vendredi 31 mars 2017

DE QUE N'EN PLEURER.





Je ne voudrais sûrement pas troubler votre sérénité en ce beau début de printemps. Ce n'est pas mon habitude, et ça ne la deviendra pas. Mais est-ce que je peux passer sous silence le fait que je suis condamné à mort?

Bon, vous me direz, nous le sommes tous. Mais quand même, ce n'est pas une raison pour se dépêcher. Après tout, il y a encore de la vaisselle à laver, et mon salon est plutôt en désordre.

Mais le juge en a décidé ainsi. Heureusement, ce n'est pas un Juge de la Cour Supérieure, c'est un juge avec un j minuscule. Du genre, je suis condamné, mais avec sursis. Minuscule, je vous dis.



Quel est mon crime? Je fais du vélo et, horreur, je ne demande pas la permission au calendrier. Juin, juillet, passerait encore, mais janvier, février? Inexcusable. Le juge en est offensé au plus haut point. Suffisamment, en tout cas, pour qu'il y ait veuve et orphelins.

Je serai probablement un des premiers à y passer, car cela fera bientôt 40 ans que je commets ce délit, qui n'en est d'ailleurs pas un, puisqu'aucune contravention n'a encore été émise à mon endroit par les gendarmes, les vrais, ceux qui font de leur mieux pour empêcher les gens de s'entre-tuer pour toutes les raisons habituelles.



Au cas où vous ne seriez pas au courant de cette histoire un peu abracadabrante, vous pouvez lire cet article publié jeudi le 30 mars 2017:

http://www.journaldequebec.com/2017/03/28/andre-arthur-suggere-de-frapper-des-cyclistes#cxrecs_s

Remarquez, ce qui me dérange le moins dans tout ça, c'est quand l'honorable me traite d'idiot. Parce que, après tout, venant de lui, ce serait peut-être même un compliment, non?

Lors de ses touchantes excuses, il a dit avoir été interprété par certains qui n'approuvent pas son discours. Pourtant, ses paroles étaient très claires, et n'avaient pas besoin d'être interprétées. "Frappez-le", je ne pense pas que vous ayez besoin d'un dessin? Surtout quand la majorité de son auditoire est composé d'automobilistes, Amérique oblige, et que les cibles sont les cyclistes?

Bon, ok, il n'a pas insisté pour qu'il y ait mort d'homme, ou de femme. Mais, votre honneur, le fait que je devienne paraplégique pourrait-il vous contenter? Une fracture du péroné suffirait-elle à votre bonheur? Profitez-en pour me dépeigner, si ça peut vous faire plaisir, je n'ai pas grand-chose à perdre de ce côté-là par les temps qui courent.

Einstein le disait, la bêtise a de beaux jours devant elle. Comme chantait monsieur Latraverse: "Vieux maux n'en rire, de que n'en pleurer." La citation exacte dans ce qui suit:











Un ami m'a écrit d'Haïti, la semaine dernière. Il y travaille et a passé quelques bonnes années de sa vie là-bas. Voici ce qu'il m'a écrit:


Ton blogue me donne le gout de pédaler dans la campagne québécoise (ou ailleurs!) et aussi de me racheter un vélo d’hiver…  Faudra d’abord que je me remette en forme. Ici c’est impossible de marcher dans la rue à cause des assauts, violence urbaine ou même séquestre. Pas d’aire verte qui mérite ce nom (pas de ramassage d’ordures, donc il y a des déchets de plastiques partout et en abondance), et les quelques (rares, exclusifs et dispendieux) clubs de sport attirent une élite haïtienne prétentieuse qui s’accapare 98% de la valeur du PNB tout en ne représentant que 2% de la population…  Un des coefficients de GINI le plus étriqué de la planète… 

Pour le vélo, on oublie ça aussi car la voiture pour sortir de la ville, sera dépouillée de ses 4 roues et de ses phares aussitôt qu’on la laissera sans surveillance. De plus, on risque de se faire frapper par les voyous en 4X4 qui sont aussi bourrés de fric que de stupidité irresponsable, et qui vomissent leur sans gêne sur leur passage, des sirènes tonitruantes annonçant le droit qu’ils usurpent de s’immiscer à contresens dans les bouchons de circulation (les convois des autorités sont en cela champions et promptement imités par un tas de vauriens dont le vocabulaire n’inclut pas le mot « civisme »)….




Il y a certes les kamikaze en patins à roues alignées qui dévalent la route panaméricaine depuis les hautes fraîcheurs de Keinskoff dans les montagnes. Tels des flèches, ils  zigzaguent entre les voitures immobilisées et évitent au passage les déchets, vendeurs ambulants, mendiants, poules, trous ou cadavres de véhicules abandonnés par des propriétaires sans le sou pour les réparer.  Une fois arrivés tout en bas en bordure de la Baie de Port-au-Prince, ils reprennent leur virevolte d’adrénaline en se faisant remorquer gratuitement par un « taptap » qui remonte péniblement dans les montagnes environnantes…  Les remonte-pentes haïtiens quoi… La neige en moins!

Pour ma part, je dois me consoler avec le WII en faisant du jogging sur place dans mon appartement, ou du vélo imaginaire dans un décor de dessins animés devenu sans intérêt, tel une chanson trop écoutée… 




Voici une façon créative de se frayer un chemin lorsqu'on est dans son droit. La scène a été filmée lors du Jour de l'An, et c'est probablement ce qui explique la densité de la foule.





Les pros ont l'habitude du guidon plus bas que la selle. Tendance 2017: le guidon encore plus bas qu'avant. Le verbe to slam, dans ce cas-ci, signifie mettre la potence à son point le plus bas possible.






Bugge Wesseltoft, tout l'album est bon.

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