vendredi 18 mars 2016

IL N'Y A RIEN À EXPLIQUER.




En février dernier, en forêt au nord de Québec.


Pour la durabilité de la selle, un revêtement de cuir est généralement préférable aux finis synthétiques. Ma selle préférée, depuis longtemps retirée du catalogue, remonte aux années '90. Il s'agit de la Vetta SL. J'en avais acheté trois en tout, et il m'en reste encore une.

Il y a probablement des exceptions, puisque les revêtements synthétiques existent dans une variété de matériaux qui ne se valent pas tous. Et pour ce qui est de la selle 100% cuir, sans rembourrage, comme les fameuses selles Brooks, on peut s'attendre à une grande durabilité. Surtout si on en prend soin tel que recommandé par le manufacturier. Pour cela vous pouvez en référer à ce qui suit:
http://www.brooksengland.com/getting-in-touch/faqs/saddle_maintenance/

Pour ceux d'entre nous qui ne souhaitent pas investir lourdement dans une selle, voici deux suggestions:

  1. Selle Royal Lookin Sport. Encore cette semaine, un client m'a dit que c'est la selle qu'il a le plus aimé jusqu'à maintenant. Ça ne me surprend pas, c'est un bon compromis général. Peut-être un peu trop molle pour les cyclistes pesants ou tout simplement ceux qui préfèrent les selles les plus fermes. À 144 mm de largeur, elle offre plus de soutien que les selles les plus étroites, et ce n'est pas une mauvaise chose à mon avis. À 295 grammes, on trouve plus léger, mais bon... c'est quand même pas une patate. Prix de détail suggéré 60$.
  2. Les nouvelles selles Eclypse Elite SL ou Flow Lite sont disponibles (enfin) en quatre versions d'une largeur de 135 ou 145 mm. Plus fermes que la Lookin Sport, ce ne sont quand même pas des selles dures et sans pitié. Pour la durabilité, je ne sais pas, mais regardez-les si votre budget est serré. Détail suggéré: 28$ à 32$.
Évidemment, vous trouverez des selles moins chères que celles-là, d'autant plus que si on faisait un recensement de tous les modèles de selle qui sont produites en ce moment sur la terre, vous seriez peut-être surpris du nombre... J'ai choisi ces modèles parce que ce sont toutes des selles à vocation sportive non-compétitive. Pour les athlètes, on regardera plutôt du côté de Fizik, Selle Italia, Selle San Marco, etc. 




L'Islande? En tout cas, pour la tranquillité sur les routes, ça ressemble à ce que j'aime.




Patrick Brady, l'éditeur de Red Kite Prayer, relate une conversation avec Brian Baylis, fabriquant artisanal de cadres de vélos aux USA. C'est la vieille école du cadre acier fait patiemment un par un.

"Baylis m'a déjà dit qu'il ne construisait pas pour la gloire, pour l'argent ou pour la performance. Même pas pour le client. J'étais estomaqué et après une courte pause il a expliqué: Je fabrique pour la prochaine génération, ou l'autre après. Je construis des héritages."

Donc, attendez-vous à une restauration plus ou moins complète, après une, deux ou trois décennies. Mais les meilleurs cadres acier le valent bien car ils peuvent vraiment être agréables à rouler. Ce ne sont par contre pas mon premier choix pour ceux qui roulent en contexte sportif, à moins d'être le plus fort du groupe. L'écart de poids, au niveau du cadre, peut aller du simple au double et on le sentira forcément quand vient le temps de grimper.

Les cadres modernes en fibre de carbone se situent typiquement entre 900 et 1300 grammes, alors que les cadres en acier dépassent volontiers les 2 kilos. Quoique les jeux de tubes et la technique de fabrication font varier ce chiffre et si vous le voulez vraiment, il existe des choix qui peuvent faire descendre le poids autour de 1500 grammes. Mais je me rappelle avoir parlé avec un sportif qui me disait que son cadre léger en acier Columbus Foco avait vieilli (ramolli) beaucoup trop vite à son goût.



Vous vous rappelez, Drew Ofthe Drew, je vous avais fait écouter une ou deux pièces d'eux? Le groupe avec deux batteurs, la basse qui tue et une p'tite Sainte-Nitouche à la guitare (qui tue)? Les voilà qui rappliquent et il n'y a rien à expliquer. Do We.



vendredi 4 mars 2016

ENTRE VOUS ET MOI...






À la Base de plein air La Découverte, février 2016.

Entre vous et moi, il circule parfois des rumeurs à l'effet que les magazines spécialisés ménagent un peu trop les compagnies de vélos et leurs produits dans leur contenu éditorial. Comme dans: on ne mord pas la main qui nous nourrit... Après tout, la pub', c'est beaucoup eux qui l'achètent.

D'où ma surprise lorsque j'ai vu l'autre jour ces commentaires du magazine (très) spécialisé Bicycle Retailer and Industry News qui émettait de sérieuses réserves sur le comportement des Trois Grands. L'industrie automobile américaine a GM, Ford et Chrysler, l'industrie américaine du vélo a Trek, Specialized et Giant. Même s'il faut spécifier qu'en fait Giant est taiwanais, quoique la compagnie fait de la conception aux USA.

En fait, ces grosses corporations font ce que les grosses corporations ont l'habitude de faire, rien de très surprenant là-dedans. Et une de ces choses consiste à transformer les magasins indépendants en magasins... dépendants. C'est-à-dire, des concessionnaires qui ne vendent qu'une seule marque, justement à l'image de ce qui se passe dans le monde de l'automobile.

Giant a d'ailleurs perdu un procès aux USA, récemment. La compagnie avait vendu une quantité considérable de produits à un détaillant, pour ensuite ouvrir un de ces concept stores tout près. Cette indélicatesse leur a coûté cher. Il y là tous les ingrédients pour donner lieu à une guerre de prix et le résultat n'aurait pas été à l'avantage du détaillant qui a finalement gagné le procès. En Amérique du Nord, les détaillants sont chatouilleux sur ce point, et les fournisseurs le savent parfaitement bien.

Donc, le magazine BRAIN a récemment (1er février 2016) commenté l'évolution de la situation en ce qui concerne la position des Trois Grands. Avec un ton que j'ai rarement vu durant toutes ces années où j'ai lu divers magazines spécialisés. Mais, à bien y regarder, les compagnies de vélo, et surtout les Trois Grands, ne font pas de publicité dans les pages de BRAIN, d'où une plus grande liberté éditoriale.




Je vous suggère quelques lignes tirées de ce numéro, traduites par mon moi-même:

"La plupart des détaillants voient la décision de Trek de vendre directement aux consommateurs par le biais d'Internet - avec les détaillants qui servent de point de cueillette - comme le signe avant-coureur d'une évolution défavorable de leur situation. Le poids grandissant des Trois Grands -Trek, Specialized et Giant - dans le but de contrôler le marché, ainsi que le trop grand nombre de détaillants, est une crainte partagée par les détaillants indépendants et les distributeurs. Même si personne n'ose le dire, leurs stratégies combinées font montre d'un comportement purement oligopolistique. Et tout contre-argument à l'effet que les détaillants indépendants peuvent choisir parmi des douzaines de marques de vélos est fallacieux. Aussi, la pression continue sur les distributeurs annonce des changements majeurs au cours des trois à cinq prochaines années, avec des conséquences imprévisibles pour les détaillants."


Et si le contre-argument dont il est question ici vous échappe, laissez-moi vous l'expliquer.

Du point de vue du consommateur, en réalité, un vélo proposé par les Trois Grands ne sera probablement pas meilleur à tous coups que celui proposé par une marque alternative de second plan, qui aura d'ailleurs souvent moins investi dans les commandites de tout poil. Mais du point de vue du détaillant, qui voudrait vendre des Fuji, des Raleigh ou des KHS s'il peut offrir une marque à grande visibilité comme Trek, Specialized ou Giant? Il en vendrait plus, et ce sera donc plus profitable. Quels compromis le détaillant est-il prêt à faire pour avoir accès à une de ces trois marques à profil haut? Ne plus vendre aucune autre marque, par exemple? Et/ou quoi d'autre encore?

Quant à moi, au cas où vous ne le sauriez pas déjà, j'ai mis tout ce beau monde à la porte. Depuis plusieurs années, j'ai arrêté de vendre toute autre marque que la mienne (Falardeau). Je respire mieux, et je suis bien plus fier de ce que j'offre, en plus de le connaître mieux.

Donc comme dirait George Carlin: "I have no stake in it." (Ce n'est pas un enjeu pour moi.)




De tous les Salons du Vélo que j'ai visités, celui de Taipei (2 au 5 mars 2016) est celui que j'ai le plus aimé, sans l'ombre d'un doute. C'est le plus gros, le plus imprévisible

Plus gros à cause du nombre de manufacturiers qui produisent à proximité.

Plus imprévisible parce qu'on y trouve beaucoup de sous-contractants qui produisent des prototypes pour les offrir aux différentes compagnies de vélos, quitte à faire des concepts qui ne sera pas capables d'intéresser un éventuel acheteur. Parfois les couleurs sont le reflet d'une culture asiatique très différente de la nôtre.

On y trouve de tout, du vélo pour enfant à trois sous jusqu'au modèle carbone/électronique dernier cri. Certains employés dans les stands ne parlent même pas anglais, mais on peut y être très bien reçus, surtout si on peut faire montre d'un peu de respect pour l'étiquette locale. On tend sa carte d'affaire avec les deux mains, et ils préfèrent parler avec le patron plutôt qu'un simple employé. C'est-à-dire, celui qui a l'argent dans les poches et qui a le dernier mot dans la façon dont il est investi.






Les dimanches de Stefan Rusconi sont presqu'aussi intéressants que les miens: "Sunday"