jeudi 3 janvier 2013

DI NOU








Il n'y a pas que des palmiers dans ce sud-est américain. En fait, la végétation est comme les humains. Il y en a de toutes sortes. ''Les Américains'' est une expression qu'il faut utiliser avec prudence, car elle englobe des réalités très différentes. Quand un Québecois pense à la Floride, par exemple, il pensera surtout à une plage peuplée de blancs âgés et bedonnants, et c'est peut-être ce qu'on y voit le moins. La population est tout sauf homogène. La photo suivante a été prise dans un autobus urbain, et la colonne de droite est en créole.







Suite de mon compte-rendu sur le livre ''How Music Works'' de David Byrne. J'en suis  dans les passages où il est question du côté affaires de la production musicale. En fait, il y a une telle abondance d'idées et de thèmes dans ce livre qu'il y aurait matière à de très longues discussions...

Il décrit une gamme de possibilités qui s'offrent au musicien. À gauche, le musicien est complètement pris en charge par la compagnie de disques. Et à l'autre extrémité, il s'auto-produit et voit aussi à sa propre distribution et sa mise en marché. Entre les deux, plusieurs nuances sont possibles.

La compagnie qui prend en charge le musicien est plus susceptible d'avoir des exigences et d'influencer la créativité du musicien. Parlez-en à Neil Young: il avait été poursuivi en justice par David Geffen pour ne pas avoir livré un produit suffisamment conforme au Neil Young du passé... À l'opposé, regardez les vidéos de Natalie Dawn et son groupe Pomplamoose sur youtube.com: on peut sentir la prise en charge des étapes par ces artistes.

L'autonomie est de plus en plus possible pour les musiciens, grâce à Internet. On peut enregistrer chez soi, distribuer par l'entremise de Itunes ou Amazon. Moins de ventes, mais moins de frais et moins de corporations parasitaires.

Je ne peux m'empêcher de faire des parallèles avec mon travail de fabriquant artisanal de vélos.

À une extrémité, il y a le magasin-concept, où au moins 75%, parfois même 100% de l'inventaire offert est originaire d'un seul fournisseur. Qui a évidemment son mot à dire quant à l'inventaire en question. Certains vélocistes sont confortables avec cette façon de faire. Moi pas.

À l'autre extrémité, il y a l'artisan qui ira jusqu'à fabriquer lui-même ses cadres avant d'assembler le vélo complet. Je ne vais pas jusque là: je fais faire les cadres selon mes spécifications,  par des entreprises spécialisées qui ne font rien d'autre que des cadres, en tant que sous-contractants. Bien outillées et bien organisées, elles sont compétitives et m'offrent un produit de qualité. De cette façon, mon produit final se compare très avantageusement avec ce qu'on trouve dans les magasins conventionnels.

Au début du chapitre sur les amateurs, Byrne propose quelques idées sur l'attitude de l'état sur la consommation:

''L'acte de faire de la musique, des vêtements, de l'art ou même de la nourriture a un effet très différent, et possiblement plus bénéfique sur nous que de simplement consommer ces choses. Et pourtant depuis très longtemps, l'attitude de l'état envers l'apprentissage et le fait de subventionner l'art  a été en opposition directe avec l'encouragement (fostering) à la créativité au sein de la population. On peut souvent avoir l'impression que ceux qui sont au pouvoir ne veulent pas que nous ayons du plaisir à faire des choses pour nous-mêmes. Ils préfèrent établir une hiérarchie culturelle qui dévalorise  nos efforts d'amateurs et encouragent la consommation plutôt que la création. Ça peut donner l'impression que je crois qu'il y a un vaste complot en cours, mais ce n'est pas le cas, quoique la situation dans laquelle nous nous trouvons est la même que s'il y en avait un....    Le capitalisme tend à créer des consommateurs passifs, et de bien des façons cette tendance est contre-productive....''

Le magasin de vélo conventionnel qu'on trouve beaucoup au Québec est plus indépendant que le magasin-concept, mais reste près du modèle offert par les concessionnaires automobiles: la créativité est fournie par une ou plusieurs marques plus ou moins grandes, et le produit arrive pré-assemblé dans une boîte. Aimez-le ou laissez-le là.



  BONNE ANNÉE À TOUS!!!!!



Comme le musicien qui veut prendre en main les différentes étapes de sa mise en marché, je dois travailler plus que si je me contentais de sortir les vélos de leur boîte comme un magicien sort un lapin d'un chapeau. Mais je ne suis pas seul à préférer cette approche plus exigeante: mes clients réagissent très positivement à l'offre que je leur fais. Et je connais bien mieux mon produit: c'est moi qui le conçoit!

Les grosses compagnies de disque sont en fait des sociétés de financement pour les musiciens: elles fournissent des avances et un capital pour la production de disques et de tournées, et créent un musicien endetté qui doit toujours produire plus pour rendre l'argent avancé par les compagnies. Byrne cite des noms de musiciens connus qui ont vécu des moments financièrement très difficiles à cause des pratiques de ces compagnies. Entre autres: Terrence Trent D'Arby, Seal, Michael Jackson, The Ramones, Sly Stone, Meatloaf et MC Hammer ont tous été fauchés plus ou moins longtemps. Pas toujours à cause d'une surdose de limousines...

Ce n'est pas sans parallèle avec la compagnie de vélos qui propose un inventaire payable en trois tiers: 1er avril, 1er mai et 1er juin. Gare au propriétaire d'un magasin de vélo qui en a trop commandé l'automne dernier, ou qui est confronté à un printemps à la météo capricieuse qui ralentira le traffic dans son magasin pendant de longues semaines. D'autant plus que l'inventaire est habituellement payé avec l'aide d'un prêt contracté dans une institution bancaire qui souhaite revoir son argent dans les délais prescrits dans le contrat d'emprunt.

Que se passe-t-il lorsque le détaillant de vélo n'a pas la taille qui vous convient dans son inventaire, et qu'il a des dizaines ou des centaines de vélos à écouler? A-t-il envie de commander un vélo de plus de son fournisseur, ou bien sera-t-il tenté de vous convaincre d'opter qui vous convient... presque?


*


Les circonstances m'ont récemment forcé à m'intéresser à un chauffe-eau défectueux. Comme dans le cas des vélos, youtube.com peut être une ressource à exploiter pour s'informer. Ici, Larry Weingarten nous montre qu'on peut presque avoir de la tendresse envers ces machines. Et certains des trucs qu'il donne peuvent être appliqués à la mécanique des vélos. Les amateurs de films d'action ne seront pas en reste. La fin de ce vidéo nous montre quelques scènes dignes d'un film de James Bond.





Le hasard (encore lui!) m'a fait écouter cette semaine un album de Pat Metheny intitulé ''Imaginary Day''.
Plutôt doux, on y trouve une formation de musiciens qu'on a souvent vu aux côtés de Metheny: Lyle Mays, Steve Rodby et Paul Wertico, pour ne nommer qu'eux. La pièce suivante est la moins douce du disque, et certainement pas la moins intéressante...: ''The Roots of Coincidence''. Publié en 1997.


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