mardi 27 septembre 2011

EN PÉNITENCE PENDANT DES MOIS.




Entre Sainte-Marie de Beauce et Saints-Anges, août 2011.


Conversation avec un client, hier, qui m'a montré son vélo d'hiver en me demandant mon opinion: stop, ou, encore?

Le vélo a un déficit d'entretien évident. Transmission rouillée, freins cantileviers qui ne tournent plus sur les pivots du cadres, roulements pathétiques, etc. Et ça tombe mal, car quand le vélo était neuf, c'était un vélo moche.

Si ça avait été un bon vélo au départ, il n'y aurait qu'une seule façon de travailler sur ce vélo et en faire une machine rentable. Le propriétaire doit faire le travail lui-même pour éviter les frais de main-d'oeuvre. D'autant plus que, lorsqu'un tel vélo passe au bistouri, on ne sait jamais quand les travaux seront bloqués en cours de route par un problème majeur et inattendu.

Alors là, vu que ce n'est pas un bon vélo au départ, ça ne vaut tout simplement pas la peine d'investir dessus. Car pour le même montant, on peut se procurer un vélo d'occasion, de préférence agréable, et le préparer correctement pour l'hiver. Quitte à utiliser un ou deux éléments encore bons sur l'épave rouillée.

Ou, investir plus, dans une machine plus agréable, neuve, avec entretien fait au fur et à mesure des besoins. Plutôt qu'un entretien déficient, du genre: "J'm'en occuperai au mois d'octobre". Je trouve l'hiver québecois trop long pour être en pénitence pendant des mois.

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Autre conversation, la semaine dernière, avec un cycliste qui travaille à temps partiel chez un gros détaillant de vélos de la région de Québec. Il me confiait son intérêt pour les vélos avec entraînement par courroie, par opposition au classique système à chaîne.

Il me racontait avoir parlé avec un fournisseur canadien, fabriquant de vélos bien connu, pour lui suggérer de mettre en marché un vélo équipé de la sorte. Le représentant de la compagnie lui a donné une réponse polie et plutôt évasive. Du genre qu'on donne quand on sait très bien que son patron ne bougera pas mais qu'on ne veut pas froisser son client.

Indépendamment de ce que l'on peut penser d'un tel système, il y a un état de fait qu'il ne faut pas perdre de vue, et qui s'applique à plusieurs innovations (qui n'en sont pas toujours) susceptibles d'être proposées. Mettez-vous dans la peau du propriétaire de magasin qui gère un certain nombre de vendeurs dans son équipe. Combien d'entre eux sont familiers avec ce système, sont capables d'en parler avec compétence et enthousiasme devant des clients souvent perplexes? Un? Deux? Zéro?

Il ne faudra donc pas s'étonner si ce même propriétaire de magasin n'a pas envie d'investir de sa poche (ou de la poche de sa banque) 5000$, 10000$ ou 20000$ (ou plus) pour offrir des vélos qui pourraient très bien ne pas trouver leur place dans l'oeil de la clientèle. Dans un tel contexte, le fabriquant canadien sera très prudent avant d'engager lourdement des ressources dans un tel projet dont il peut, après tout, très bien se passer.

Tout ce qui est technique est source de compromis. Prenez cette innovation, faites la liste des avantages qui lui sont rattachés, mais n'oubliez surtout pas de faire la liste des désavantages inévitables. Et posez-vous la question suivante: cette invention qui est loin d'être récente, pourquoi ne s'est-elle pas imposée déjà, si elle est si valable?

Car entre 1880 et 1920, il s'est déposé beaucoup de demandes de brevet pour des éléments de vélo qui n'ont jamais connu le succès espéré par leurs inventeurs. Pour toutes sortes de raisons, bonnes ou mauvaises. Peut-être que dans vingt ans, nous roulerons tous avec des cadres en bambou, avec des pédaliers ovales et des transmissions par courroie. On verra.

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Si vous aimez la musique classique, Espace Musique (95.3 FM à Québec) propose souvent de bonnes émissions les soirs de semaine. Hier soir, le pianiste québecois André Laplante interprétait Ravel et Liszt. Ce qui m'a inspiré la suggestion suivante.

3 commentaires:

  1. Dans un monde où la surconsommation nous mène tout droit dans un mur, réparer un vieu vélo pour le remettre sur la route me parrait tout à fait la chose à faire. Surtout losqu'il s'agit de se rendre du point A au point B à 10km/h dans des conditions qui ne rendrait pas justice à un bon vélo. J'ai remis sur la route une dizaine de ces "déchets" pour en faire des vélos d'hiver. Non seulement le dépotoire de Québec s'en porte mieux, mais chaque projet m'a permis de mieux comprendre la mécanique - très simple - d'un vélo!

    Je comprends cependant que ce n'est pas l'avis d'un commercant qui doit encourager la consommation pour survivre...

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  2. J'ai déjà ramassé un vélo italien intéressant, abandonné sur le trottoir. En mauvais état, mais il valait la peine d'être remis en circulation.
    Ça vaut la peine de faire un bon vélo avec un bon vélo en mauvais état. J'aime moins les mauvais vélos en très mauvais état.

    Et en tant que commerçant, j'aime surtout encourager une bonne gestion de l'écurie de chacun de mes clients. La surconsommation? Certainement pas. Je ne manque pas d'ouvrage à ce point. À chaque année, ça me désole de voir certains des beaux vélos que je vends être complètement sous-utilisés par leur nouveau propriétaire.

    Et attention, il faut s'entendre sur la définition d'un bon vélo. Pour certains, un vélo ne peut être bon que s'il coûte plus de 1000$. Ce n'est certainement pas mon cas. Je ne peux m'imaginer rouler l'hiver avec un tel vélo. Le mien vaut bien moins. Et je m'en sers plus qu'une heure par semaine. Bien plus.

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  3. Je suis d'accord avec toi Pierre, mais à la défense de Paul, j'ai comme l'impression que son déchet en était tour un pour le qualifier même "d'épave" rouillé. Je suis convaincu qu'il en remis passablement de "déchets" comme tu dis sur la route.

    Je suis toujours surpris quand je vais chez lui faire tuner mon bolide de l'Année à 5 000 Douilles de voir sortir des gens de chez lui avec le sourire avec des bécanes sur la 10e garanti-:)

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