L'INDUSTRIE DU VÉLO EN SUISSE

Le Mont Grand Morne, à Sainte-Clotilde-de-Beauce.


La délocalisation: c'est le nom qu'on donne à ce déplacement des emplois de l'Occident vers l'Asie. À cause des salaires plus bas, mais pas seulement. Sinon, Taiwan ne produirait pas autant: les salaires taiwanais sont très près des salaires des travailleurs canadiens.

Procycle (Vélo Sport, Peugeot, Miele, CCM, Mikado etc.) espérait avoir la solution lorsqu'ils ont commencé à robotiser la production des cadres en acier. C'était sans compter le glissement de la production des cadres vers l'aluminium, même dans l'entrée de gamme. D'autant plus que, pour les tubes fins de haut de gamme, leur technologie n'était pas très appropriée. Les bris de cadres Oryx en acier leur a valu le surnom de "Haut-risque".

Avec leurs salaires élevés, les travailleurs suisses ne sont certainement pas à l'abri de la délocalisation. L'industrie du vélo y est particulièrement représentée par deux compagnies: BMC (cadres et vélos de très haut de gamme) et DT-Swiss (rayons d'abord, mais aussi jantes, moyeux, roues et fourches à suspension).

Récemment, BMC a annoncé le début d'une fabrication robotisée des cadres en fibre de carbone. Ils ont investi lourdement dans un équipement de production et en vantent les mérites sans trop s'attarder sur la question des économies de main-d'oeuvre. Car la production d'un cadre en fibre de carbone demande à peu près 12 fois plus d'heures de travail qu'un cadre en aluminium.

Ils font valoir que la standardisation des manipulations évitera l'erreur humaine et les cadres rejetés pour cause d'imperfection. Tant mieux: dans le monde, il y a très peu d'installations capables de recycler la fibre de carbone.

Je doute qu'on puisse appliquer cette technique de fabrication aux lignes très fluides que l'on voit en général lorsqu'il est question de fibre de carbone moderne. En effet, regardez un cadre BMC: les raccords au bout des tubes sont mis en évidence par les couleurs vives souvent utilisées lors de la finition. Je ne serais pas surpris que certains acheteurs potentiels soient rebutés par cette allure très techno. Par contre, certains autres les aiment peut-être justement pour la même raison...

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Pendant ce temps, DT-Swiss continue sa progression. La compagnie a choisi de s'installer dans une usine plus moderne. Ils misent sur une diversification de leur production: la compagnie ne produit plus seulement ces rayons qui sont devenus la référence en la matière. Ils ont une entente avec Alex Rims (Taiwan) pour la production de leurs jantes moins chères, mais les autres sont faites en Suisse.

J'ai assemblé une roue l'an dernier à partir d'une de leurs jantes haut de gamme, et la qualité était évidente: la roue était très droite, sans y mettre beaucoup de temps. La jante DT-Swiss que j'ai utilisée récemment était moins chère et moins remarquable: peut-être avait-elle été faite par Alex. Qui font de bonnes jantes, ne vous y trompez pas, mais pas exceptionnelles.

65% de la production de DT-Swiss est faite en Suisse, mais la compagnie possède aussi des usines à Taiwan, en Pologne et aux USA. Les compagnies suisses profitent d'une imposition nettement moins lourde que l'Allemagne voisine à cause de la non-participation de la Suisse à la Communauté Européenne. La syndicalisation y est également moins présente et les relations avec la main-d'oeuvre sont meilleures que dans bien des pays européens.

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Et pendant qu'on y est, laissez-moi vous glisser un mot sur les patins de frein Swissstop que vous ne connaissez peut-être pas. Il s'agit là aussi d'un produit de haut de gamme que j'utilise depuis quelques années. Pas beaucoup plus cher que les produits américains Kool Stop, ils sont très satisfaisants. Durables et performants.^

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Musique:
J'aime les batteurs volcaniques. Un solo mémorable: Michael Shrieve avec Santana dans la pièce "Soul Sacrifice". 400,000 personnes devant vous, et c'est votre tour. Ça motive... www.youtube.com

À bientôt.