vendredi 28 mars 2014

MONTER DES ROUES.





Les anglophones appellent ça du ''New Old Stock''. C'est neuf, mais ce n'est pas nouveau. En l'occurence, une jante Mavic 217 pour 40 rayons en 26 pouces. C'est un nombre de rayons qu'on voit plutôt sur des tandems.




En regardant dans les catalogues, et en parlant aux fournisseurs, les indices étaient là. Deux d'entre eux me l'ont confirmé: les détaillants assemblent de moins en moins de roues.

C'est sûr que ça demande un peu de temps, quoique, avec l'habitude... Les grossistes, eux, ne donnent pas dans la dentelle. Le volume de roues vendues est tel qu'ils ont recours à de gros équipements de production comme ce qu'on peut voir dans la vidéo suivante:




Ces machines sont très dispendieuses et c'est par le volume qu'on peut réussir à en amortir le coût. Je suis à l'opposé du spectre en terme de quantité de roues, donc je fonctionne artisanalement, avec une clé à rayon, un gabarit de centrage et un outil de dévoilage Park TS-2.

On m'a dit que ces grosses machines dispendieuses peuvent donner des bons résultats... à condition qu'elles soient programmées pour travailler lentement, ce que les grossistes ne peuvent pas vraiment se permettre. Sinon, le travail artisanal a bonne réputation, à la condition bien entendu que l'artisan soit expérimenté et sérieux. Dans le film québécois ''Deux Secondes'', on peut voir un artisan bougon qui préfère monter les roues le soir, lorsqu'il n'y a plus d'achalandage à la boutique. Je ne pousse pas la chose aussi loin, mais c'est sûr que je ne pourrais le faire pendant des moments où les clients débarquent en grand nombre.

On peut se poser la question: pourquoi se donner tant de mal alors qu'on peut simplement choisir une roue toute montée dans un catalogue et l'ajouter à la prochaine commande? Comme c'est souvent le cas, il y a plusieurs raisons.


Un levier Sun Tour non-indexé, new old stock lui aussi.


-Premièrement, pour choisir la jante. Toutes les jantes ne peuvent pas convenir à tous les usages, ou à tous les usagers. Une jante ultra-légère ne durera pas aussi longtemps entre les mains d'un cycliste puissant et costaud, alors qu'elle conviendra très bien à un cycliste plus subtil. Surtout si on la met sur l'avant du vélo, là où il n'y a pas de motricité et moins de poids. Et vice-versa: les jantes lourdes sont habituellement plus fortes et seront appropriées pour un usage cyclotouristique, ou pour des roues arrière très sollicitées.

-Deuxièmement, pour choisir le nombre et la qualité des rayons. Des rayons qui cassent, ça n'a rien de drôle, surtout lorsqu'on est loin de la maison. Et casser un rayon sur une roue qui en compte 36, passe encore, mais le même phénomène sur une roue qui en a seulement 18, ça peut vous voiler une roue drastiquement. Je préfère donc choisir quantité et qualité en fonction de l'usage prévu.

-Troisièmement, pour choisir le moyeu. L'écart de prix entre les moyeux est plutôt spectaculaire. À peu près autant que l'écart de qualité. Et ils ne sont pas déclinés dans toutes les possibilités de nombre de rayons imaginables. Il faut donc tenir compte de tout cela dans la décision.

-Quatrièmement, pour profiter de liquidations. À chaque année, tôt ou tard, on m'offre des éléments de roue qui sont soldés. Parfois très soldés. C'est alors le bon moment pour stocker des choses qui ne serviront pas nécessairement tout de suite, mais qui seront bienvenues au moment opportun.

-Cinquièmement, pour éviter les coûts d'assemblage. Les grossistes et fabricants ont beau amortir le coût de la machinerie sur une grande quantité de roues, ils doivent quand même charger un certain montant pour ce travail, c'est compréhensible. Une dépense de moins pour moi. Par contre, évidemment, le temps passé à monter une roue pourrait être utilisé à faire autre chose, il faut en tenir compte.

-Sixièmement, pour une qualité constante. Toutes les roues que j'achète déjà montées doivent être vérifiées avant d'être offertes aux clients. J'en ai vu qui étaient fausses, d'autres qui étaient très fausses, j'en ai même déjà vu où je pouvais tourner un ou deux écrous à la main tant ils n'étaient pas serrés. Le contrôle de qualité varie d'un grossiste à l'autre. Il y a de quoi surprendre, parfois. Mais même un montage artisanal peut être inconstant, entre autres choses à cause de la qualité des jantes qui, évidemment, varie d'une marque et d'un modèle de jante à l'autre.

-Septièmement, si vous êtes un consommateur, il y a un plaisir évident à rouler sur des roues qu'on a montées soi-même. D'autant plus que le processus n'est pas évident, et le résultat n'est pas garanti, surtout lors des premiers montages. Mieux vaut, au début, s'exercer sur du matériel abordable, comme une jante économique avec un moyeu d'occasion.

J'ajouterais une autre raison, circonstancielle celle-là: la défection d'un de mes fournisseurs préférés en la matière. Outdoor Gear Canada était jusqu'à l'an dernier l'importateur exclusif de Mavic au Canada. Mavic est un nom reconnu dans le domaine des jantes et des roues, et fournissait OGC qui à son tour assemblait une variété de roues en utilisant principalement des moyeux Shimano. Je ne parle pas ici de roues assemblées par Mavic, comme les Crossmax et les Ksyrium, mais plutôt de roues plus classiques à 32 ou 36 rayons. La qualité de main-d'oeuvre était évidente et se comparaît avantageusement à n'importe quel autre grossiste canadien.

OGC n'a pas remplacé Mavic par une autre marque, peut-être parce que de toute façon la compagnie distribuait déjà Easton. Mais Easton ne propose pas un catalogue de jantes comme Mavic le fait, et OGC a cessé sa production de roues assemblées sur place à Ville Saint-Laurent.

N'écoutant que mon courage, et peut-être aussi mon plaisir d'assembler des roues, je me suis procuré à l'automne un important stock de jantes Mavic et j'ai préparé un inventaire de roues pour ma production de vélos 2014.





Mon premier Colnago. C'était en septembre 1988. Il était identifié Poliquin par le magasin qui me l'avait vendu car il l'avait intégré à sa production de vélos Poliquin. Mais ses pattes de fourche arrière et sa boîte de pédalier l'ont trahi, et après quelques temps, les langues se sont déliées et j'ai appris que oui, j'étais le propriétaire d'un Colnago en tubes Columbus Tretubi Aelle, une série de tubes d'entrée de gamme plutôt modeste, par les standards de Columbus. Ces tubes étaient lourds et pas particulièrement rigides. Dommage, car sinon, c'était un cadre très réussi. Les pièces Shimano 600 qui l'habillaient étaient également très agréables et donc je garde un très bon souvenir de cette machine. Les leviers de frein étaient d'une forme et d'une grosseur parfaite et les leviers de vitesses avaient une douceur d'action exemplaire. Seul le levier de vitesses droit était indexé. 



J'ai possédé pendant plusieurs années un cadre CCM Flyer de piste. Le mien était plus récent que ce qui est montré dans la vidéo ci-dessus, il datait probablement du début des années cinquante. Et si vous pensez que CCM n'a fabriqué que des vélos d'entrée de gamme, détrompez-vous! Ce cadre en tubes Reynolds 531 était complètement orienté vers la course et pouvait être sollicité en conséquence, malgré son âge. On m'a d'ailleurs laissé entendre que ce cadre avait peut-être été fabriqué en Angleterre, puis peint aux couleurs de CCM, mais je n'ai aucune certitude là-dessus. Je m'en servais au mois d'avril, pour la remise en forme, lors de sorties sportives sur parcours principalement plat.

*

La radio ne fait pas beaucoup entendre ce genre de musique, surtout en dehors des émissions spécialisées. D'où ma surprise, l'autre jour, entre deux interviews, de voir aterrir dans mes oreilles ''Well you needn't''.
Ici, une version avec Coltrane et Blakey, en plus de Monk.




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