mardi 11 mai 2010

LES FESSES DE QUI?


Près de Saints-Anges, dans la Beauce québecoise.


Conversation familiale lorsque nous étions dehors l'autre jour:

Thomas (mon fils de 8 ans): "Hier, il y avait des nuages qui ressemblaient à des boules, c'était beau! Ça ressemblait à des fesses..."

Je lui demandai: "Les fesses de qui?"

Il me répond spontanément: "Les fesses de Dieu".

Prenez note qu'il n'est pas particulièrement religieux.

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Je fabrique des vélos de façon artisanale. C'est plus exigeant que de proposer des vélos faits ailleurs, mais beaucoup plus satisfaisant pour mes clients et moi.

Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle l'autre jour en entendant un producteur de porc décrire sa démarche. Au lieu de vendre ses carcasses comme la plupart le font au Québec, sans transformation, il a entrepris de préparer les animaux en jambons et saucissons fins. Ça demande plus en créativité et en main-d'oeuvre, ainsi qu'en installations.

Sauf qu'au lieu de subir la crise des producteurs de porcs au Québec, il fonctionne d'une manière qui fait qu'il pourrait se passer des subsides gouvernementaux accordés couramment à ces producteurs. Cette crise frappe de plein fouet des agriculteurs qui ont connu des années de vaches grasses avant que les producteurs américains (et autres) comprennent qu'il y avait là un filon à exploiter.

Le temps que j'investis dans chaque vélo vendu ici est à peu près quatre fois plus élevé que si je sortais d'une boîte un vélo prêt-à-rouler d'une marque à grande diffusion. Cela demande davantage de temps, mais comme l'agriculteur qui fait ses jambons, j'ai une valeur ajoutée qui compense et me récompense. Et j'ai un produit qui non seulement se distingue, mais aussi me permet d'être particulièrement près des besoins de ma clientèle. Mon coût d'inventaire est moindre, il n'est pas obsolète en fin de saison et un coût de main-d'oeuvre accru m'est favorable du point de vue fiscal.

En allant en Beauce l'autre jour, j'ai rencontré une femme qui a travaillé chez Procycle dans la production et le service après-vente. Procycle est justement une de ces compagnies de vélo à grande diffusion. Elle me disait qu'elle venait d'être remerciée: "À cause de la concurrence des Chinois". J'ajoutai: "Et la fin de la relation avec Canadian Tire". Elle était d'accord.

Canadian Tire vend approximativement un vélo sur trois au Canada. Ils sont partout, et ça aide. Ils vendent du pas-cher, et ça aide aussi. La valeur ajoutée? Pas beaucoup. Les vélos sont faits pour être vendus plus que pour être utilisés.

Tous ne peuvent faire de la gastronomie, du petit volume. Je suis d'accord et le producteur de jambons aussi. Mais cette approche industrielle dont la logique est digne d'Elvis Gratton ("Think big, 'stie!), ça ne m'attire pas. Je réussis quand même à être très compétitif dans un marché sans pitié pour qui ne l'est pas. Et j'ai une stabilité d'entreprise que n'ont pas toujours les géants. En bonus, il y a un peu plus d'argent qui demeure dans la collectivité immédiate.

À bientôt.

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