À l'ouest de Saint-Séverin, dans la Beauce.
Quelqu'un m'a demandé, l'été dernier, si je fais de la route ou de la montagne. En souriant, j'ai répondu: "Je fais des routes de montagne". C'est quand même une bonne description de ce que je fais chaque fois que c'est possible. Bien sûr, je continue d'être un cycliste utilitaire, et de m'entraîner sur un vélo en 700 x 23, mais si vous me donnez le choix, c'est encore vers les routes des Appalaches que je me dirige. Elles commencent à approximativement une soixantaine de kms au sud de la ville de Québec.
Une des raisons, c'est qu'on n'y rencontre que très peu d'automobilistes ou de véhicules motorisés. Pour prendre une photo comme ci-dessus, pas besoin d'attendre que les voitures soient passées, c'est comme ça presque tout le temps.
Des cyclistes? N'en cherchez pas dans ces routes.En vingt ans, je crois que je peux compter sur les doigts d'une main ceux que j'ai croisés par hasard dans la gravelle appalachienne. Québec n'est pas si loin, mais pas assez proche. Les côtes? Bien sûr, c'est un obstacle pour le grand public.
J'ai été un peu surpris de prendre connaissance d'une tendance qui fait son chemin aux USA. Jetez un coup d'oeil sur le blogue de Guitar Ted:
http://g-tedproductions.blogspot.it/
On y apprend que chez Mr. Ted (Iowa), on y pratique le "gravel grinding" avec autant d'application, sinon plus, que je ne peux le faire moi-même ici. Pour les mêmes raisons, évidemment: tranquilité, beauté. Certains continuent, comme sur l'asphalte, de rechercher la vitesse la plus élevée possible, d'autres sont là pour toutes les autres raisons...
Les photos de son blogue nous montre un paysage très agréable, quoique plus plat et peut-être moins changeant que ce que je peux voir dans les Appalaches: regardez les photos que Ted a publiées le 22 octobre 2013.
Près de Saint-Malachie.
Est-ce que cette tendance se rendra jusqu'au Québec? J'en doute beaucoup. En tout cas, pas dans un avenir rapproché. À cause des raisons mentionnées plus haut, mais aussi à cause d'un mythe tenace qui fait croire à certains qu'on crève plus sur gravelle que sur l'asphalte. C'est faux. En fait, c'est exactement le contraire, selon mon expérience et celle des amis qui viennent avec moi. On n'y trouve pas de vitre cassée, ou de débris métalliques vicieux qui agressent caoutchouc et butyl. Les pneus que j'utilise n'ont vraiment pas une réputation de robustesse, et pourtant ça fait longtemps que je n'en pas crevé un dans ces routes-là.
Une des choses qui m'ont poussé vers ce réseau routier, c'est un goût de l'exploration que tous les cyclistes ne partagent pas. Pour moi, la route la plus intéressante est celle que je n'ai jamais vue. Je suis routinier en semaine, mais j'évite ça la fin de semaine. Et si on veut y consacrer peu de temps, c'est sûr que le métier d'explorateur n'est pas tout-à-fait indiqué... Aussi, le fait que je roule à vélo à partir de la ville de Québec, depuis 37 ans, me pousse à sortir davantage des routes que je pourrais presque parcourir en dormant.
Certains détaillants ou fabricants de vélos aimeraient bien en faire la Prochaine Grosse Affaire (Next Big Thing) pour vous vendre un vélo de plus. Mais pour plusieurs d'entre nous, ce n'est pas nécessaire d'ajouter une monture à son écurie pour aller rouler dans les Appalaches ou en Iowa. N'importe quel vélo en bon état et de qualité fait l'affaire, à condition de ne pas être extrême comme un vélo de route/course ou un vélo de descente. Ou un vélo à pignon fixe (pentes à 20% dans la gravelle...).
Une cliente vient de me raconter son expérience chez un autre marchand qui me connaît, et dont je préfère taire le nom. Elle lui a mentionné la possibilité de se procurer un vélo chez moi. Ça nous a bien fait rire, quand elle m'a raconté qu'il lui avait dit: "Qu'allez-vous faire s'il meurt?"
Rassurez-vous, aux dernières nouvelles, je bouge encore. Mais j'évite d'être alarmiste au sujet de l'état de santé de mes compétiteurs. On ne sait jamais, ils pourraient vivre encore plus longtemps que moi...
Je ne suis propriétaire d'aucune maladie pouvant mettre ma vie en danger de façon imminente, mais j'avoue qu'à long terme, je ne peux pas vous garantir que je survivrai à chacun de mes clients. Mais mes vélos sont, pour la plupart, bâtis avec des pièces Shimano qui sont faciles à faire réparer chez les autres détaillants de vélo. Ceux qui sont vivants, bien entendu.
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Campagne de rappel, aux USA, pour les potences des vélos Bike Friday, modèle Tikit. J'ai reçu ce courriel cette semaine:
Searching through our records, we found and replaced 2,147 stems out of a possible 4,000; that is more than 50 percent. The CPSC tells us that a typical recall results in 10-15 percent compliance. We still want to make it 100%.
Avis aux intéressés.
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En visitant le blogue http://pdaleblaispdale.blogspot.ca/ , récemment, j'ai pu voir le documentaire suivant. Ça vaut le détour, jugez par vous-mêmes.
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D'ailleurs, dans ce film, on peut voir que je ne suis pas seul à aimer les vélos et la musique. C'est pourquoi je m'entête à vous suggérer des écoutes, à chaque semaine.
Aujourd'hui, le trio de la contrebassiste Patricia Deslauriers, dans une pièce que certains d'entre vous reconnaîtront.
J'ai tout de suite cru que tu t'étais rompu les os dans une de ces descentes infernales en dérapant dans la "garnote". Décidément ton sens de l'humour ajoute du piquant à tes récits !
RépondreSupprimerP.s. Le documentaire est effectivement très intéressant, merci.
Johanne Lebeau