vendredi 29 janvier 2016

MES OUTILS PRÉFÉRÉS.





Un Falardeau Alu9 en version cyclotouriste. Tout est neuf, sauf la selle et les pédales.



Chaque mécanicien de vélo (ou de toute autre chose) a ses outils préférés, sûrement. J'ai pensé vous montrer les miens.

Il y a plusieurs raisons d'aimer particulièrement un outil. Il peut nous faire sauver du temps, ou nous permettre de faire quelque chose qu'on ne peut faire sans lui,  il peut être agréable à utiliser, il peut même être agréable à regarder ou à toucher à cause du métal utilisé ou de la finition de l'objet.



1- Un étau. Comment s'en passer si on travaille souvent sur des vélos? Il me manquerait, pas de doute. Il fait pratiquement figure d'assistant. Ça permet de stabiliser toutes sortes d'objets, y compris d'autres outils comme les extracteurs de roue libre vissée. On s'en sert pour ajuster des roulements de moyeux, pour retirer les pédales d'un pédalier qui n'est pas sur le vélo et bien d'autres choses. J'y installe habituellement mon gabarit de dévoilage Park TS-2.2.

2- La presse à cuvettes de direction. Je pourrais m'en passer en utilisant une longue tige filetée, avec deux écrous et un jeu de rondelles adéquates. Mais je pose des dizaines de fourche à chaque année, et ça vaut vraiment la peine de se procurer cet outil. En prime j'aime voir les cuvettes rentrer dans le cadre progressivement à mesure que je tourne l'outil pour lui faire faire son travail. Accessoirement, cet outil a deux compagnons précieux: le guide de coupe pour la colonne de la fourche (comme le Park SG-6) et le poinçon à écrou étoilé (comme le Park TNS-15). Ces trois outils combinés vous permettront de travailler comme un pro, mais à vous de décider si vos besoins justifient cette dépense.

3- Clés à rochet. J'aurais dû connaître ces clés avant. Elles permettent de sauver du temps. Le gars ou la fille qui a inventé ça mérite une médaille. Ou une pile de cash.

4- Les longues clés hexagonales (Allen, comme les Park PH). On peut s'en passer mais... à ce prix-là ça ne vaut tout simplement pas la peine. Il y a des usages où d'autres clés hexagonales conviennent mieux, mais j'utilise les miennes souvent. La 4 mm, ainsi que la 5 et la 6. J'aime aussi beaucoup la clé hexagonale 5 mm au manche orange que vous voyez sur la photo, elle me permet de serrer au maximum lorsque c'est nécessaire. Mention spéciale pour les E-Force T-Tool de la marque EVO qui semble intéressants, quoique je ne les ai pas essayés personnellement. Toutes les clés hexagonales que je décris dans ce paragraphe sont des outils abordables dont il ne vaut pas la peine de se priver si on travaille souvent sur des vélos.

5- Pour dévoiler les roues, certains aiment les clés à rayons comme les Park SW. Moi je préfère la clé à rayon ronde à plusieurs dimensions, surtout à cause de sa tenue en main. Smart Tool fait une clé à rayon ronde de couleur noire dont les créneaux sont bien coupés et donc très précis, et c'est bon marché.

6- Le gabarit de dévoilage de roues Park TS-2.2. C'est un référence de l'industrie, un modèle très populaire dans les ateliers professionnels. Difficile de s'en passer quand on pris l'habitude de s'en servir. Mauvaise nouvelle: les mécanos amateurs hésiteront devant la facture.





Quelque part en Beauce, dans les Appalaches.


J'ai reçu le courriel suivant dimanche dernier, d'un ami qui roule régulièrement avec moi, mais qui n'est pas encore habitué de rouler à vélo en plein hiver.

Lorsque je suis sorti pour aller chercher du café ce matin, j'étais frigorifié à la simple marche de chez moi au dépanneur...

Je suis très frileux...parfois. Surtout en pleine lune. Donc je ne viendrai pas rouler avec vous en ce beau dimanche.


Voici ma réponse:


Ah là, pour la lune, je ne peux rien y faire. Sinon voici mes trucs pour ces sorties récréatives qui durent au moins trois heures ces dimanches-ci.

  • ​Ce n'est pas un hasard si elles commencent habituellement à midi. Il fait froid à 8:00 heures? On s'en fout, ce sera différent à midi et à 14 heures. Hier, il faisait moins 7 degrés Celsius à 10 heures et moins 4 à l'heure du départ. Et à 8:00 heures, tu peux être sûr qu'il faisait plus froid que moins 7.
  • Ne jamais se fier aux chiffres de météo officielle. L'autre matin, la radio me disait qu'il faisait moins 7 pendant que mon thermomètre extérieur me donnait moins 1.6 degrés. L'écart habituel le plus typique est d'à peu près trois degrés. D'après moi, il y a deux raisons à ça. La station météo officielle pour la Ville de Québec est à l'aéroport, qui est situé dans la banlieue nord de la ville, à une altitude autre que celle du centre-ville où je me trouve. Aussi, si je prends l'information à 8:30 heures, on me donne la température qu'il y avait à 8:00 heures. Donc, autre temps, autre lieu, cette information est inexacte et peut contribuer à me démotiver.
  • Je ne m'occupe pas du facteur éolien. Parce que je ne sors pas avec la peau à découvert. Et parce que je n'ai pas toujours le vent de face. Les méchantes langues disent que ça a été inventé par des médias en mal de sensationnel.
  • La température que nous avons eu hier, finalement, était à peu près la même que celle que nous avons eu ensemble, une semaine auparavant. Et que tu avais trouvé très tolérable, si mon souvenir est bon. 
  • Tu es frileux? Il y a des vêtements pour ça. Et de la nourriture. Étais-tu habillé adéquatement quand tu es allé chercher le café? Si ta mère t'avait vu sortir habillé comme ça, aurait-elle insisté pour que tu t'habilles plus? Avec raison? Je sais que tu n'as plus l'âge pour que ta mère te dise quoi faire, quoique parfois... 
  • Mon expérience me dit qu'il ne faut pas prendre ces décisions sur une base émotionnelle et subjective. Je regarde le thermomètre, je m'habille en conséquence et je sors. C'est tout. Comme dirait Nike: Juste fais-le.
  • J'ai ma limite aussi, il faut la connaître. Pas de sorties récréatives en bas de moins onze ou douze, même si j'en ai fait des longues à moins dix, sans en souffrir, au contraire. Pour l'utilitaire sur courte distance, je préfère encore être à vélo à moins douze. Plus froid, je marche. 
  • Danny De Longchamps, ex-coureur pro, me disait que l'été, il mettait l'accent sur le sel, et l'hiver il insistait sur le sucre. Et j'ai remarqué que le soir, à la fin de ma journée de travail, je suis plus frileux puisque je n'ai pas encore soupé. Avant les longues sorties récréatives, hiver comme été, je mange un solide repas, généreux à tous points de vue (sauf en gras). Ce n'est pas un problème, de toutes façons on ne part pas sur les chapeaux de roue et on ne roule pas à un rythme de coureurs. Chacun trouve ses marques, ce qui fonctionne pour lui. 
À dimanche!

Paul.


C'est un hiver doux à Québec. Cette photo a été prise le 24 décembre 2015 alors que le mercure bien au-dessus de 0 degrés provoquait une brume à certains endroits. Nous sommes en-dessous de 0 degrés la plupart du temps, mais rien d'extrême, surtout quand on compare aux deux derniers hivers. Ça paraît beaucoup sur la facture de chauffage, croyez-moi.



Le cadre est maintenant bleu et noir. La selle aussi, la tige de selle et même le garde-boue arrière. Un porte-bouteille bleu, l'autre noir. On pourrait penser que tout ça a été longuement planifié, ou que ça a coûté cher, mias non, c'est plutôt l'inverse. Et le résultat me plaît bien, je sais pas pour vous.



Publié sur bicycleretailerandindustrynews.com cette semaine, avis aux intéressés:


   St. LAURENT, Quebec - Guru Cycles' assets, including its trademarks and manufacturing equipment, will be auctioned next month. The company told its dealers in December that it was hoping to reorganize after incurring unmanageable debts stemming from a factory move early last year. Owner Ted Matthews told BRAIN this week that attempts to line up an investor were unsuccessful. Guru's remaining staff was let go this week. The company has sold off most of its remaining inventory. Assets that will be auctioned include Guru model name trademarks (but not the Guru name, which is owned by Dorel), and factory and office equipment including a paint booth.


Un classique, revisité par un chanteur parmi les mieux cotés, Kurt Elling. 

vendredi 8 janvier 2016

DE L'ÉNERGIE, DE L'ENTHOUSIASME ET...








Bonne Année 2016 à tous mes lecteurs. Comme Catherine Perrin, je vous souhaite de l'énergie, de l'enthousiasme et... c'était quoi l'autre chose? Je ne m'en rappelle plus, mais ça faisait changement des souhaits habituels.





L'endroit est magnifique en été. La neige étant ce qu'elle est, ce n'est pas moins beau en hiver. Un ami m'a même suggéré d'aller voir si le fait d'y aller avec un vélo approprié serait une bonne idée. Nous nous sommes donc rendus sur place, quelque part au sud-ouest de Sainte-Marie-de-Beauce, pas très loin de la Ville de Québec.

L'idée était d'évaluer le terrain, voir si les routes sont entretenues et, si oui, à quel point. Pas les sentiers, mais pas non plus les routes passantes qui sont utilisées par les automobilistes dans leurs déplacements courants entre villes et villages. Au Québec, on appelle ça des rangs, petites routes plus ou moins larges et peu fréquentées. En Beauce (la Beauce québécoise), il y en a beaucoup de ces petits chemins où on rencontre une voiture aux vingt minutes et il n'y a souvent même pas de maisons. Que des chalets et/ou des érablières.




Le verdict, c'est que ça semble très possible. Mais pas avec les même pneus que j'utilise en été dans cette région, qui n'ont que 28 mm de large. Non, il faudrait plutôt des pneus de vélo tout-terrain, autour de deux pouces. On pourrait aussi prendre un vélo gras (aka fat bike), mais j'aurais peur d'avoir quelque chose d'excessif et un peu lourdaud, car il y a peu de terrain plat par là-bas. Je suis bien prêt à l'essayer, mais je suis sceptique.

Non, je me verrais plutôt avec un vélo de montagne classique, avec des manettes de type thumbshifter,  étant donné l'énormité de mes mitaines, qu'on appelle mouffles en France, si je ne m'abuse. J'ai les mains au chaud même par -10 deg. Celsius, mais pour la motricité fine, non, je n'en ai pas.



Comme vous pouvez le voir sur les photos, le décor est féerique. L'atmosphère est très paisible, les sons sont un peu étouffés par la neige et le sol est texturé par la neige omniprésente. En roulant en vélo sur la neige, je le sais par expérience, on lit le terrain constamment, et la route est une suite de sensations changeantes et sans fin.

Certains chemins ne sont pas entretenus en hiver, les plus petits, ceux où il n'y a pas de résidences. Pas surprenant, de toute façon c'est plutôt un univers pour les motoneiges et les déplacements silencieux tels que la raquette. Mais avec les routes entretenues, il y aurait largement de quoi passer de longs moments à explorer et savourer. Quitte à faire demi-tour à certains endroits où, en été, on pourrait changer de route pour faire une boucle. Pas grave.

Il ne me reste donc qu'à me procurer un vélo approprié, puisque je n'ai rien dans mon écurie qui soit vraiment adéquat. Quitte à le revendre promptement à la fin de l'hiver si je ne compte pas continuer l'expérience l'hiver prochain.

Mais pourquoi, me direz-vous, ne pas faire plutôt du ski ou de la raquette ou tout autre sport typique de l'hiver? Parce que, d'un côté, il est fréquent que la neige se fasse attendre en début d'hiver, du moins en quantité suffisante pour que la marche soit impossible et que le ski soit faisable sans abîmer son équipement. Et d'un autre côté, le fait de rouler bien équipé dans un tel environnement me paraît très attirant. Je pense que les photos sont éloquentes à ce sujet. Surtout qu'il y a vraiment très peu de voitures qui circulent là.



Si vous pouvez comprendre le commentateur, dans la vidéo ci-dessous qui est en anglais, vous pourriez apprendre des choses, ou à tout le moins faire évoluer votre opinion sur certains aspects de votre vélo. Quelques petits commentaires personnels:

  • Lorsqu'il suggère de nettoyer sa chaîne régulièrement, il ne veut pas dire une fois par année. Si vous voulez une chaîne propre, vous n'aurez pas le choix, vous devrez le faire souvent. Sinon, sa suggestion de lubrification semble plus être axée sur un entretien de la souplesse de la chaîne plutôt qu'une lubrification des surfaces de contact de la chaîne avec les pignons et plateaux.
  • Lorsqu'il suggère une pression de 90 ou 100 psi pour vos pneus, il parle évidemment de pneus de dimension 700 x 23, le standard des vélos de route/course modernes. Certains utilisateurs de ce genre de vélos ne jurent que par des pressions élevées, typiquement entre 120 et 140 psi. Ces derniers ayant comme argument qu'ainsi le vélo sera plus rapide. Mais à quel point? Je n'ai jamais vu de chiffres là-dessus, mais je soupçonne qu'il s'agirait de micro-différences insuffisantes pour justifier les inconvénients liés à une telle pratique. Tout au plus, les cyclistes les plus lourds, ou ceux qui sont confrontés à des enjeux passablement plus sérieux que les miens... Je me contente de 115 psi sur un tel vélo, et ça ne m'angoisse pas de savoir que dans deux semaines il y en aura moins.
  • Il y a une décision à prendre quant à la qualité des outils que vous achetez. Si on regarde l'acier utilisé dans la confection d'outils tels que ceux de la marque asiatique Li Fu, on voit bien que l'espérance de vie est moindre que celle de certaines marques dont les outils sont nettement plus dispendieux. Vous devez donc choisir, en vous basant entre autres choses sur la fréquence d'utilisation. Si vous optez pour un outil économique, après un certain temps, vous aurez peut-être intérêt à vous en procurer un neuf à cause de l'usure qu'il aura subi. Par contre, certains outils servent peu dans la vie d'un mécano amateur et peuvent se contenter d'une qualité moindre. Il en va autrement dans le cas d'un atelier professionnel, et à plus forte raison si plusieurs personnes utilisent le même outil. 








Je suis heureux que le vélo soit positif pour l'environnement. Par contre, si je suis honnête avec moi-même, je dois admettre que ce n'est pas la raison première qui me pousse à me déplacer en vélo presque tous les jours.

L'indépendance, le plaisir, l'air frais, le mouvement, l'exercice, voilà mes principales raisons depuis le début. L'économie, la capacité d'entretenir ma machine aussi. Bien sûr, je ne suis pas indifférent à la question de l'environnement, il faudrait être vraiment ignorant pour ça.

L'article suivant, publié dans le journal britannique The Guardian, nous parle des prédictions du scientifique britannique James Lovelock, qui a déjà eu du succès à prédire à long terme l'évolution de la situation.


http://www.theguardian.com/theguardian/2008/mar/01/scienceofclimatechange.climatechange


Est-ce que je suis surpris de ce que j'ai lu dans cet article? Non. Disons qu'il ne fait que confirmer mes impressions, sur lesquelles je ne pouvais pas mettre de chiffres comme il le fait.

Je ne me hasarderai pas à commenter cet article. Mon point de vue de profane n'ajouterait pas grand-chose et vous êtes parfaitement capable de vous faire une opinion sans moi. Je me contenterai de dire que je risque de me rappeler longtemps du contenu de ces quelques paragraphes. Et si le personnage et sa pensée vous intéresse, vous pourrez facilement trouver des choses intéressantes sur youtube.com en tapant une recherche "James Lovelock". Comme par exemple, ceci, qui a probablement été diffusé à la télévision anglophone de Radio-Canada:





C'est maintenant officiel, la compagnie québécoise de vélos Guru a déclaré faillite le 21 décembre 2015. Spécialisée dans les vélos de route de haut-de-gamme, la marque subissait entre autres choses les effets de ce marché particulièrement difficile, où la compétition est féroce. Non seulement entre les marques, mais aussi entre les détaillants, physiques ou virtuels. Même si ce n'est pas là la seule cause de leurs malheurs.

Depuis 2012, la marque était devenu la propriété de la compagnie montréalaise Dorel, qui s'est investie lourdement dans le vélo ces dernières années par l'acquisition de Cannondale, Sugoi et Caloi, entre autres choses. Dorel fait partie des créanciers de Guru en ce moment, et il sera intéressant de voir si Dorel va ressusciter le nom. Si c'est le cas, il y a fort à parier que la culture d'entreprise va changer, car la tradition de fabrication locale était bien implantée chez Guru, ce qui n'est pas le cas de Dorel.


Justin Kauflin: "For Clark"