vendredi 27 septembre 2013

FAIRE DU NEUF AVEC DU VIEUX.





Voici ce qu'on voit lorsqu'on tourne le dos à l'église de Saint-Jules-de-Beauce. Direction sud-ouest, il y a cette petite route de gravelle qui s'en va en ligne à peu près droite vers la route 271 qui mène à Sainte-Clothilde. Elle change de nom une ou deux fois, et à un endroit elle s'appelle route de Tring.

Elle est si tranquille que, lorsque je me suis arrêté pour manger un sandwich, une seule voiture est passée pendant tout le temps que j'ai passé là. Pas besoin de piste cyclable dans des routes comme celle-là...

Si on tourne à gauche sur la 271, on peut prendre la route du Moulin vers le nord-ouest en plein coeur du village de Sainte-Clothilde. En tricotant un peu vers la droite, puis un peu vers la gauche , vous arriverez au 1er rang qui vous ramènera à Saint-Jules.

Niveau de difficulté? Bien, si vous posez la question, c'est peut-être parce que vous ne devriez pas y aller...
Que des côtes et des faux plats. De la gravelle. Accessoirement, je vous suggère de le faire dans la direction que je décris ici, car il y a un ou deux courts segments où la gravelle est un peu moins facile, surtout si vous avez des pneus de 28 mm comme les miens. Mais rien de bien méchant. Le reste est roulant et agréable, et ressemble entre autre à ceci:






Claude Pelletier est un homme patient et déterminé, sinon il n'aurait pas fait ce travail de restauration sur un vélo de montagne qui remonte à la première génération de ce type de machine. La marque est québécoise: Mikado (non, ce n'est pas une marque japonaise). Les Mikado faits par la famille Poliquin, pas ceux faits en Beauce après que Procycle ait racheté le nom. Ça nous ramène au début des années '80.



Les pièces sont de marque Shimano, modèle Deore XT de première génération. L'indexation du dérailleur arrière n'existe pas encore, à plus forte raison le dérailleur avant encore moins. La restauration est complète: vélo désassemblé, cadre nettoyé et repeint, le but n'étant pas simplement de faire un vélo fonctionnel, mais bien de faire un vélo dont tous les aspects respectent les pièces qui étaient disponibles à l'époque. Les restaurateurs anglophones appellent ça une machine "period correct". La seule chose qui me soit sauté aux yeux à cet égard, c'était les deux pneus qui sont récents. C'est d'ailleurs peut-être la chose la moins facile à retrouver en bon état. Car le reste est effectivement en très bon état: en autant que mon examen superficiel m'ait permis de juger, il est en état "salle de montre".


On ne voit pas souvent, ici au Québec, de telles démarches de restauration de vélos. Le monde de l'automobile est familier avec ces efforts, mais j'en connais très peu dans la ville de Québec qui ait mené à bien de tels projets, côté vélo. La valeur du résultat sur le marché est d'ailleurs un peu difficile à déterminer. On a beau supposer que ce vélo a une valeur de X, si personne n'est prêt à vous donner le montant en question, ça ne veut rien dire.

Le marché de la revente pour une telle machine est limité, au Québec. Ce serait plus facile de revendre un vieux Schwinn restauré aux USA, ou un vieux Raleigh en Angleterre. Mais je le dis avec prudence, car ma connaissance de ce marché est limitée, j'en connais qui serait mieux à même de l'évaluer. Il faut avoir mesuré l'importance du bassin de clients potentiels dans un marché donné, d'autant plus qu'il s'agit d'une marque qui n'est pas connue en dehors du Québec.



Ces vélos étaient équipés de jeux de pédalier au standard BMX. C'est une habitude qui est vite disparue, le standard de route à boîte de 68 mm ayant été rapidement adopté pour plusieurs années.




Les gens familiers avec la marque reconnaîtront la couleur, qui a été reproduite lors de la restauration. Seule la selle montre des signes d'utilisation, mais il s'agit d'une selle Mikado conforme au modèle d'origine. Les leviers de vitesse ne sont pas indexés, comme je le disais plus haut, mais ils étaient plutôt agréables à l'usage comparativement à bien des choses disponibles à l'époque (et parfois même maintenant...).




Deore XT, à l'époque où ce n'était pas identifié comme tel, bien en vue, comme c'est fait maintenant. Même Campagnolo s'y est mis récemment, après avoir résisté longtemps à indiquer clairement le nom du modèle sur les pièces de transmission et de freins. Pourtant, lorsque vient le temps de faire le remplacement d'une pièce, il est plus facile de situer la pièce dans la hiérarchie de la marque.

On peut en savoir plus sur: http://capsicom.dyndns.org:8082/



Le fleuve Saint-Laurent, quelque part entre Lévis et Montmagny, août 2013.


La transmission de mon vélo à tout faire (Falardeau Alu9) montre des signes de fatigue. À l'insu de mon plein gré (bonjour Richard!), la chaîne s'est assez étirée pour en faire deux (j'exagère). Faut dire qu'avec la gravelle et la pluie occasionnelle, il y a de quoi accélérer l'étirement de n'importe qui. Même moi, je crois que j'ai grandi...

Et je n'ai pas envie de mettre une chaîne neuve sur des plateaux qui ont un tel vécu. À cause de l'usure, les chances sont bonnes pour qu'il y ait des mauvaises surprises lorsque je reprendrai la route avec une chaîne et une cassette neuve. J'ai plutôt envie de faire place nette avec un pédalier neuf au complet. Quitte à recycler le vieux pédalier sur un autre vélo. 

Petite parenthèse sur la question de l'installation d'une chaîne neuve. Si elle a peu roulé, on peut la changer sans changer la cassette (ou roue libre, le cas échéant). Sinon, on doit changer la cassette parce que la chaîne va glisser sur certains, ou même tous, les pignons de la cassette. La plupart des cyclistes qui posent une chaîne neuve n'ont pas de conséquences négatives au niveau des plateaux du pédalier, mais ça reste une possibilité très réelle et il faudra alors remplacer le, ou les, plateau(x) fautif(s)

J'ai remarqué ces dernières années à quel point il pouvait y avoir une différence de poids entre les différents types de pédaliers. J'aime bien le traditionnel système à emmanchure carrée (en anglais: square taper), mais j'étais curieux de voir l'écart de poids qu'il peut y avoir avec un système Shimano Hollowtech.



Voici le résultat: j'ai conservé les leviers de vitesses, le câblage et le dérailleur avant. Le reste de la transmission a été changé au complet. Faudrait bien, un d'ces quatre, que je vous raconte l'histoire en arrière de chacune des pièces de ce vélo. 



Hollowtech, c'est le nom que Shimano donne à ces pédaliers modernes qu'on trouve à partir du niveau Deore. L'axe du jeu de pédalier est intégré à même la manivelle droite et les roulements sont à l'extérieur du cadre, même si la partie filetée qui les fixe au cadre pénètre celui-ci comme les systèmes traditionnels. 

J'ai utilisé ma balance numérique pour comparer deux pédaliers Shimano à la même grosseur de plateaux: FC-M542 et FC-M430. J'ai inclus dans l'équation les jeux de pédalier compatibles, dont l'un est nettement plus léger. Le résultat est éloquent: l'écart est d'à peu près 300 grammes, dépendant du jeu de pédalier utilisé.

Chacun a son point de vue sur la question du poids d'un vélo. Dans mon cas, le vélo a un poids très raisonnable au départ, et est utilisé pratiquement sans bagage. Et il monte beaucoup de côtes. En plein ce qu'il faut pour me motiver à alléger la machine. Dans le cas des deux pédaliers mentionnés plus haut, l'écart de prix (de détail suggéré) est d'à peu près 100$. Évidemment, le client qui m'achète un vélo neuf se verra offrir cette option pour un montant nettement moindre. À vous de décider si ça vaut le coût.



Je n'écoute jamais la radio commerciale, mais on m'a dit que cette pièce de Cee Lo Green y a connu un certain succès. Pas surprenant. Je trouve que ça sonne "british", mais il est américain. "Crazy".

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