mercredi 28 décembre 2011
PAS CIVILISÉ POUR DEUX FRANCS CINQUANTE!!!
J'étais en Martinique en décembre 1976. Avec un beau vélo italien rouge. Un beau rouge franc. C'était un vélo de tourisme, non pas un vélo de course, mais qu'importe, c'est ce qui m'a permis de faire une partie du voyage jusque là.
J'ai roulé dans des routes qui ressemblaient à celles que vous voyez sur la vidéo ci-dessus. On peut y descendre aussi vite qu'une voiture, car elles sont ralenties à chaque fois qu'une courbe est plus prononcée. En fait, certaines routes sont tellement sinueuses qu'un cycliste audacieux n'aurait pas de difficulté à distancer un automobiliste.
Il s'agit d'une île volcanique: ne soyez pas surpris si les pentes sont parfois raides. On monte souvent pendant de longues minutes, surtout si on veut traverser l'île d'une côte à l'autre. Le tour de l'île est côteux, mais de façon moins extrême. Et comme vous pouvez le voir dans les images ci-dessus, les routes sont souvent étroites: mieux vaut descendre en prenant toute la largeur de la route.
Il y a une culture cycliste sur l'île. Elle est dûe à la présence française qui fait que la Martinique est un Département D'Outre-Mer. L'électorat est très divisé et les indépendantistes ne voient pas le jour où ils prendront le pouvoir. De toute façon l'assistance économique de la France procure sufisamment de confort aux insulaires pour en convaincre plusieurs de s'en tenir au statu quo.
J'avais pu y séjourner à peu de frais car je m'étais loué un appartement dans un village côtier appelé Tartane. On n'y voyait jamais de touristes car à cette époque il n'y avait aucune installation prévue pour les y recevoir. Il s'agit d'une presqu'île loin des endroits prévus pour les vacanciers. Il y avait une petite distillerie au bout de la seule rue du village, une distillerie où on pouvait se procurer une bouteille de rhum pour deux dollars. Le seul autre commerce du village était un bar (doublé d'une toute petite épicerie) qui était exclusivement fréquenté par les gens du crû. Un soir la grosse Médèle, la propriétaire des lieux, s'était mise à hurler contre un client qui s'était éclipsé sans payer: ''Pas civilisé pour deux francs cinquante!!!'' Tout le monde se fendait la gueule dans le bar en l'entendant vociférer...
Son mari était un blanc chétif, un Français de la métropole qui n'en menait pas très large quand Médèle s'offusquait de quelque chose. Sympathique, il m'avait fait la démonstration des exploits de son cochon. Il l'avait attaché au bout d'une laisse, une longue corde, et le faisait nager dans l'Atlantique qui était de l'autre côté de la rue. Il était fier de son animal.
Je ne sais pas si ce cochon est mort un dimanche matin. Car c'était la coutume, au village, de faire boucherie vers six heures du matin, à chaque dimanche. On y faisait un très bon boudin créole. Il y avait une autre tradition hebdomadaire: les combats de coqs. Le propriétaire de mon appartement y amenait des bêtes spécialement nourries selon sa recette secrète. Il avait d'ailleurs une vague réputation de sorcier.
Sa technique pour se procurer des bananes n'avait pourtant rien de sorcier. Un de ses amis lui avait fait une invitation à vie d'aller se servir à volonté dans sa bananeraie. Il y remplissait le coffre de sa Peugeot et déposait tout ça dans un coin de la maison où j'étais invité à me servir à mon tour. Lui s'approvisionnait surtout pour nourrir ses cochons. Quelques bananes dans une chaudière, arrosez avec de l'eau, et voilà, ils sont heureux.
La vie sur l'île est un peu artificielle: on trouve un choix limité de produits locaux et tout le reste est importé. À part le rhum et les bananes, on y fait pousser la canne à sucre, évidemment, de moins en moins d'ananas, un peu de pêche, quelques fruits et légumes et pas grand-chose d'autre. Le tourisme est la seule autre industrie notable.
Tout cela fait que le coût de la vie y est plutôt élevé et les touristes d'origine nord-américaine y sont peu nombreux. On y voit surtout des Français et quelques Européens.
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Marcus Miller a contribué à mettre la basse à l'avant-plan dans le monde du jazz, même s'il est arrivé trop tard pour être un véritable pionnier en la matière. Jaco Pastorius (électrique) et Charlie Mingus (acoustique) étaient passés par là avant lui, et d'autres aussi. Ce qui n'enlève rien à son talent, Miles Davis peut vous le confirmer. Ici, il interprète une pièce des Talking Heads composée par David Byrne, un promoteur du vélo comme moyen de déplacement urbain.
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