À Lévis, en haut d'une des côtes très raides qui partent du fleuve.
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C'était en novembre 1976. Je m'arrête dans un hôtel plus ou moins miteux de la Pennsylvanie pour passer la nuit. Je voyage vers le sud avec mon vélo ATALA Grand Prix.
Le barman est propriétaire de l'endroit. Un grand type sympathique qui me sert une téquila: 60 cents. Losque, au cours de la conversation, il apprend que je suis québecois, il commence à me parler en français. Il me dit qu'il est un immigrant, né en France.
Un peu plus tard, un couple rentre dans le bar. Ces gens se connaissent tous et le barman dit à la femme: "Viens ici, viens parler français, ce gars est un Québecois!"
À quoi elle répond: "No thanks, that's the past, I don't wanna speak French anymore."
Elle était immigrante comme lui, d'origine française comme lui. Elle rejetait ses racines. C'est triste. Je le dis comme je le pense, comme je le pensais sur le coup, spontanément. Ce n'est pas une position politique, c'est simplement une réaction à ce que je perçois comme une auto-amputation inutile et stérile. Je ne connais pas son passé, et peut-être cette dame avait de bonnes raisons de renier le pays et la culture de son enfance. Si c'est le cas, je la plains.
Plus loin sur ma route, c'est un YMCA qui m'accueille pour la nuit. Avant de m'inscrire, dans le lobby, un cinquantenaire oisif me dit: "Qu'est-ce que tu fais ici? N'arrête pas ici... il n'y a rien ici!" Sage conseil, la ville est grise comme le ciel, en pleine décrépitude, comme un oiseau qui a perdu ses ailes. Lui ne sait pas que je ne fais que passer.
Quelques jours après, je m'arrête pour dîner dans une très petite ville. Je rencontre un jeune homme avec qui je sympathise. À un moment donné durant la conversation je lui demande pourquoi il vit dans cet endroit. Sa réponse: "Parce qu'il y avait un arrêt d'autobus." Fallait bien descendre quelque part...
Son dîner à lui? Un Jos Louis et un lait au chocolat.
Les Européens sont souvent fascinés par l'Amérique. Le vélo est un bon moyen de prendre le pouls de cette Amérique. Pas celle d'Hollywood, des "soap" de 14:00h ou des piscines de Miami. Celle du meilleur jusqu'au pire, celle qui vous laisse des images de peinture écaillée, de mobilier défraîchi, de pièces mal aérées, de gens au teint gris. Heureusement, la nature est belle partout, et on y fait de bonnes rencontres.
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C'était probablement durant les années soixante. Radio-Canada a organisé à quelques reprises des concours de chanson. Juliette Bourassa avait voulu y participer, en tant que compositrice, en utilisant un texte tiré du roman de Léon Tolstoï: "Anna Karénine". Elle a communiqué avec la chanteuse Pauline Julien pour lui demander d'être l'interprète de la chanson. Pauline a répondu par un billet écrit à la main sur un beau papier très fin, reflet du bon goût dont elle a fait preuve toute sa vie. Voici sa réponse, que j'ai retrouvée en fouillant dans les affaires de Madame Bourassa ces derniers jours:
"Mademoiselle,
C'est gentil d'avoir pensé à moi.
Malheureusement, je trouve que votre chanson n'est pas assez travaillée... pas assez complète... l'idée pourrait être jolie il faudrait l'élargir.. et l'approfondir davantage.
Au revoir
Pauline Julien."
Les plus jeunes d'entre vous n'ont pas connu Pauline Julien. C'est dommage. Elle est de la génération de Gilles Vigneault. Madame Bourassa m'a dit qu'au début de sa carrière, elle chantait faux, ce qu'elle a corrigé par la suite.
Elle avait du charisme, de l'intégrité, et était très respectée.
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SPÉCIAUX DU JOUR:
Jeu de direction FSA Orbit Extreme Pro, standard 1 1/8" non-fileté:
rég. 178$, réduit à 49$ + taxes
Gants de mécanicien Park Tools, rég. .88/paire, réduit à .48/paire + taxes
Paire de moyeux Ritchey:
Avant: Mountain Comp Disc, 32 trous, roulement cartouche
Arrière: Mountain Comp Zero Disc, 32 trous, roulement cartouche
Rég. 98$/paire, réduit à 38$/paire.
Pas de rendez-vous cycliste prévu pour dimanche. On se reverra dimanche le 18 octobre.
À bientôt.
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