samedi 9 février 2013
JUST WANNA SEE HIS FACE...
Conversation avec Colin, hier. Colin est cet artisan du vélo dont je vous ai déjà parlé et qui aime la discrétion: c'est pourquoi je l'ai rebaptisé Colin.
''Quelle industrie débile!'' m'a-t-il dit, en parlant de l'industrie du vélo. ''Maintenant je suis capable d'en rire...'' Il faisait allusion à ces innovations qu'il décrit comme étant des régressions du point de vue de l'ingénierie, avec force explications.
Il y a plusieurs choses dans la liste de ce que Colin n'aime pas, et vous aimez peut-être certaines de ces choses. Il me mentionnait entre autres les freins à disque hydrauliques pour les vélos de route: ils imposent de renforcer les jambes des fourches et les rendre plus raides, donc moins confortables et moins souples. Plus rigides? Pas toujours désirable: on veut quelque chose de plus rigide lorsque ça ne l'est pas déjà assez, ce qui n'est pas le cas pour la plupart d'entre nous, en ce qui concerne les fourches.
Personnellement, je ne veux pas de freins à disque, hydraulique ou pas, étant donné le type d'usage que je fais en vélo. Mes besoins, côté freinage, sont relativement modestes, et je préfère investir le budget disponible dans des systèmes plus abordables et plus légers. Plus simples, aussi.
Le marketing exige une fuite en avant et justifie plus ou moins adroitement (ou pas du tout...) des changements qui créent l'obsolence de ce qui existe déjà. C'est sûrement une des raisons qui explique en partie l'engouement pour les vélos à pignon fixe. Une espèce de réaction face à la pression exercée par les forces du marketing. En fait, il n'y a pas plus obsolète qu'une transmission monovitesse à pignon fixe.
Dans son livre Bicycle Diaries, David Byrne raconte que son expérience avec un vélo moderne et de plus haute gamme a été peu concluante: la machine était capricieuse et s'est révélée d'un entretien trop exigeant à son goût. Il ne rentre pas dans les détails, et ce serait intéressant de voir exactement ce qui s'est passé dans son cas. Dans mon cas, si vous regardez mes vélos personnels, vous verrez des machines dont les cadres sont résolument modernes, mais dont les transmissions ne correspondent pas aux dernières élucubrations des futurologues de chez ShimaSramgnolo. Ce ne sont pas des pignons fixes, mais ce sont des élaborations iconoclastes qui invitent l'observateur curieux à s'attarder un peu, à réfléchir.
Simplicité, économie, efficacité, légèreté, fonctionnalité, facilité d'entretien et de réparation, disponibilité des pièces, ce sont tous ces critères qui doivent être pris en compte au moment de bâtir le vélo. En offrant du prêt-à-rouler, les compagnies n'ont même pas le choix. Elles doivent suivre les tendances qui sont, en 2013, plutôt extrémistes (sauf exception). Ou bien vous avez dix ou onze pignons, sur le moyeu arrière, ou bien vous n'en avez qu'un.
Heureusement, la réalité est un peu plus souple que ça. Ne vous fiez pas à certains vendeurs qui vous diront que ''ça ne se fait plus''. C'est ce que vous entendrez parfois si vous cherchez des cassettes à sept ou huit vitesses. Il se fabrique encore des roues libres à cinq ou six vitesses!
Ne croyez pas tout ce qu'on vous dit dans les magasins. Les vendeurs ne disent pas tous la même chose. Évitez les vendeurs dogmatiques, et ceux dont le champ d'expérience est limité. Certains n'apprécient qu'une seule sorte de vélo, et voudraient tous nous voir sur ce type de vélo. D'autres vous relègueront aux vélos pépères, en se disant que vous êtes trop pantouflard pour apprécier autre chose. Laissez-vous guider par votre intuition, n'achetez pas trop vite, et ne vous conformez pas à des modes ou à des images.
*
J'étais curieux en partant en vacances pour un mois, de voir comment ma forme physique réagirait à mon jeûne de vélo. J'avais l'intention de nager assidûment, et j'y suis parvenu sans problème. Et je n'ai pas eu besoin d'attendre d'être revenu à Québec pour mesurer le résultat.
Un jour, vers la fin du mois, j'ai eu à courir pour ne pas arriver en retard avant la fermeture d'un bureau où j'avais affaire. À peu près 800 mètres. Ce qui n'est pas beaucoup lorsqu'on est en bonne santé. Mais essayez de courir cette distance de façon ininterrompue si vous avez un style de vie sédentaire, et on en reparlera....
Mon corps a très bien réagi. Je n'avais pas envie d'arrêter de courir avant d'être rendu à destination et non, je ne suis pas arrivé en retard au bureau.
Après deux semaines d'acclimatation, j'avais pris un rythme de croisière stable: une heure de natation à vitesse modérée, presque chaque jour. Efficace.
*
''Life'', l'autobiographie de Keith Richards. Très différent de ''How Music Works'' de David Byrne dont je vous parlais il y a quelques semaines. Et encore plus impudique.
Richards est ce guitariste de la légendaire formation The Rolling Stones. Je me promettais cette lecture depuis que j'ai su que ce serait publié, en 2010, car je savais que ça pouvait être bon. Mais c'est mieux que ça: tout y passe. Comment accorder les guitares, comment il vit ses relations avec les femmes, la cocaïne, l'héroine et le reste. La route, les autres musiciens, le grand déballage, celui qu'on fait quand il y en a plus de fait que ce qui reste à faire: il aura 70 ans cette année.
L'importance de dire les choses. Pour les partager, pour donner des pistes, pour raconter cette expérience unique, pour mettre les choses au clair de son propre point de vue. Quand on connait déjà des bribes du vécu de Richards, c'est encore plus intéressant, mais ce n'est pas du tout un pré-requis. Même pas besoin d'aimer le rock'n roll, il suffit de s'intéresser à notre époque.
C'est aussi un portrait de l'Angleterre, des USA et de tous ces endroits où les Stones ont travaillé. Plus de six cent pages, et elles défilent à toute allure, j'en aurais pris plus. Un bémol: la traduction en français a été faite par deux rigolos qui s'évertuent à utiliser un français ''cool'' qui, à mes yeux, est ridicule, en plus d'être souvent absolument incompréhensible. Même si j'étais français, je ne pense pas que je comprendrais toutes ces expressions.
''Exile on Main Street'' est un des albums des Stones préférés de Keith Richards. C'est un album que j'avais écouté beaucoup, à l'époque: il a été publié en 1972. Une de mes pièces préférées de cet album double, où on entend Jagger chanter:
''I don't wanna talk 'bout Jesus... Just wanna see his face, just wanna see his face.''
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