des consommateurs. Même les vélos vendus en grande surface ont un niveau de complexité jamais vu chez les clients de Wal-Mart. Avons-nous été trop loin? Navi Radjou et Jaideep Prabhu répondraient probablement que oui."
Il s'agit de deux chercheurs ayant publié un livre intitulé Frugal Innovation: How to Do More With Less. Leur origine probablement indienne leur donne une sensibilité aux marchés émergents, une sensibilité que n'ont pas souvent les Occidentaux passionnés de vélo qui, certains d'entre eux, travaillent dans l'industrie et contribuent à en définir le profil.
Quant à moi, qui conçoit des vélos depuis maintenant plusieurs années, j'ai développé une affection pour ce vélo qui peut tout faire, tout sauf les usages extrêmes. Tout ce que vous avez besoin de faire du lundi au vendredi, et tout ce qui peut vous faire plaisir la fin de semaine quand vous avez davantage de temps pour en profiter. Explorer, vous évader, faire monter vos pulsations si vous le souhaitez, sans pour autant vous sentir obligé. Et tant pis, lorsque je suis sur un tel vélo, si je ne suis pas un calque de l'idée qu'on se fait de ce que certains de mes clients appellent un "vrai" cycliste.
Le terme qui leur convient le mieux est: "vélo polyvalent". Oubliez le vélo hybride, trop souvent décliné en vélo pépère, résigné, lourdeau. Oubliez le vélo de ville, encore plus résigné, obéissant à des règles inventées par Dieu sait qui et auxquelles je n'ai nulle envie de me soumettre. Pas besoin d'un vélo conçu pour rouler en plein bois, qui y serait parfaitement à l'aise mais qui est trop extrême pour être parfait en usage général.
Je leur préfère une formule souple, qui peut être équipé de pneus de différentes largeurs, où les freins peuvent être à la fois très efficaces, poids-plume et bon marché. Où le cadre est vraiment léger, sans être dispendieux, et les braquets peuvent assumer des pentes de tout ordre comme ce qui fait partie de mon quotidien.
L'article conclut sur un commentaire d'Albert Einstein, d'ailleurs connu pour un certain intérêt pour les vélos:
"N'importe quel touche-à-tout intelligent peut grossir et complexifier les choses. Ça prend une touche de génie - et beaucoup de courage - pour bouger dans la direction opposée."
En fouillant dans mes affaires, j'ai trouvé un outil de marque J.A. Stein qui m'a intrigué. J'en ai trouvé la photo sur la page suivante:
http://forums.mtbr.com/tooltime/mystery-j-stein-tools-667989.html
Il s'agit de l'outil identifié tool #1 dans le haut de la page. Il est destiné à stabiliser la clé qui sert à retirer ou mettre la cuvette fixe sur un jeu de pédalier classique comme ceux qu'on trouvait sur les vélos des années '80 (ou avant). Quiconque a déjà peiné à tenir en place la clé en question appréciera cet outil, car l'épaulement dont on dispose sur la cuvette fixe est dérisoire. Puisque j'ai déjà un outil qui fait le même travail, je peux vous l'offrir à un prix d'ami: 22.50$ + taxes. Complètement inutile si vous ne travaillez que sur des vélos récents, mais vraiment précieux si vous travaillez sur toutes sortes de vélos. En fait, pour quiconque travaille sur les vieux vélos, je ne peux m'imaginer sans, parce que sinon cette cuvette fixe peut être particulièrement difficile à retirer. Évidemment, il faut aussi posséder la clé servant à tourner la cuvette fixe.
Dans la vidéo suivante, on a un bon exemple de l'opération en question, et particulièrement à partir de 3:53 minutes dans le cas de la cuvette fixe. On peut voir que le mécanicien se sert d'une grosse clé à mollette, ce qui est possible seulement si l'épaulement est sain. Il se sert de sa main gauche en remplacement de l'outil J. A. Stein que je vous offre plus haut. Il est chanceux, car la cuvette fixe ne se fait pas trop prier pour tourner, ce qui n'est certainement pas toujours le cas. Plus elle est réticente, plus vous apprécierez avoir un outillage complet. Aussi, je préfère avoir le vélo sur le sol, bien appuyé, pour éviter que l'énergie déployée serve à faire bouger le vélo plutôt que desserrer la cuvette. En fait, et vous ne serez peut-être pas d'accord avec moi, je trouve que les supports de réparation sont surutilisés par plusieurs mécanos: le vélo est alors instable et l'énergie est éparpillée ailleurs que dans la tâche en cours. Bien sûr, il faut se pencher davantage, ce qui est un problème pour certains. Comprenez-moi bien, le support est précieux et je ne m'en passerais pas. Mais je l'utilise surtout pour l'ajustement de la transmission, et dans quelques autres tâches comme par exemple la pose de la fourche.
L'opération de serrage exécutée à 11:09 min. devrait être faite avec plus de vigueur que dans la vidéo si on veut éviter qu'à long terme l'écrou de serrage se desserre. Toute l'énergie des jambes passe par là.
En jetant un coup d'oeil sur le dernier numéro du magazine canadien Pedal, une chose m'a frappé: au moins dans les vélos de route, le noir est à l'honneur. Non seulement il y en a beaucoup, mais il y a peu d'autres couleurs: du rouge, du blanc, du bleu et un peu de vert fluo.
J'ai fait une évaluation informelle: sur un total de 26 vélos, 16 avaient le noir comme couleur dominante. Parfois même exclusive. Et comme vous pouvez vous en douter, ce n'est ni un hasard, ni un reflet des goûts personnels des gérants de production. N'importe qui travaillant dans une boutique de vélo pourra vous le confirmer, le noir est une couleur particulièrement appréciée et demandée. On peut parler de valeur sûre, et ces concepteurs semblent le savoir. Et je ne blâme personne: quand on investit X milliers de dollars dans un inventaire, la dernière chose qu'on veut, c'est de le voir poireauter parce qu'on a choisi une couleur impopulaire.
Jan Garbarek: Rites
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