vendredi 18 décembre 2015

IL Y A 90 ANS.





Dans le secteur du Lac des Roches, au nord de la Ville de Québec, 6 décembre 2015.



J'écris ceci à l'heure où la première blancheur de l'hiver persiste au sol. Ce que Juliette m'a raconté confirme ce que Duke Ellington sait depuis longtemps: les choses ne sont plus ce qu'elles étaient.

Elle est née en 1918, et se rappelle de son enfance à Saint-Raymond-de-Portneuf. Il s'agit d'un village au nord-ouest de Québec qui s'est développé à partir des années 1820. Il est situé à environ 60 kms de Québec et a maintenant le statut de ville. Les hommes qui ont fondé le village, au 19ème siècle, s'y sont installés pour récolter le bois qui y était abondant, et très important pour la construction de la flotte des navires anglais, entre autres choses.

 À ce temps-ci de l'année, les cyclistes hivernaux de Québec donnent leurs premiers tours de roues avec leur monture d'hiver. Ce serait très différent s'ils étaient transportés à Saint-Raymond il y a cent ans, car il n'y avait pas d'entretien de la voie publique en hiver à cette époque-là. Pas de sel pour faire fondre la glace, pas de déneigeuse pour déblayer la neige fraîchement tombée.




Ce qu'il y avait, c'était des voitures tirées par des chevaux, et leurs skis ou leurs patins écrasaient la neige et faisaient en sorte que l'accumulation de neige n'augmente pas de façon excessive dans les rues. Et la neige, il y en avait beaucoup, donc pas question de sortir son vélo durant l'hiver.

Autre petit détail qui a son importance, les routes et les rues n'étaient pas asphaltées à cette époque-là. Et si ça ne posait pas de problème en hiver, je vous laisse imaginer ce à quoi ça pouvait ressembler quand le printemps arrivait! La boue envahissait les rues et il ne fallait pas s'habiller trop chic si on voulait traverser la rue à pied... En fait, même la route pour aller à Québec n'était pas asphaltée, et on n'y allait pas sans avoir de bonnes raisons.

L'épicerie était à deux cents mètres de chez Juliette, et on y allait à pied. C'était normal. À moins qu'elle ait oublié que la voiture à cheval de la famille de six enfants était utilisée parfois pour faire les achats les plus gros. Car son père avait une voiture à cheval qui était utilisée pour transporter la production de son usine de produits du bois jusqu'à la station de chemin de fer pour l'expédier partout au Québec, de la Gaspésie et la Côte-Nord, jusqu'en Abitibi.

Donc, pas de vélo en hiver, et pas de vélo au printemps. Je crois bien que j'aurais apprécié les chevaux, si j'avais vécu à cette époque-là. Elle me dit qu'il n'y avait tout simplement pas de vélos à Saint-Raymond durant sa jeunesse, mais les patins à roulettes étaient très appréciés des enfants qui les utilisaient sur les trottoirs qui étaient en bois ou en ciment.


Mon Falardeau d'hiver, au-dessus de la Rivière Saint-Charles.


Et si, à l'époque, j'avais été un bon client pour les vendeurs de chevaux, j'aurais peut-être fait affaire avec Jean-José Plamondon, qui était maquignon. Vous connaissez Jean-José? Moi non plus. C'était le père de Luc Plamondon qui a composé tant de chansons très connues (Diane Dufresne, Starmania, Céline Dion, etc.). Il semble par contre que les maquignons avaient souvent des différents avec leurs clients, car ce M. Plamondon était un client régulier de l'avocat Pierre Letarte qui a marié la soeur de Juliette, Yvonne. Cette dernière m'a d'ailleurs raconté avoir de très bons souvenirs d'avoir fait du vélo pour se déplacer pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il n'y avait pas qu'en France où le carburant était rationné, c'était également le cas au Canada.

Les avocats de l'époque avaient eux aussi une réputation controversée. Une réputation d'être des voleurs, pour tout dire. Les professeurs,eux, avait la réputation d'être des pauvres, ce qui était possiblement mérité dans ce temps-là. Barthélémy, le père de Juliette et Yvonne, avait interdit à ses filles de marier un avocat ou un professeur pour ces raisons. Devinez ce qu'elles ont fait? Vous savez déjà qu'Yvonne a marié un avocat, et Juliette a marié un professeur. Et ni l'un ni l'autre ne s'est révélé être particulièrement voleur ou pauvre.

Barthélémy, au début du vingtième siècle, a été propriétaire d'un magasin général à Saint-Raymond. On y vendait de tout, ou presque. Mais pas de vélos, probablement à cause de la trop faible demande. On y vendait pourtant de la quincaillerie, et j'ai connu une époque où il était courant pour les quincaillers de vendre des vélos. Non, on y vendait des fruits et légumes, des cercueils de fabrication locale et on y trouvait même une chapelière qui officiait sur place. Il s'est départi de cette entreprise pour se tourner vers la production de pièces de bois telles que les manches de hache, de balai, de lavette, etc.




Juliette a souvenir d'un homme qui allait travailler en vélo à tous les jours à Chute-Panet, à quelques petits kilomètres à l'ouest de Saint-Raymond. Un hurluberlu? Non. Même s'il était inhabituel qu'un travailleur se déplace de cette façon à Saint-Raymond, il avait plutôt la réputation d'être un homme tranquille, le genre dont on dit qu'il "fait sa p'tite affaire".


Et maintenant, la Ville de Saint-Raymond est un peu devenue une ville de vélo, à la belle saison, parce que la voie ferrée a été transformée en piste cyclable. Les gens viennent de Québec et s'y arrêtent pour faire une pause et profitent de ses différents restaurants. Ceux qui le veulent peuvent continuer jusqu'à Rivière-à-Pierre qui est et restera toujours un petit village, le dernier avant La Tuque et le Lac Saint-Jean beaucoup plus au nord. Un petit village, à moins qu'on y trouve du pétrole, chose improbable et que je ne lui souhaite pas.




Le pneu a attendu que je retire la punaise pour se dégonfler...



Si la Ville de Québec vous intéresse, lisez ceci, on y parle de l'annonce faite par la municipalité sur ses intentions face au réseau cyclable local.

http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/transports/201512/08/01-4928987-9-millions-pour-raccorder-le-reseau-cyclable-de-quebec.php


Un Fat Bike vendu avec une notice paradoxale: WARNING  This bicycle is not designed for off-road use...
En cas de poursuite judiciaire contre la compagnie de vélo, une notice comme celle-là tiendrait-elle la route? Regardez son pneu avant, en bas à droite dans la photo. Avec un pneu comme ça, il est conçu pour quoi exactement ce vélo?





Ça vaut le détour. Une autre sorte de Championnat d'Europe, la sorte que personne ne veut gagner. Relayé par velomag.com et David Desjardins.

Essayez de regarder ça sans rire.









Les cyclistes, souvent, ne soupçonnent pas à quel point leur vélo est en mauvais état. À gauche, vous pouvez voir une couronne de billes de direction toute neuve. À droite, il s'agit d'une couronne jadis identique, que j'ai retiré d'un vélo cette semaine. Le vélo en question avait tellement été exposé à la pluie la nuit, au repos, que la potence contenait une quantité d'eau non négligeable.Heureusement qu'elle était en aluminium, sinon elle aurait pu rouiller sournoisement, par l'intérieur.





La compagnie montréalaise Guru a connu une année 2015 difficile. Un déménagement coûteux qui a nui à sa capacité de production l'a obligé à ouvrir un dialogue avec ses banquiers. Le magazine Bicycle Retailer and Industry News a rapporté la nouvelle, à laquelle un lecteur, également détaillant de vélo, a réagi:

Douglas Baumgarten · 

This is unfortunate, but not unexpected. As a Guru dealer, I appreciate what the company does to maintain quality and develop wonderful bicycles -- for a small company, they try very hard to keep up with the latest tech...building some super light carbon frames and nice triathlon frames. The problem is simple - price competitiveness. Guru has done their best to develop a few non-custom frames, but they just can't compete on price with the big boys who churn out Chinese frames by the thousands. And the current market is nothing if not price-conscious...we have trouble selling anything that costs a little more, regardless of quality (unless it's seen under the butts of numerous pro riders). I hope they will survive, but the market trends are inexorable.



Tiré du documentaire sur le studio Muscle Shoals, en Alabama, la chanteuse Alicia Keys.