mercredi 30 janvier 2013
MES MONTAGNES ROCHEUSES
Hugh Taylor Birch State Park, janvier 2013.
Un de mes clients, hier, me faisait part de son intérêt hésitant pour un projet de traversée du Canada en vélo. C'est une chose que je n'ai jamais faite moi-même, malgré mon intérêt pour le cyclotourisme. Et pour cause: ça ne m'attire pas.
On parle bien sûr d'une traversée ouest-est (ou l'inverse), du genre Vancouver-Québec, ou Vancouver-Terre-Neuve. En fait, c'est une collection de segments d'intérêt inégal, de par la nature du terrain. Un de mes clients lui, avait apprécié les Prairies (Saskatchewan, Manitoba) pour l'horizon sans fin, d'autant plus qu'il me racontait que ce n'est pas aussi long à traverser qu'on pourrait le croire. Le cycliste avec qui il avait fait ce voyage, lui, préférait l'interminable nord ontarien, un arbre après l'autre. Peut-être à cause de son habitude de faire du vélo en forêt.
Personnellement, je serais davantage tenté par les Montagnes Rocheuses, longues montées et descentes relativement peu abruptes. J'ai toujours aimé l'absence de monotonie des parcours côteux, sans parler de l'effet sur le physique: en quelques jours seulement, on va se chercher des jambes de fer...
Une chose demeure: ce long parcours ne fait pas l'unanimité et il est facile de trouver des cyclistes qui n'auraient pas fait ce voyage s'ils avaient su ce qu'ils savent après-coup. Ou qui l'auraient fait autrement. En réalité, ce parcours me fait un peu trop penser à une démarche d'automobiliste qui envisage un parcours très long et pas toujours captivant dont le but est, essentiellement, la destination. Le cycliste, lui ou elle, doit considérer avec attention le trajet lui-même car non seulement il y passe plus de temps que l'automobiliste, mais il s'en imprègne davantage. Cet aspect-là n'est peut-être pas très concret dans votre esprit si vous n'avez jamais tenté l'expérience d'un long périple en vélo, mais croyez-moi, ça le deviendra assez rapidement si vous le faites.
D'ailleurs, quand j'y pense, je vois bien que j'ai adopté relativement jeune la formule de voyage où je suis (relativement) immobile, mais loin de chez moi. Je n'ai pas tout vu? Comme dirait Miles Davis, so what? Ce qui compte à mes yeux, pendant un voyage, ce n'est pas ce que je vois, c'est ce que je vis. Une seule petite lettre, qui fait une grosse différence.
Dans un article (''La mafia a encore un bel avenir au Québec'') publié le 3 décembre 2012 dans le journal montréalais Le Devoir, Jean-Claude Leclerc explique les raisons qui font qu'il n'a pas confiance dans l'administration municipale présente et future (proche) de cette ville de se débarasser de ses comportements douteux concernant ses rapports avec les entrepreneurs mafieux.
Certains passages de son article pourraient servir de canevas pour un autre article parlant de l'intégrité non seulement des coureurs cyclistes professionnels, mais aussi des instances qui dirigent ce sport au plus haut niveau.
Selon la formule consacrée, partout où il y a de l'homme, il y a de l'hommerie... Jian Gomeshi, lui, (cbc.ca/q) suggère dans la foulée de l'interview de Lance par Oprah que l'on cesse tout simplement d'accorder tout intérêt à ces champions préfabriqués et à leur reality shows un peu... surréalistes.
De 2005 à 2010, le Vietnam a subi des pénalités anti-dumping de la part de l'Union Européenne concernant les vélos qu'il produisait. Depuis quelques années, principalement dans la région de Ho Chi Minh City, le pays avait développé quelques usines de production qui étaient parfois la propriété de compagnies taiwanaises comme par exemple Asama.
Les Vietnamiens vendaient-ils à perte pour mériter ces pénalités? Ça me surprendrait. Ils ne sont pas plus que nous intéressés à vendre sans profit. Mais là-bas, les salaires sont très bas, tout comme le coût de la vie, d'ailleurs. Les choses dispendieuses au Vietnam sont principalement les biens de consommation importés, les soins de santé et l'immobilier. Et cette cherté est en partie compensée par les fonds envoyés ou investis par les Vietnamiens de la diasporah, qu'on appelle là-bas les ''Viet Kieu''. Tous n'en profitent pas, malheureusement, mais d'autres, oui, et peut-être plus que vous ne le pensez.Et certains Vietnamiens n'en ont tout simplement pas besoin de toute façon: ils se débrouillent très bien sans ça. Présentement, l'intérêt versé sur un compte de banque régulier est d'à peu près 10%! Comparez ça avec les banques occidentales... Et malgré cela, peu de Vietnamiens profitent de cette offre alléchante: ils aiment mieux prendre des initiatives plus productives. De plus, au Vietnam, la valeur de la monnaie nationale, le dong, n'est pas manipulée de façon controversée comme c'est le cas par l'état chinois avec le yuan.
Depuis 2010, les sanctions ont été levées, et les exportations vers l'Europe ont été multipliées par 17 en l'espace d'une seule année... Mais elles ont diminué rapidement aussi, car en ce moment le Cambodge a le vent dans les voiles, côté production de vélos. Car la Chine est en train de s'enrichir, et avec cela, les salaires et les coûts de production augmentent pendant qu'elle subit des tarifs anti-dumping de 48.5% dans le domaine du vélo. Ces tarifs sont en place au moins jusqu'en 2016.
Si la Chine voit ces pénalités disparaître éventuellement, et qu'aucun des pays producteurs de l'Asie du Sud-Est n'en subit à son tour, c'est là qu'on verra lequel de ces pays producteurs est le plus fort. C'est ce que pense Tony Lo, grand patron de Giant qui est, contrairement à ce que beaucoup de cyclistes occidentaux pensent, une compagnie taiwanaise.
Lo: ''Pour bâtir un noyau de compétence, vous devez avoir une vision à long terme. Ça n'a pas été facile pour Taiwan ou la Chine de construire ce que nous avons aujourd'hui. Nous avons investi dans l'usine, l'équipement, les ressources humaines, plusieurs, plusieurs choses... Ça a pris quarante ans de dur labeur pour construire sur un bout de roc.''
Et encore: ''Même aujourd'hui, la Chine n'est plus simplement un endroit bon marché, alors ce qui convient à la Chine, ce qui a besoin d'être développé et construit à Taiwan et ce qui restera en Asie du Sud-Est ou n'importe où... un nouveau tableau est en train de prendre forme. Je pense que le dernier élément, ce sont ces pénalités anti-dumping. J'espère qu'elles seront abolies durant les deux ou trois prochaines années. Alors la nouvelle réalité sera plus claire.''
Lo fait allusion dans ce dernier paragraphe aux différents aspects de la production vélo: cadres, transmissions, pneus, périphéries, milieu/bas/haut-de-gamme, certaines productions conviennent mieux à certains pays que d'autres. Par exemple, l'île de Taiwan est davantage spécialisée dans le milieu et haut-de-gamme, et voit sa production de cadres décliner présentement. Mais elle pourrait très bien rester forte dans des choses comme ce qu'on trouve dans les catalogues Full Speed Ahead, SRAM, et des producteurs de chaînes et de roulements à bille. Souvent d'ailleurs, les compagnies comme SRAM et Giant ont des usines dans plusieurs pays dans le monde, et consacrent chaque usine à des productions différentes.
Production de vélos en progression:
Cambodge, Vietnam.
En régression:
Taiwan, Thailande, Malaisie.
Stable:
Indonésie.
*
Les Beatles ont Yesterday, Thelonious Monk a Round Midnight. Ornette Coleman lui, a Lonely Woman.
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Pour moi la traversée du Canada s'est révélé plus cyclosportive que cyclotouriste justement à cause de la monotonie des prairies et du nord de l'ontario à cause des grandes distances entre les villages. Beaucoup de journées de + de 100km de pédalage donc. Faut aimer ça.
RépondreSupprimerQuestion de paysages variés j'ai préféré pédaler dans le nord du Nouveau-Brunswick, l'Île du Prince Edward, la Nouvelle-Écosse et Cap Breton (plus difficile pour moi qu'affronter les Rocheuses) et Terre-Neuve.
De toutes façons c'est différent à chacun et c'est bien comme ça.
Concernant le Vietnam j'ai eu l'occasion de jaser avec un Vietnamien en C-B et il me disait que la langue française était de moins en moins parlé par la jeunesse là-bas. Qu'en pensez-vous ? Aussi mon hôte warmshower de Vancouver était allé pédaler au Vietnam et m,assurait que j'adorerais ça moi aussi.
Intéressant commentaire et je confirme: les sons de cloche au sujet de la traversée du Canada n'étaient jamais tout-à-fait identiques d'une personne à l'autre.
SupprimerLe Vietnam est un pays que les Français ont quitté en 1954, et ça paraît: leur langue y est devenue presqu'inutile et, en tout cas, très peu parlée. Symptomatique: j'y connais un professeur de français qui s'est mis à l'anglais.
Y pédaler peut être très chouette, mais il faut être sur ses gardes car les routes sont saturées de zigs qui zaguent...