vendredi 15 mai 2015
HERR BRANDT.
J'ai monté pas mal de roues ces derniers temps. Ça fait partie de mon travail, mais c'est aussi un plaisir. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette tâche, elle consiste tout simplement à prendre un moyeu, des rayons et une jante et à en faire une structure efficace et solide communément appelée, une roue.
Je venais justement d'en compléter une, la semaine dernière, lorsque j'ai jeté un coup d'oeil sur mes courriels. Un d'entre eux a attiré mon attention à cause d'une nouvelle qu'il contenait. Il m'annonçait le décès de Jobst Brandt.
Ce nom ne vous dit probablement rien, à moins que vous ne soyez familier avec ces personnages qui ont contribué, chacun à leur façon, à l'épanouissement du vélo aux États-Unis durant les années '70 et '80, principalement. Monsieur Brandt avait écrit un livre intitulé "The Bike Wheel".
Je savais déjà comment dévoiler des roues. Mais c'est grâce à ce livre que j'ai appris comment en assembler. Avec rigueur, selon les règles de l'art. Le livre est vraiment bien écrit et illustré, avec clarté, avec détails, mais sans excès. On me dit qu'il est encore publié, et pourquoi pas? Il n'a rien perdu de sa pertinence, les lois de la physique sont encore les mêmes à ce que je sache.
Mais on ne s'étonnera pas que d'apprendre que Herr Brandt avait des réserves sur l'évolution des choses, en ce qui concerne les roues modernes. 16 rayons? Trop peu pour lui. Il n'avait pas peur d'avoir des opinions. Mais contrairement à certains gérants d'estrade, il avait un esprit critique qui aimait bien cerner le comment du pourquoi. Il avait d'ailleurs, dans son c.v., un passage chez Porsche où il avait travaillé comme ingénieur. Sur les suspensions, si mon souvenir est bon.
Certains se rappellent de lui comme d'un guide, à travers certaines montagnes de Californie et dans les Alpes. Avant l'apparition des vélos de montagnes, durant les années '70, il aimait bien se balader dans toutes sortes de routes et de sentiers avec des pneus de 28 mm de largeur. Regardez bien ce que ça donne sur une règle, si vous ne savez pas de quoi a l'air un pneu de 28 mm, et vous constaterez que ça n'a rien à voir avec ce qui est devenu typique des vélos de montagne quelques années plus tard.
Il était aussi impliqué à une certaine époque dans la compagnie Avocet, qui a produit, entre autres choses, des pneus et des selles, en plus de publier son livre. Il a travaillé à la conception de l'odomètre numérique qui a dominé la marché avant l'arrivée de Cat Eye. J'en ai possédé un: c'était une merveille de simplicité et de clarté.
Il s'est aussi impliqué dans la promotion des pneus lisses offerts par Avocet. Peu importe la marque, les pneus lisses inquiètent souvent les consommateurs. Non, monsieur, il n'y a pas d'aquaplanage sur un vélo, et non, madame, le fait d'enlever du caoutchouc sur la semelle pour faire des rainures n'augmentera pas l'adhérence en courbe ou n'importe où ailleurs. Personnellement, je roule avec de tels pneus depuis longtemps et je n'ai rien à leur reprocher, pas même dans les rangs de gravelle que j'affectionne.
Il a écrit beaucoup, partageant volontiers ses opinions avec qui voulait bien. Vous pouvez trouver une partie de cet opus ici:
http://yarchive.net/bike/index.html
Pas surprenant de trouver une connexion entre Sheldon Brown et Jobst Brandt, d'ailleurs. Les deux avaient en commun un regard critique sur l'objet vélo et les modes qui le portent. J'aurais bien aimé assister à une discussion entre les deux, l'échange m'aurait sûrement appris quelque chose.
Qu'aurait pensé Brandt de ces freins à disque que l'Union Cycliste Internationale est en train de commencer à accepter dans le peloton Pro Tour? Juste comme Trek lance une campagne de rappel à la suite d'incidents dûs à des leviers de déclenches rapides qui peuvent interférer avec le disque du frein.
Concernant cette décision de l'UCI, j'y vois un superbe paradoxe. Avec tous les efforts faits pour aller le plus vite possible, donc sur des vélos si légers qu'on doit en contrôler le poids pour voir s'ils dépassent la limite permise, on les alourdit avec un super-système de freinage pour les ralentir le plus rapidement possible! Comme si le peloton avait besoin de ça pour gagner (ou même terminer) les courses... J'entends d'ici Ernesto Colnago grincer des dents devant cette nouvelle tournure des événements, quoique j'ai l'impression qu'il a dû finir par se faire une raison, lui qui aimait tant les fourches en Nivachrom et les jeux de direction à cuvettes rapportées, et a consenti à les laisser disparaître comme le dernier rhinocéros encore vivant.
Concernant le rappel de Trek, Bicycle Retailer and Industry News a publié ce qui suit, cette semaine:
In a newsletter Shimano emailed Thursday to product managers, the component giant acknowledged that it makes quick release levers that open more than 180 degrees from the closed position and that these levers were included on disc-brake bikes recalled by Trek on April 21. But the company said it sees no need to recall the levers. Meanwhile, ASTM is developing a QR standard and the BPSA has formed a committee to consider what other bike brands should do regarding the levers, which many brands used.
Parce que non, les étriers de freins à disque ne sont pas aussi légers que ceux des freins sur jante. Et ce dernier utilise, comme disque, la jante qui est là de toute façon, donc pas besoin d'ajouter ces disques en acier. Et j'espère sincèrement que personne ne sera blessé par un de ces disques lors des fréquents carambolages qui empilent les vélos du peloton les uns sur les autres. Quant à penser que ces carambolages seront évités grâce aux nouveaux freins, permettez-moi d'en douter: on ne peut pas dire que les freins qu'on a vus ces dernières années dans le Pro Tour manquaient de puissance!
Finalement, une petite question, comme ça: comment ça se passe, quand le support neutre fournit une roue à un cycliste qui a crevé? Est-ce que les disques de frein tombent pile au bon endroit, ou est-ce que ça frotte jusqu'à la fin de la course? Est-ce que poser la question, c'est y répondre?
Tiens, permettez-m'en une de plus. Est-ce que les coureurs réclament ce changement, ou est-ce que ce sont les commanditaires issus de l'industrie du vélo qui insistent pour initier ce changement? Parce c'est évidemment dans l'intérêt de ces derniers de créer une obsolescence du frein classique.
Un rendez-vous qui sort de l'ordinaire, dans mon cas, pour dimanche prochain. De l'asphalte seulement! Pas de gravelle. Départ à 10 heures le matin, à l'église de Saint-Placide de Charlevoix. Nous irons faire le tour de l'Isle-aux-Coudres. En fait, c'est Colin (qui y sera) qui m'a convaincu de sortir de mon terrain de jeu habituel. Au plaisir de vous y voir.
Ça nous fera changement de la sortie du 3 mai dernier, dont vous voyez des photos ci-dessus, où nous avons dû rebrousser chemin en bout de parcours à cause de la boue et de la neige qui encombraient le chemin que nous avions choisi à l'est de Saint-Lazare-de-Bellechasse. Voici le tracé de ce parcours, qui part de Sainte-Hénédine pour aller vers l'est::
http://www.strava.com/activities/297600341?utm_content=2204032&utm_medium=email&utm_source=ride_share
La conférence que j'avais prévu donner, le 20 mai, est annulée. Il y avait un conflit d'horaire avec la Randonnée du Silence qui a lieu justement ce soir-là. Je vous tiens au courant si je reporte la conférence à une autre date.
*
Je ne sais pas comment le groupe de Dave Matthews a pu échapper à mon radar tout ce temps, mais quand j'ai vu/écouté ce qui suit, je me suis franchement régalé. À noter particulièrement, le batteur Carter Beauford qui vaut le déplacement à lui tout seul. L'échange entre lui et le sax ténor, qui commence vers la septième minute, met le feu aux poudres et la foule, déjà bruyante, en redemande. Dommage qu'on ait coupé abruptement le son à 15:01 min. Mais la deuxième partie de la pièce est aussi disponible sur youtube.com.
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